Le
but de la tentative de suicide consiste alors plus
à vouloir changer de vie, plutôt
qu'à l'interrompre.
La conjugaison de deux sentiments me semble
animer tout adolescent suicidaire. Tout d'abord, un
état de souffrance, lié à une
situation devenue intolérable, et
simultanément, une conviction d'impuissance.
Toutes les tentatives pour changer cet état
de fait s'étant avérées
vaines, l'adolescent perd confiance en sa
capacité de pouvoir être acteur de
modification possible. Ne reste plus alors comme
solution que le grand saut dans l'inconnu. Le
geste suicidaire constitue en quelque sorte une
dernière tentative
désespérée de changer le cours
des choses devenu insupportable.
Aussi surgit-il au terme d'une triple
crise : de confiance, d'espérance et du lien
social dont il nous faut prendre
conscience.
Crise de confiance, tout d'abord. Le
sujet marqué par l'échec, n'a plus
aucune confiance dans sa capacité pour peser
sur le cours des choses. On ne soulignera jamais
assez combien l'échec est
générateur de perte de confiance en
soi.
La meilleure prévention
du suicide passe par la valorisation du
sujet et la mise en lumière de ses
réussites. Il y a fort à
faire, car notre système
éducatif a souvent plus tendance
à pointer l'échec que la
réussite. Crise d'espérance
ensuite.
Il est temps de s'interroger dans notre
pays, quatrième puissance économique
du monde, sur l'attitude des adultes,
relayée par les médias, qui consiste
à toujours mettre en avant ce qui
dysfonctionne. Crise du lien social
enfin.
Il est paradoxal de constater qu'à
l'heure où jamais les moyens de
communication n'ont été aussi
développés, jamais l'isolement n'a
été aussi grand. Ce constat est
peut-être encore plus vrai pour les jeunes
tant la relation inter
générationnelle est devenue
difficile.
Ecouter, dialoguer, valoriser, rendre
acteur, tout ceci nécessite d'être
attentif à l'enfant qui grandit.
L'adolescent, à cet âge
marqué par la fragilité,
mérite l'attention de ceux qui
l'accompagnent. Même s'il
proclame haut et fort son désir d'autonomie,
même s'il donne l'impression de se rebeller
face à des marques de tendresse qu'il juge
puérile, n'oublions pas que, derrière
cette apparence un peu rebelle, il reste
très fragile.
Beaucoup de parents me demandent, lors de
conférences : " Y a-t-il des signes
avant-coureurs, qui peuvent constituer des
indicateurs de conduites suicidaires ?
"
Je refuse toujours de donner une liste, car
je me méfierai de l'attitude de parents qui
deviendraient en quelque sorte des "
détecteurs d'indicateurs ". Un tel
positionnement risquerait, par la suspicion qu'il
génère, de rendre encore plus
difficile la communication.
Souvent, l'adolescent, avant de poser un
geste suicidaire, commence par déserter
les activités qui, auparavant, donnaient
sens à sa vie de jeune.
Par exemple, un garçon qui dit ne
plus être intéressé par le
foot, alors qu'il y consacrait auparavant tous ses
week-ends ; ou bien une fille qui trouve la danse
nulle, alors qu'elle ne manquait auparavant sous
aucun prétexte une séance
d'entraînement.
À ces moments-là, il faut
surtout ne pas être indifférent, mais
questionner afin de connaître la raison d'un
tel
désintéressement.
Être attentif à
l'adolescent, c'est prêter attention à
ses pôles d'intérêt, et se
rendre très présent en période
de fort
désinvestissement.
Mais lorsqu'on est parent, on n'est pas
toujours le mieux placé pour discuter avec
l'adolescent de ce qui va mal, tant celui-ci
s'interdira de parler de ses éventuels
désirs suicidaires à ceux qu'il
chérit tant. Ce serait leur créer
trop d'angoisse, et il ne veut pas faire souffrir
ceux qu'il aime.
Aussi est-il essentiel, en termes de
prévention du suicide, de veiller à
ce que chaque jeune, en particulier à
l'âge de l'adolescence, puisse rencontrer
quelqu'un avec qui il puisse discuter en confiance,
surtout lorsque l'ambiance familiale devient
pesante pour lui.
L'important, c'est de veiller
à ce que jamais le jeune ne soit
isolé, mais qu'il appartienne
à un réseau dans lequel il
puisse, s'il le désire, trouver
à qui parler en
vérité. Voir: Commentaire: <<Je vis en
ce moment les problèmes
énoncés dans cet article avec ma
fille qui est en 3ème, elle a 16 ans et
senfonce complètement à cause
des maths surtout qui langoissent et
quelles refusent depuis toujours. Elle parle
souvent de mort, dune autre monde (son
père est décédé
lorsquelle avait 11 1/2. Alors tout ça
fait un tout je pense... Jessaie de
laider mais là franchement je suis
désarmée. Que va-t-elle devenir et
que fera-t-elle lannée prochaine ???
Grande reflexion que ce sujet du
suicide.>> <<Ce que je
trouve dommage dans tous les écrits parlant
du suicide, c'est que cela ressemble plus à
un catalogue des sentiments et gestes d'un
adolescent. Souvent, on pourrait plus facilement
croire que l'on nous parle du mode de
fonctionnement d'une série robots,
plutôt que d'êtres humains, tous
différents, agissant selon leur conscience.
>> <<bnjour j'ai
lu avec bcp d'interêt votre article parce que
cette année je suis en Masters 1. j'ai
choisi d'écrire mon mémoire sur le
suicide comme conséquence probable d'un
ratage de la sublimation.>> <<Bonjour, Le
Père Jean-Marie PETITCLERC apporte à
la lumière de St François de Sales et
de la pédagogie salésienne un
éclairage quant au suicide des jeunes. Son
message est me semble t-il clair empreint de
fraternité élémentaire.
Toutefois j'ose espérer que dans un
environnement laïciste qui interdirait toute
forme d'expression religieuse son message puisse
t-il être entendu.>> <<
Prévenir le suicide oui bien sûr qui
est contre ? Le problème c'est de trouver
les moyens pour le prévenir. Vu les
conditions de plus en plus folles d'enseignement
c'est de plus en plus hard d'y parvenir à
temps !>>