Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur

PLAN DU SITE

 

Présentation du livre:

" Formation, travail et professionnalisation "

par Richard Wittorski

             Cet ouvrage collectif explore les enjeux et les modalités de mise en œuvre de la professionnalisation, notamment à propos des métiers de l'enseignement. Cette étude concerne entre autres les outils de professionnalisation proposés dans la formation des enseignants en IUFM : l'exemple de l'analyse des pratiques professionnelles pour les professeurs des lycées et collèges et des bulletins de visite de stage pour les professeurs des écoles.

             Ainsi, s'agissant de l'analyse des pratiques professionnelles en formation d'enseignants, les résultats de l'observation sur une année des groupes d'analyse de pratiques proposés à l'IUFM de Bretagne conduisent notamment à constater que l'analyse des pratiques permet aux enseignants stagiaires de construire des " principes organisateurs de pratiques ". Dans l'activité professionnelle, les enseignants stagiaires développent des façons d'agir " sur le tas ", dans l'immédiateté, dans l'instant de la situation (qui ont souvent un statut d'imprévu). Bien souvent d'ailleurs, ces pratiques sont des formes d'ajustement particulier des choix effectués en amont qui s'avèrent, dans l'instant de leur mise en œuvre, inadéquats et nécessiter une adaptation (le public n'étant pas, par exemple, dans les dispositions souhaitées ou prévues,…). Ces " trucs de métier " ont pour particularité d'être produits dans la situation et donc d'être efficaces dans l'instant mais rarement reproductibles à l'identique dans d'autres situations, car ils sont adaptés à des contextes particuliers. Ce que permet précisément l'analyse des pratiques, c'est d'offrir un espace de mise en mots de ces pratiques spontanées qui, sans ce lieu de parole, resteraient souvent incorporées à l'action, c'est-à-dire non identifiées par leurs auteurs. L'analyse des pratiques permet ainsi de les identifier mais aussi, par le travail d'échange collectif, d'en saisir les tendances communes, les principes qui les organisent, ces derniers étant utiles pour développer d'autres pratiques de retour en situation professionnelle. C'est ce que nous entendons par " principe organisateur des pratiques ", il s'agit de " règles d'action " régissant les pratiques professionnelles et susceptibles d'en générer d'autres (par exemple, " il faut se mettre en scène " : ce principe est exprimé par certains stagiaires après avoir analysé des moments d'interaction avec la classe qui avaient posé problème).

 

             Par ailleurs, dans cet ouvrage, une réflexion est conduite, sur le bien-fondé (ou non) de l'utilisation du vocable " professionnalisation " à l'égard des métiers de l'enseignement. En effet, lorsque l'on parle de professionnalisation, l'évaluation de l'efficacité du travail n'est plus très loin. Or, la conception de l'efficacité du travail et les méthodes pour l'évaluer ne sont probablement pas les mêmes selon que l'on s'intéresse à un métier de l'humain (cas de l'enseignement) ou à un métier de l'industrie (par exemple). L'efficacité de l'action est une expression qui peut devenir rapidement suspecte lorsqu'on aborde l'enseignement, sans doute parce qu'elle évoque l'idée de rendement, de productivité, et, au-delà, le risque de hiérarchiser les institutions, les individus et les pratiques en fonction de leur efficacité supposée.

 

             Enfin, la question est posée dans cet ouvrage de savoir si la professionnalisation constitue une thématique renouvelant les pratiques de formation et de travail ou si elle réside davantage dans un effet de mode. De ce point de vue, quels enjeux est-elle susceptible de servir et pour quels acteurs ? Au travers des exemples développés dans l'ouvrage, il semble bien que la professionnalisation relève avant tout d'une intention sociale et que, de ce fait, elle fasse l'objet d'une charge idéologique forte. Cette thématique " chargée " renvoie, au final, à des enjeux qui se différencient en fonction des groupes d'acteurs qui la promeuvent.

             Ainsi, lorsque c'est une institution ou une organisation qui développe un discours sur la professionnalisation de ses acteurs (par exemple l'Education Nationale, au travers des IUFM), on constate que l'enjeu dominant réside souvent dans une volonté institutionnelle de " mise en mouvement " des acteurs qui la composent, c'est à dire un enjeu d'évolution continue des individus et des activités aux transformations jugées nécessaires du travail. Il y a ici un paradoxe qui n'est alors qu'apparent en dernière analyse : invoquer la professionnalisation n'a pas pour intention première d'œuvrer à la redéfinition des contours d'une profession de manière à stabiliser celle-ci dans un nouveau format mais a plutôt pour intention de mettre en mouvement continu les acteurs, de les mettre en situation d'incorporer les enjeux de changement édictés par l'institution. Cette logique ne relève-t-elle pas, au fond, d'une nouvelle forme d'exigence au travail?

             On comprend alors pourquoi le thème de la professionnalisation entre de plain pied dans un débat social duquel il ne peut être absent.

Voir le livre

Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur