Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur

PLAN DU SITE

 

Lettre à tous ceux qui aiment l'école

Pour expliquer les réformes en cours

Luc Ferry; Xavier Darcos; Claudie Haigneré

Une analyse du livre:

Puisque nous sommes "tous" invités à débattre de ce livre et des réformes proposées, j'en présente ici une lecture personnelle. Cela laisse de côté, évidemment, bien des aspects.

 

Ce texte me paraît surtout comme une proposition de faire évoluer l'école sur un certain nombre de points névralgiques. Mais j'ai aussi l'impression que le Ministre craint que ces évolutions ne puissent se faire à cause des résistances d'une grande partie du corps enseignant. Pour limiter ces résistances, il chercherait à rassurer (à se rassurer?) ceux parmi les enseignants qui sont plus particulièrement attachés au passé. Pour cela il utilise des arguments que je considère comme contradictoires; il risque ainsi de retrouver tout le monde contre lui alors qu'une réforme de l'enseignement est nécessaire. Cela aboutit, entre autres, à une proposition de réforme des IUFM très ambiguë.

 

Faire évoluer l'école?

Ce qui m'a frappé: le désir de

-Décentraliser pour amener les problèmes au plus près des personnes et responsabiliser les personnels. Bien malin qui sait à quoi cela aboutira!

-Développer le travail en équipe. Ne donne t-il pas l'exemple en présentant un livre à trois auteurs (même s'il s'agit plutôt d'une juxtaposition et non d'un texte signé par les trois, on verra plus loin les nuances entre ces textes!)

-Rapprocher ce qui est séparé: rapprochement des parcours (p.81), des contextes (p.84), des fonctions (p.87), des diplômes par rapport aux autres pays (p.117), des expériences européennes pour les étudiants et enseignants (p. 114)

-Prendre en compte ce qui se passe chez l'enfant jeune et y accorder plus d'importance: "l'échec en matière d'apprentissage de la lecture est sans doute la matrice de tous les échecs ultérieurs" (p.30) ; "nous savons que le "noyau dur" des élèves en grande difficulté se constitue dés le début de l'école primaire" (p.65). Un psychologue ne peut qu'approuver! Mais je ne suis pas sûr que les propositions correspondantes (nombre d'heure de lecture , écriture..) soient à la hauteur du problème!

-Prendre comme "modèle de formation", à tous les niveaux, "l'alternance" pour "repenser l'articulation entre enseignement général et enseignement professionnel" (p.20), (p.77); pour la formation des enseignants "qui doit permettre d'assurer l'indispensable liaison entre la théorie et la pratique" (p.112). Reste que sous ce terme "d'alternance" on peut mettre bien des choses.

-Mettre fin à l'exigence du "toujours plus" d'argent, de pions...(p.35), (p.66). Je pense que ces revendications ne disparaîtront pas aussi facilement!

 

Pour avoir des chances de réussir : rassurer les enseignants

Rassurer les enseignants les plus attachés à la "tradition" et donc les plus rébarbatifs à toute réforme et faire "face à ces nouvelles peurs (scientifiques), rassurer nos concitoyens" (p. 121). Pour cela il reprend les grands thèmes développés par un certain nombre d'associations:

-L'enseignement est fait pour "transmettre des connaissances", c'est sa mission première (p.89)

-C'est l'enseignant qui a le "savoir" -Il doit avoir un haut niveau dans sa discipline,

- Il n'est pas "un animateur" : "Cette situation (la violence) mine la vie scolaire. Surtout elle modifie l'essence même du métier d'enseignant: autrefois centré sur la transmission pacifique des savoirs, il tend aujourd'hui à changer de nature. La psychologie des groupes, la maîtrise des astuces pédagogiques, l'autorité naturelle, parfois même la force physique finissent par passer au premier plan, bien avant la compétence disciplinaire, parmi les qualités requises pour "tenir la classe". Disons le nettement cela n'est pas normal et désespère de plus en plus de nombreux professeurs qui ne veulent pas devenir des animateurs de vie de groupe." (p.34) Là tout est dit!

