Pour
moi ce qu'il est convenu d'appeler un suicide,
c'est la décision prise par une personne
adulte ou un adolescent de mettre fin à sa
vie.
Que cette
décision soit préparée de
longue date ou obéisse à une
impulsion elle reste au centre de la
responsabilité de ce lui qui la
prend.
Et cela me parait
important de l'entendre, pour ceux (parents,
proches ou amis) qui parfois se culpabilisent, en
s'attribuant une responsabilité dans le
suicide d'un être cher.
Car alors tout se
passe comme s'ils tentaient de
déposséder cette personne de sa
propre décision. Alors que peut être
c'est la seule décision importante qu'elle a
prise de sa vie !
Il y a, chacun
d'entre nous en a entendu parler, des tentatives
réussies de suicide, dans le sens où
la personne est toujours vivante. C'est en ce sens
que la tentative est réussie ! Elle a
lancé un appel pour signifier qu'elle ne
voulait pas supprimer sa vie, mais dire qu'elle ne
voulait poursuivre son existence de la façon
dont elle la vivait.
Cela nous invite
à réfléchir sur la confusion
fréquente qui est faite entre la vie et
l'existence.
Quand j'entends
dire que la vie est difficile, je bondis chaque
fois. C'est l'existence qui est parfois difficile,
qui peut être chargée de
difficultés mais la vie est un miracle
permanent. Et c'est cela qu'il faudrait enseigner
aux enfants et peut être aux parents.
Aux enfants, en
les sensibilisant à cette distinction entre
et vie et existence et en les invitant à
remercier chaque matin la vie qui est en eux.
Aux parents, en
les invitant à s'interroger, non pour les
culpabiliser, mais pour agrandir leur regard et
leur écoute. Eux qui font beaucoup pour la
"personne" de leur enfant en répondant
à leurs besoins de survie (alimentation,
vêture, soins divers, sécurité
, amour) à leurs besoins
éducationnels et de socialisation, à
leurs besoins circonstanciels lies à leur
développement physiologique ou psychologique
et qui ne "font rien" pour la VIE qui est
présente en eux et dans leur enfant! Quand
je dis rien, c'est pour souligner un des
malentendus fondamentaux des relations parents
/enfants, qui est la méconnaissance profonde
que nous, les adultes, avons du concept de
VIE.
La
prévention du suicide passe
à mon avis par cette
démarche qui consisterait à
ne pas confondre Vie et
Existence.
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