Tout
dabord renoncer à utiliser
lexpression « enfants
difficiles » ou « enfants en
retard », pour la remplacer par une
expression qui implique directement et
clairement lenseignant : « Je
me sens en difficulté avec tel ou
tel enfant ». Cela veut dire que
cest bien moi, lenseignant,
qui accepte de reconnaître que je
ny arrive pas, que je suis mis en
échec, que je suis
désarmé ou impuissant devant
tel ou tel enfant.
A partir de là, il
mappartient de me positionner
différemment devant un
enfant.
Je peux, en
pratiquant la
visualisation,
montrer avec laide de 4 objets
différents, la difficulté devant
laquelle je me trouve ou que je vis avec lui.
- Avec lobjet
A, (par exemple 3 livres de grosseurs
différentes, attachés ensemble) je
vais représenter tout le savoir ou la
connaissance que j'aurais voulu lui faire
passer.
- Je peux également
visualiser, avec un autre objet B (je tire le
plus petit livre du paquet que jai
montré en premier) : « voici ce qui
est arrivé jusquà toi
».
- Puis avec un autre objet
C (je prends le livre de moyenne grosseur du
même paquet) : « voici ce que
jaurais souhaité que tu retiennes
en plus, mais je ny suis pas arrivé
».
- Avec un quatrième
objet X, (petit rond de bois par exemple), que
je vais porter sur moi (trouver un cordon et
mettre cet objet autour de mon cou) : « Je
te montre donc ma propre difficulté, que
jai à te transmettre cette partie
de mon savoir en mathématiques, en
français, en sciences
qui est
représentée par lobjet C (
livre de moyenne grosseur). « Tu peux voir
de cette façon, que cette
difficulté, est bien moi, car je n'ai pas
réussi à faire passer ce savoir
là, C, en plus que ce que tu as retenu B.
Jai dailleurs besoin de ton aide,
car tout seul je crois que je ny
arriverais pas ».
En terme de
pédagogie, c'est un pas de coté
complet par rapport à la dynamique
relationnelle, qui sétait
installée jusqualors.
Il me paraît
important de montrer à l'enfant, que c'est
bien moi qui suis mal à laise, qui vit
ma difficulté et que lorsque je rentre le
soir chez moi, je ne me sens pas bien de ne pas
avoir réussi ! Alors quhabituellement,
dans la pédagogie traditionnelle, c'est
l'enfant qui nest pas bien, quand il rentre
chez lui !
Il y a, dans cette
démarche dimplication, qui
sappuie sur la visualisation, un effet
miroir qui est très dynamique et très
stimulant pour l'enfant. Je peux aussi ajouter
:
«
Tu nes pas responsable de ma
difficulté, cest à moi
den prendre soin, mais je pense que tu
pourrais maider à réussir
avec toi, pour cette partie de mon savoir C
que je nai pas réussi à
te transmettre ? »
Une pédagogie de
limplication suppose que lon va
simpliquer devant lenfant et que nous
allons linviter à simpliquer,
vis à vis de nous et non vis à vis de
la matière que lon enseigne. Le
message que nous lui envoyons est le suivant :
«
Est ce que tu peux m'aider à
dépasser la difficulté dans
laquelle je suis, pour que je puisse mieux
réussir avec toi ? »
Il ne sagit
pas de culpabiliser lenfant ou dexercer
un chantage ou une quelconque pression sur lui,
mais de se positionner clairement. Car cest
bien de cela quil sagit, quand nous
sommes confrontés à des enfants
difficiles, ou ayant des retards scolaires,
cest
bien à notre impuissance que nous
sommes renvoyés. Impuissance
qui est le plus souvent niée et qui
sera projetée sur lenfant,
par la plupart des adultes qui
lentourent.
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