-Il doit retrouver son autorité, son "aura"( p. 149)

-L'élève doit "recevoir", "apprendre" "respecter" plutôt "qu'inventer ou créer ex nihilo"(p.43)

- Le Ministre ne parle surtout pas de ce qui peut fâcher: sciences de l'éducation, de psychologie, didactique (une fois seulement) on reste dans "les disciplines"; mais il est "sensible, croyez le bien, au "ras-le-bol" des professeurs" (p.89)

- Il ne veut pas "faire de rupture" comme ses prédécesseurs avec des changements de grilles horaires ou aves des "dispositifs inédits"- parcours diversifiés, TPE, ... (donc rien à craindre)! (p.58)

 

Tout ceci qui se veut "très clair" pour rassurer, ne l'est peut être pas autant qu'il y paraît!

C'est peut être pour cela qu'il insiste autant sur ce terme maintes fois répété (autrement dit, c'est qu'il n'a peut-être pas lui- même l'impression d'être si clair que cela...)

"le but de l'éducation était clairement...."(p.44); "il faut le dire clairement..." (p.59); "donnent des directives très claires" (p.68); "j'ai également souhaité qu'un discours clair soit tenu.."(p.69) "de programmes d'enseignement identifiant clairement les connaissances..."(p.80); "des modules de formation clairs et performants.."(p.99); "les informations ...manquent de clarté.."; "leur offrir une information plus claire" (p.104); "la formation des maîtres doit s'inspirer de quelques principes simples, et dégager clairement des priorités" (p.110); "expliquer aussi clairement que possible les raisons de ses interrogations" (p.121); "il ne faut plus hésiter à faire apparaître clairement.." (p.134).

Être "clair et simple"est le but conscient du Ministre philosophe; la "complexité" des situations reconnue par Xavier Darcos, comme on le verra plus bas, est loin! Les enseignant sont-ils, pour le Ministre, incapables de comprendre la "complexité"?

 

Ce désir de réassurance l'amène, me semble t-il, à ce que je ressens comme des contradictions,

voici deux exemples

Il met en garde contre des moulins à vent: mirage du jeunisme; interdiction d'interdire... (Quel professeur est encore,actuellement dans cette optique?). Mais ce faisant il craint de dévoiler son "désir de restauration" à avant 68 : <<Il ne s'agit nullement d'idéaliser le passé ni de s'installer dans la perspective d'une quelconque restauration. On doit cependant...>>(p. 45) Ce "cependant" est éloquent! <<Il ne s'agit pas tant d'entreprendre une restauration impossible que de chercher à savoir...>>(p.51)

Il constate aussi que les années 60 ont amené une "autre conception de l'éducation" dans laquelle on cherche le "plein épanouissement" de la personnalité avec des "dispositifs pédagogiques qui cultivent d'autres qualités que les traditionnelles valeurs du mérite, de l'effort et du travail" (p. 45). A la page suivante il dénonce "les interprétations démagogiques qui sous couleur de privilégier l'attention portée à l'épanouissement de l'enfant...occultent le fait que le système éducatif est aussi là pour lui permettre par l'acquisition de savoirs et de savoir faire, par la formation critique , de devenir autre chose que ce qu'il était au départ""(p.46). L'expression classique "savoirs, savoir faire, savoir être" est réduite plusieurs fois dans le livre à "savoirs, savoir-faire" !

Mais cela ne l'empêche pas, page 69, de demander "d'enrichir les activités proposées et assurer les acquisitions nécessaires au plein épanouissement de l'enfant" et page 133 "l'éducation est d'abord à mes yeux, une chance d'épanouissement individuel"

Y a-t-il plusieurs genres d'épanouissement? tolérés et non tolérés? Et derrière cette interrogation se pose la question des buts de l'école, de ce qui peut être pris en compte ou non dans la classe.

On trouvera également des textes (p. 42-45-67) qui reprochent à certaines pédagogies d'avoir valorisé "l'innovation" au détriment de la tradition

Alors qu'à d'autres pages (71-90-92) il appelle à l'innovation, aux solutions nouvelles. Et là, Claudie Haigneré apporte une nuance en proclamant haut et fort "que serait l'effort sans la nécessaire créativité qui doit l'accompagner? Cette dimension de créativité doit être revalorisée auprès des enfants et de leurs parents" (p. 169). Thème qu'on retrouve chez elle continuellement (P. 163-164-168).

