Construction des
connaissances Processus de
penser :
Un exemple de travail
en stage Voici un
exemple correspondant à l'exercice
D'après
les consignes de cet exercice, aucun des deux ne
peut parler et de plus, Bernadette a les yeux
bandés. -Jean
conduit Bernadette au tableau, lui donne
un feutre, Bernadette hésite puis
dessine un soleil; - Jean
prend la main de Bernadette et attire son
index vers lui-même; Bernadette
dessine un bonhomme ; - Jean
prend de nouveau la main de Bernadette et
fait suivre par son index le pourtour du
badge où est écrit son nom
et qu'il a sur sa poitrine, Bernadette
dessine un rectangle ; - Jean
reprend sa main et, en la guidant,
écrit avec elle un « j »
, puis s'arrête ; Bernadette
hésite, rajoute un « e »,
puis s'arrête ; - Jean
remet sa main sur le tableau, Bernadette
alors brusquement rajoute « an
».
Avec de
nombreuses questions grâce auxquelles
Bernadette retrouve le cheminement de sa
pensée, elle nous
explique: 1)
qu'arrivée au tableau et le feutre
en main, elle avait pensé que Jean
lui demandait de dessiner, et que ce qui
lui était venu à l'esprit
à ce moment-là,
c'était un soleil - « il
faisait tellement beau ce matin »-
( association d'idées)
. 2)
mais quand Jean avait mis son index sur
lui-même, elle s'était dit :
« il veut que je le dessine
» ; c'est pourquoi elle avait fait un
bonhomme ; 3)
puis, quand il lui avait fait suivre
le pourtour du badge, elle avait
été
désorientée mais
s'était raccrochée au dessin
d'un rectangle,
C'est-à-dire
qu'elle changeait bien à chaque
fois de dessin, suivant les indices
donnés par Jean, mais elle ne
quittait pas l'hypothèse qu'il
s'agissait de dessiner.
C'est
quand Jean lui fait faire un « j
» que cette hypothèse est
"déstabilisée et
déconstruite" et cela lui permet de
passer dans un autre registre (prendre une
autre hypothèse) 1)
Elle repense alors à l'index
pointé vers lui et pense qu'il
voulait dire « je » ; cela
l'amène à écrire le
« e » 2)
Et ce n'est que sur l'insistance
à continuer qu'elle repense au
badge (c'est à dire qu'elle
synthètise les indices) et au nom
de Jean qu'elle écrit alors avec un
sentiment de brusque
compréhension. Au
début, quand j'ai demandé
à Bernadette quel était le
projet de Jean, elle a répondu
« c'était facile, il fallait
écrire son nom » ; et quand je
lui ai demandé comment cela
s'était passé pour elle,
elle s'est contentée de dire :
« J'ai hésité un peu,
mais ensuite j'ai tout de suite
pensé à son nom.
»
Ce n'est qu'avec de nombreuses
questions lui permettant de retrouver
toutes les étapes de son "processus
de penser" qu'on a pu comprendre comment
elle avait procédé par une
succession d'hypothèses
confirmées ou infirmées par
les indices qu'elle recevait au fur et
à mesure de Jean.
Comprendre
ce processus de penser "d'effacement" est
important pour un enseignant, pour qui
tout est « évident »
puisqu'il n'a plus de chemin à
parcourir alors que l'élève
n'en est qu'au tout
début.
Si on
désire que les enseignants intègrent
les éléments de ce nouveau
modèle d'apprentissage, avec ses processus
de penser cela
exige d'eux de nouvelles capacités :
- la
capacité de construire des «
situations-problèmes »
pour mettre en cause les connaissances
antérieures ou les
représentations anciennes
(déconstruction) ; -
l'aptitude à l'écoute
car, dans la mesure où la
construction se fait grâce à
un échange d'indices, et dans la
mesure où la déconstruction
peut s'accompagner de
déstabilisation, voire
d'agressivité verbales par
réaction, l'écoute devient
aussi importante que
l'énoncé précis d'une
information ; - la
capacité de prendre en compte deux
logiques, celle qu'on peut qualifier,
improprement peut-être, de
"mathématique" et qui est à
la base de toute déduction, et
celle des "associations
d'idées",
à la base de toute
créativité. <<La
description de la séance de
formation au projet pédagogique
et l'exemple concret de l'exercice sont
très intéressants et
attirants.>> Laure
<<vraiment
c'est une bonne méthode pour
s'entrainer à créer des
situation-problèmes>>