 
Plus profondément la contradiction apparaît dans la conception de l'enseignant.

Il est avant tout celui qui a le savoir et qui "transmet des connaissances" d'où sa formation exposée page 110 : "Un enseignant doit d'abord bien maîtriser un domaine de connaissances. Cela suppose une formation théorique solide, qu'il reçoit pour l'essentiel à l'université. Il doit ensuite se familiariser progressivement avec la façon dont ces connaissances théoriques peuvent être enseignées aux élèves, dans le cadre de programmes d'enseignement: quels sont les points essentiels? dans quel ordre et selon quelle progression les enseigner? comment les articuler entre eux? Il doit enfin s'initier à la pratique de son futur métier: découvrir le cadre de l'école ou de l'établissement, apprendre à organiser et à évaluer le travail de l'élève, etc.."

Tout ceci paraît de "bon sens" mais c'est en réalité le programme des anciens C.P.R. basé, du reste, sur une didactique des années 60 "la didactique des curriculums" (voir: Histoire de la didactique des mathématiques)

 

De même, "lorsqu'on demande aux enfants d'une classe de sixième de donner, par un dessin ou un simple schéma, une représentation globale de l'intérieur de leur corps....les résultats sont le plus souvent fort amusants. On en rit parfois de bon coeur...mais il faut le dire nettement: sur le plan scientifique, qui en l'occurrence intéresse d'abord l'école, elles ne se situent pas au même niveau et ne possèdent pas la même valeur que les explications données par le professeur." (p. 49-50).

On voit là la différence de point de vue "didactique", pour lui, l'important ce sont "les explications du professeur", le reste on en "rit de bon coeur". Or pour un enseignant qui a des "savoirs didactiques et psychologiques" il est nécessaire de partir des "représentations" de l'enfant pour "construire" des connaissances nouvelles.

D'une façon générale, Le Ministre situe le rôle de l'enseignant dans le "cognitif", d'où son embarras quand les problèmes de tous les jours, tels la violence, se situent dans l'interaction "cognitivo-émotionnelle" Ainsi "Que faire par exemple face à un élève qui ne demande rien d'autre que d'être exclu d'un cours?" (p.90) .

Par la non-prise en compte des "savoirs nouveaux" de la didactique, des sciences de l'éducation ou de la psychologie, il fait fi de la complexité de cette "transmission des savoirs". Ce qui n'incite pas à la mise en place d'une véritable formation "professionnelle". Il ne favorise pas "l'autonomie des stratégies" vers des "objectifs définis" "controlés a postériori", et il lui est alors nécessaire de définir "des comportements" (faire 2 heures de lecture et d'écriture par jour, suivre un programme précis). Par ce fait même, il rabaisse, me semble t -il, la fonction d'enseignant à celle d'un "cadre moyen d'exécution", en contradiction avec l'augmentation continuelle du niveau de recrutement (Bac+4). La décentralisation, l'autonomie, la responsabilisation risquent-elles de s'arrêter au niveau des chefs d'établissement?

Le Ministre est pourtant par ailleurs obligé, dans la réalité de tous les jours, de demander aux enseignants bien autre chose que du cognitif: "Nous devons cependant avoir à l'esprit que la seule réponse aux actes de violence et d'incivilité qui relève de la compétence propre à l'école est la réponse éducative" (P. 92) L'enseignant serait donc un éducateur?

On leur demande également de mieux accueillir les parents, d'écouter leurs élèves, de faire du soutien, de leur montrer "les joies que peut procurer la connaissance scientifique" (p.122) Autrement dit de travailler sur les "représentations"!.

Il n'est pas étonnant alors que la réforme proposée des I.U.F.M. soit ambiguë : elle peut aboutir au pire ou à un progrès selon les acteurs qui s'en saisiront.

 

Ambiguïté de la réforme des IUFM

Il y a un cadre qui n'est pas inintéressant dans le changement de structure proposé. On a cherché à résoudre le problème, jamais réglé depuis le rapport Bancel, de la place du concours en fin de première année et qui ne proposait qu'un an de formation professionnelle (les finances ne voulant évidemment pas payer les stagiaires de 1 ère année!). Dans la nouvelle proposition, on glisse la 1 ère année à la fac (recrutement en définitive à Bac +4 au lieu de 3) et on introduit une formation "professionnelle" sur 3 ans incluant les deux premières années d'exercice. En théorie c'est très astucieux, mais le diable étant dans les détails, on se demande comment se fera cette formation "professionnelle" sur 3 ans? On risque de retrouver là, le même problème qu'actuellement : les étudiants de première année d'IUFM ne se forment pas car ils préparent le concours disciplinaire qui est le plus urgent pour eux.

Dans le nouveau projet, les profs ne se formeront pas plus, ils prépareront leurs cours, c'est ce qui sera le plus "urgent" aussi pour eux. La préparation d'un cours est-elle une formation suffisante ? Pour moi se former n'est pas chercher à "maîtriser" un cours pour le "transmettre" mais se préparer à savoir "faire face" à des "situations incertaines" et imprévues pour permettre aux élève de "construire leurs connaissances" dans "un cadre" donné.

Cette structure pourrait être intéressante si les 2 premières années d'exercice étaient très légères (6 h par semaine par exemple)...on peut rêver!

Cette réforme provoquera,sans doute, des situations très diverses: avec une équipe d'enseignants formés et un chef d'établissement "ouvert" il pourra naître de véritables "pôles de formation"; autrement on aura à faire avec des structures très formelles de type CPR. Reste alors la question de la formation des formateurs? Une ouverture, peut être, par la proposition de "validation des acquis de l'expérience" (p. 87)?

 

Le texte de Xavier Darcos

Bien sûr, on retrouve des points communs, un désir de réassurer également : "C'est d'abord ce doute qu'il faut lever" (p.138), en s'attachant "à quelques principes simples" , en demandant pour l'école de "la stabilité"(p.139), "de la sérénité" (140).

Mais Xavier Darcos marque sa différence en utilisant deux fois au moins le terme de "complexité" (P. 138-156), et en se voulant pragmatique:

"Tout se gagne sur le terrain, au coeur des classes et des établissements. C'est à partir de la réalité des situations concrètes, avec souplesse et pragmatisme, que l'école doit se penser.." (p.139), il veut que les valeurs républicaines ne soient pas "de simples mots vides de sens dans l'école", que l'élève "se forge ses convictions propres"(p.139), qu'il soit capable de "s'adapter à des situations nouvelles" (p. 146).

L'école est pour lui "d'abord le lieu de la transmission d'une culture et de l'apprentissage progressif de la responsabilité" (142) car "l'école ne peut se contenter de transmettre des savoirs, elle doit aussi enseigner les règles et les valeurs de la vie dans notre société" (p. 143).

 

Le plus important?

Je trouve en définitive que Xavier Darcos pose bien le problème

"Il s'agit peut être aujourd'hui de reprendre un instant notre souffle, pour revenir à l'essentiel: qu'attendent les Français de leur école? Quel sens donner aujourd'hui à cette institution? Doit-elle se concentrer exclusivement sur sa mission première, l'enseignement, ou bien être aussi un lieu d'éducation à la citoyenneté, voire d'ouverture aux problèmes de la société? Doit-elle être un sanctuaire ou non?" (p. 154)

Évidemment suivant les cas ce n'est pas le même profil d'enseignant qu'il faut!

Et il ajoute (ce qui laisse rêveur sur les réformes!) "il ne s'agit même peut-être pas de changer l'école: il s'agit de changer la vision que notre société a de l'école, et partant de changer un peu la société" (p. 155)

Autrement dit les réformes de "structure" ne sont peut être pas les plus importantes, c'est l'évolution des "représentations" de l'école et des fonctions des enseignants chez tous (y compris chez les enseignants) qui amènera une évolution et une meilleure adaptation de l'école aux problèmes d'aujourd'hui.

Je pense d'autre part, qu'il est éclairant, après la lecture de cette"lettre", de lire ou de relire le petit livre d'Edgar Morin: "Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur". La comparaison est intéressante même s'il faut tenir compte du fait que ces personnes ne parlent pas de la même place.

<<Déclaration du Bureau national de l'association Enseignement Public et Informatique (EPI) à propos de la « lettre aux enseignants »

Le Bureau national de l'EPI, réuni à Paris le 9 mai 2003, déplore que le Ministre de la Jeunesse, de l'Education nationale et de la Recherche, dans sa lettre adressée à l'ensemble des enseignants, ne retienne pas les technologies de l'information et de la communication parmi les dossiers « de grande envergure ». ...

L'association EPI réaffirme avec force la valeur culturelle de l' informatique et des technologies de l'information et de la communication. Le système éducatif se doit impérativement d'assurer l'égalité des chances dans ce domaine crucial pour l'avenir. ...Texte intégral (1 page) sur: http://www.epi.asso.fr >>

Réactions

<<Bonjour, Formateur de statut universitaire en IUFM, je suis pour l'essentiel en accord avec votre diagnostic, en particulier avec la conclusion qui fixe très bien les enjeux du projet actuel de "contre-réforme", visant de façon explicite à revenir sur le projet d'origine des IUFM (tout en gardant le sigle) : le conflit entre les deux visions de la formation des maîtres est bien le reflet de deux idées antithétiques du métier d'enseignant. Je voudrais nuancer et compléter la partie critique qui développe les déceptions provoquées par une institution qui avait été créée pour contribuer au passage, dans le système éducatif, d'une idée très académique de la transmission des connaissances à une vision plus élaborée de la réalité des apprentissages des élèves. Cette critique n'est pas inexacte mais il faudrait la compléter par quelques constats :

- Il est abusif de penser généraliser "aux" IUFM des analyses faites à partir de l'observation de tel ou tel exemple : les constats de déficiences d'un professeur, d'un collège, d'une université ou d'une de ces composantes, sont légions : on n'en tire pas la conclusion qu'il faut tout chambouler dans ces établissements mais qu'il y a des défaillances locales. La situation dans chaque IUFM est extrêmement diverse, la qualité de la formation et ses orientations aussi. Et à l'intérieur même de chaque IUFM, les différences sont énormes d'un type de formation à l'autre, d'une discipline à l'autre. Pour accomplir le projet qui avait été à leur origine, les IUFM ont certes besoin d'une critique sans concession de la part de leurs usagers, mais en même temps d'une assurance de stabilité.

- Une bonne partie des critiques et des objections s'adressent souvent, plus qu'à l'IUFM, aux institutions préexistantes (écoles normales, centres pédagogiques régionaux) qui souvent sont restés inctacts à l'intérieur même de la nouvelle structure (en raison même de la prégnance du débat sur l'orientation générale de l'éducation très bien analysée dans le "site") : c'est donc surtout à la persistance de la tradition, à la difficulté rencontrée pour effectivement mettre en oeuvre le projet IUFM que s'adressent ces critiques, plus qu'à la logique fondatrice des IUFM. C'est la confusion volontaire entre ces deux niveaux de critiques qui permet à ceux qui veulent revenir en arrière de tirer parti des insatisfactions actuelles, que ne pourraient que renforcer le repli vers les institutions qui existaient auparavant.

- Créer un vivier de formateurs de qualité, capable de lier théorie et pratique en mêlant expérience de terrain et formation universitaire est un travail très lent, de longue haleine, au fur et à mesure des départs à la retraite, de recrutements difficiles et toujours aléatoires : on ne peut faire évoluer la formation qu'au fur et à mesure de ces renouvellements et cela pend le temps d'une génération.

- Il est un peu illusoire de penser qu'il est possible de créer un décalage trop important entre la formation et les représentations dominantes dans le milieu professionnel. Certes, la formation peut (doit) essayer d'anticiper les évolutions du métier et promouvoir les tendances innovatrices ; mais si elle crée un décalage trop important avec la réalité des pratiques, elle n'est plus audible, elle n'est plus reçue. Il faut certes militer pour aider à l'évolution du métier, mais on ne peut y parvenir que si l'on parle le même langage que les collègues que vont rencontrer les professeurs débutants, si on ne heurte pas de façon trop frontale la vision, très disciplinaire, souvent académique, qu'ils se font de la transmission des savoirs. Les filières de formation qui se sont risquées à trop centrer leurs cursus sur les aspects transversaux de l'acte éducatif ont souvent échoué faute d'une bonne relation avec le milieu professionnel. >>François Grèzes-Rueff Maître de conférences en histoire IUFM de Midi-Pyrénées

Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur