Le
Haut Conseil de l'Education, conformément
à la loi du 23 avril 2005, est chargé
de donner un avis sur le projet de décret
relatif au socle commun de connaissances et de
compétences.
A la suite de
la lettre du Ministre de l'Education nationale, de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche
du 18 novembre dernier, le Haut Conseil a
examiné les propositions de la commission
animée par le Directeur de l'enseignement
scolaire, ainsi que d'autres documents, en
particulier le projet de " cadre de
référence européen " de "
compétences-clés pour
l'éducation et l'apprentissage tout au long
de la vie "
,
datant lui aussi de novembre 2005. Il a
également procédé à de
nombreuses auditions.
Au terme de ces
travaux préliminaires, le Haut Conseil
soumet au Ministre des recommandations pour la
rédaction du projet de décret relatif
au socle, sur lequel le Haut Conseil aura à
émettre un avis quand il en sera
saisi.
Trois
constats
Même
si l'Ecole obtient des résultats
satisfaisants, voire excellents, pour plus de la
moitié des élèves, notre pays,
selon les évaluations internationales des
systèmes éducatifs, se situe
seulement dans une position moyenne. De nombreux
jeunes sont exclus des savoirs de base : 150 000
sortent chaque année du système
éducatif sans aucune qualification, soit
environ 20 % d'une classe d'âge ; 15 % des
élèves en fin de 3e n'ont aucune
maîtrise des compétences
générales attendues à la fin
du collège, auxquels s'ajoutent près
de 30 % qui ont des difficultés importantes.
Cette situation a des conséquences graves
sur le niveau général de formation de
la Nation, déterminant pour l'avenir de
notre pays, comme sur les conditions d'accès
et de réussite dans l'enseignement
supérieur.
En
outre, les enfants de milieux
défavorisés connaissent plus
l'échec que les autres, et l'Ecole n'assure
pas non plus la promotion des meilleurs d'entre eux
: l'égalité des chances n'est pas
réalisée.
Enfin, si
l'Ecole, lieu par excellence de la transmission de
la connaissance et de la culture, doit donner
l'envie de savoir ainsi que le plaisir d'apprendre
ensemble, elle doit aussi préparer les
élèves à se comporter en
personnes responsables. La violence à
l'école et au collège, qui commence
par les incivilités, est inacceptable,
qu'elle s'exerce contre d'autres
élèves ou contre des adultes,
notamment des professeurs. La maîtrise
précoce de règles de comportement
à l'Ecole, qui est plus encore que par le
passé un lieu essentiel de l'apprentissage
de la vie en société, est donc
fondamentale, autant pour l'acquisition des savoirs
que pour l'insertion dans la vie active et
l'exercice de la citoyenneté.
Définition du
socle
* Ce dont nul ne
doit être privé en fin de
scolarité obligatoire
Le
socle correspond à ce que nul n'est
censé ignorer en fin de scolarité
obligatoire sous peine de se trouver
marginalisé ou handicapé. Grâce
au socle, chacun pourra continuer à se
former tout au long de la vie et s'adapter aux
évolutions de la société. La
mission première de l'Ecole est de garantir
à tous les élèves la
maîtrise effective de ce socle, qui constitue
un engagement de la Nation envers la
jeunesse.
Ce socle commun
doit assurer une formation de qualité, et
non proposer un enseignement au rabais, sans qu'on
perde de vue qu'il concerne des jeunes de 16 ans au
plus. Il a pour ambition de tirer vers le haut ceux
qui éprouvent des difficultés, comme
de combler les lacunes que l'on peut constater
même parmi ceux qui réussissent.
L'Ecole doit tenir compte de toutes les formes
d'intelligence, y compris l'habileté
manuelle et les autres possibilités du corps
; c'est d'autant plus nécessaire que
certains élèves peuvent ainsi se
révéler, et
réussir.
Le socle n'est
pas le tout de l'enseignement, qui ne saurait se
résumer à en garantir à tous
la maîtrise. L'Ecole doit offrir les moyens
à chaque élève de
développer toutes ses
facultés.
* Penser le socle en
termes de compétences
Pour
le Haut Conseil, il faut mettre l'accent sur la
capacité des élèves à
mobiliser leurs acquis dans des tâches et des
situations complexes, à l'Ecole et dans la
vie : le socle doit donc être pensé en
termes de compétences. La notion de
compétences figure déjà dans
nos instructions officielles, en particulier pour
l'enseignement des langues vivantes
étrangères et le Brevet informatique
et internet. Cette approche, qui se
généralise parmi les pays
développés, a été
adoptée dans le projet de " cadre de
référence européen " des huit
" compétences-clés pour
l'éducation et l'apprentissage tout au long
de la vie ", qui doit être prochainement
soumis au Parlement européen et au Conseil
de l'Union européenne.
Chaque
compétence est définie dans ce cadre
comme une " combinaison de connaissances,
d'aptitudes et d'attitudes " ; on
préfèrera le terme de "
capacité " à celui d'" aptitude ", ne
serait-ce que parce qu'" aptitude " désigne
d'abord une disposition naturelle. A titre
d'exemple, la compétence en langue
étrangère comprend des connaissances
(vocabulaire, grammaire, prononciation et
orthographe), la capacité à utiliser
correctement ces connaissances dans des situations
concrètes (suivre une conversation,
écrire une lettre ), et une attitude
générale faite notamment d'ouverture
aux autres.
Dans cet esprit
et sans exclusive, les évaluations du
Programme international de suivi des acquis (PISA)
sont des références utiles, car elles
fournissent une échelle complète des
niveaux d'exigence et s'appuient souvent sur des
situations de la vie réelle.
* Pas de socle sans
évaluation ni rattrapage
L'exigence
dans le contenu est indissociable d'une exigence
dans l'évaluation : l'Ecole a une obligation
de résultats, effectifs et
vérifiables.
Des paliers
seront définis dans la maîtrise du
socle. Le texte précisera le niveau attendu
à chaque palier pour chaque
élément de compétence retenu,
notamment à la fin de l'école
primaire et, bien entendu, à la fin de la
scolarité obligatoire. Il ne faut pas
attendre la fin de l'école primaire pour
l'acquisition des bases des fondamentaux (lecture,
écriture, calcul).
Entre deux
paliers, on respectera les différences dans
le rythme d'apprentissage des élèves.
La progression des élèves qui auront
maîtrisé plus tôt les
éléments correspondants du socle ne
doit pas être ralentie ; les apprentissages
seront individualisés, comme cela se fait
depuis toujours, avec des résultats
satisfaisants, dans les classes à niveaux
multiples à l'école primaire. C'est
plusieurs fois par an qu'auront lieu une
appréciation des acquis et un
repérage des difficultés, permettant
d'organiser un soutien efficace, fondé sur
les besoins, sans filière de
relégation. L'évolution de chaque
élève, compétence par
compétence, pourrait apparaître dans
un document qui le suivrait tout au long de sa
scolarité. L'élève disposera
ainsi de repères incontestables qui
contribueront à développer une juste
confiance en soi.
Une
compétence est maîtrisée ou ne
l'est pas ; elle l'est quand l'élève
réussit de façon
répétée un certain nombre
d'évaluations. Il ne peut y avoir de
compensation entre des compétences qui
doivent être acquises par tous et dont la
maîtrise sera évaluée par des
outils nationaux. A chaque palier, tous les
élèves doivent posséder les
éléments correspondants du socle ;
les élèves qui n'y seraient pas
parvenus bénéficieront de soutiens
appropriés l'année
suivante.
Le
Diplôme National du Brevet sera
rénové pour permettre notamment
l'évaluation du socle, dont certains
éléments nécessiteront une
évaluation continue. Puisque la Nation
s'oblige à donner à tous la
maîtrise du socle, des dispositifs de
formation seront prévus pour ceux qui,
malgré tout, ne le maîtriseraient pas
lors du Brevet ou qui quitteraient le
système éducatif à 16 ans
avant la fin de la classe de 3e.
* Pour que le socle ne
reste pas lettre morte
La
maîtrise effective du socle par tous les
élèves imposera à l'Ecole un
certain nombre d'obligations, notamment une
évaluation des méthodes
d'apprentissage, une réflexion sur les
volumes horaires consacrés aux fondamentaux,
un accompagnement à l'intérieur de
l'Ecole (études surveillées, tutorat,
accès aux livres, à internet,
à la culture, ). Il faudra aussi offrir
aux professeurs une formation initiale et continue
adaptée à l'enseignement efficace du
socle et faire connaître les pratiques
pédagogiques qui
réussissent.
Contenu du
socle
* Quelles
compétences ? Le cadre de
référence
européen
La
France a décidé de prendre part
à l'harmonisation des systèmes
éducatifs européens. La Loi
d'orientation et de programme pour l'avenir de
l'Ecole d'avril 2005 est pleinement compatible avec
le projet de cadre européen. Le Haut Conseil
préconise en conséquence de
s'inscrire dans ce projet de cadre, tout en
l'adaptant aux particularités
françaises, telles que l'ambition de culture
humaniste.
*
Compétences et
disciplines
L'acquisition
d'une compétence requiert la contribution de
plusieurs disciplines, et, réciproquement,
une discipline contribue à l'acquisition de
plusieurs compétences. Toutes les
disciplines enseignées à
l'école et au collège, y compris les
enseignements artistiques et l'éducation
physique et sportive, ont un rôle à
jouer dans l'acquisition du socle : c'est ensemble
qu'elles permettent l'épanouissement et le
développement équilibré de
l'élève. Chaque discipline devant
contribuer à la maîtrise du plus grand
nombre de compétences possible, le texte
précisera l'apport de chacune
d'elles.
* Structure du
socle
Le
texte du socle doit pouvoir être compris par
tout le monde.
Il devra
comporter d'abord une description claire et
précise des compétences attendues,
suivant le schéma du cadre européen
adopté pour chacune d'elles :
présentation de l'objectif, puis
énumération des connaissances,
capacités et attitudes correspondantes - ce
qui permet de distinguer connaissances techniques
et apports à la formation
générale de l'esprit. L'utilisation
de la terminologie doit être rigoureuse pour
assurer l'homogénéité du futur
décret.
En outre, pour
en faciliter la mise en uvre par les
professeurs, il devra mettre en relation de
façon détaillée chaque
compétence avec les programmes, afin de
sortir des formulations générales
sujettes à des interprétations
très diverses. Il faudra ainsi
préciser ce qu'on entend par "
maîtriser le calcul mental " ou " savoir
dégager l'idée essentielle d'un texte
". De tels objectifs doivent être
illustrés par des exercices-types
adaptés à chaque niveau, de
manière à fournir aux enseignants des
références.
D'une
manière générale, pour chacun
des paliers et pour chaque élément de
compétence, il faudra définir un
outil d'évaluation précis,
opérationnel et réaliste.
1) Maîtrise de la
langue française
Cet objectif
fondamental est prioritaire, car savoir lire,
écrire et s'exprimer oralement conditionne
la maîtrise des autres compétences.
C'est pourquoi la définition des
différents paliers et des outils
d'évaluation est ici décisive : il
n'est pas question de laisser des
élèves parcourir les cycles de la
scolarité obligatoire tout en continuant de
souffrir, comme c'est le cas aujourd'hui, de graves
déficiences, notamment en lecture.
L'expérience montre que les retards pris
dans les toutes premières années sont
très difficiles à rattraper. Il faut
définir les automatismes de base sans
lesquels l'élève ne saurait
progresser.
La
maîtrise de la langue est du ressort de
toutes les disciplines, pas seulement du "
Français " ; chacune doit concourir à
son apprentissage et à son
évaluation.
Le Haut Conseil
recommande de veiller particulièrement aux
points suivants :
-
vocabulaire : son enrichissement continu sera
un objectif primordial dès les toutes
premières années ;
- grammaire :
son apprentissage se fera d'une
manière systématique et suppose
que lui soient consacrées des
leçons distinctes de l'observation des
textes, en évitant d'utiliser un
vocabulaire technique qui relève de
l'enseignement supérieur. On
distinguera clairement le cadre conceptuel
destiné aux enseignants et les notions
que les élèves doivent
apprendre, seules énoncées dans
le texte du socle - remarque qui vaut
également pour l'analyse des textes
littéraires et qui est d'ailleurs de
portée générale
;
- orthographe
: son perfectionnement jusqu'à la fin
de la scolarité obligatoire est une
exigence sur laquelle on ne saurait
transiger. La dictée est un outil
indispensable d'apprentissage et
d'évaluation, et on ne pourra parler
de réelle maîtrise que lorsque
l'orthographe sera correcte dans les
écrits spontanés de
l'élève.
On travaillera
l'expression écrite, et l'expression orale,
tout au long de la scolarité, y compris par
la mémorisation et la récitation de
textes littéraires.
La
maîtrise de la langue comprend bien entendu
la capacité à remplir et à
lire les écrits de la vie courante, à
rédiger une lettre, à communiquer de
façon appropriée dans diverses
situations, etc
2) Pratique d'une langue
vivante étrangère
Le Conseil de
l'Europe a publié en 2001 un " Cadre
européen commun de référence
pour les langues " ; c'est sur ce cadre que
s'appuie la rénovation en cours de
l'enseignement des langues vivantes et le document
de la commission animée par le Directeur de
l'enseignement scolaire. Viser le niveau A2 (niveau
intermédiaire de l'utilisation usuelle) en
fin de scolarité obligatoire correspond bien
à la logique du socle commun.
3) Compétences de
base en mathématiques et culture
scientifique et technologique
Ces
compétences pourront être
définies en combinant cadre européen,
évaluations internationales, et programmes
officiels. Les propositions faites par le Conseil
National des Programmes en 1997 restent valables
:
il s'agit de rendre intelligibles la nature et la
technique, de donner du sens aux savoirs et
d'accroître chez les élèves le
désir de connaissance. Elles conduisent,
dans le cadre de la scolarité obligatoire,
à décloisonner dans une large mesure
les enseignements scientifiques et techniques. La
mise en uvre rapide de manuels conçus
dans cet esprit permettra à chacun
(élèves, parents) de bien comprendre
en quoi consiste le socle.
Les approches
concrètes et pratiques, qui font notamment
appel à l'habileté manuelle (par
exemple, travailler un matériau, manipuler
des volumes, en réaliser ), aident les
élèves à comprendre les
notions abstraites.
A) Pour ce qui
est des mathématiques, le Haut Conseil
recommande de donner une importance accrue à
la résolution de problèmes à
partir de situations ouvertes et proches de la
réalité, et d'insister sur
:
-
la nécessité de créer
aussi tôt que possible des automatismes
en calcul (calcul mental, apprentissage des
quatre opérations) ;
- le
rôle et l'apprentissage de la
démonstration dans la démarche
mathématique ;
- la notion
de chance, de probabilité,
d'incertitude, introduite à juste
titre dans le document de la commission
animée par le Directeur de
l'enseignement scolaire;
- la
proportionnalité, notamment la "
règle de 3 " ;
- les
représentations graphiques (tableaux,
diagrammes, points sur un axe, dans un
repère).
B) La culture
scientifique et technologique doit
développer la curiosité de
l'élève et lui permettre notamment
d'accéder à une représentation
globale et cohérente du monde comme de
comprendre son environnement quotidien ; elle
contribue en outre à apprendre à
distinguer entre faits démontrables d'un
côté, opinions et croyances de
l'autre. L'observation et l'expérimentation
sont centrales dans cette démarche. Des
initiatives récentes telles que " La main
à la pâte " montrent qu'on peut donner
le goût des sciences et des techniques
dès le plus jeune âge, ce qui est
d'autant plus urgent que la désaffection
actuelle à l'égard des
filières scientifiques est
préoccupante pour l'avenir de notre
pays.
L'Académie
des Sciences insiste sur l'importance de montrer
l'activité scientifique comme une des
grandes aventures de l'esprit humain, source
d'applications techniques ; elle définit des
" capacités ", puis des " notions " à
savoir - tout à fait dans l'esprit du cadre
européen -, en évitant la simple
juxtaposition d'éléments des
programmes disciplinaires, pour assurer la
cohérence de l'enseignement
scientifique.
Il ne faut pas
craindre d'aborder certaines notions complexes
(l'ADN, les gènes ), puisque les
élèves en entendent continuellement
parler dans la vie courante : tout dépend de
la manière dont on les leur
présente.
A la fin de sa
scolarité obligatoire, l'élève
doit :
-
être capable de mobiliser les
connaissances qu'il aura acquises dans les
domaines essentiels que sont la
planète Terre, la matière, la
lumière et la propagation des ondes,
les différentes formes
d'énergie, notamment l'énergie
électrique, l'homme et le vivant, la
production d'objets et de richesses ;
- être
familiarisé avec les technologies
courantes, le traitement électronique
et numérique de l'information et les
processus automatisés, à la
base du fonctionnement d'objets de la vie
courante.
4) Maîtrise des
techniques usuelles de l'information et de la
communication
Selon le cadre
européen, " la culture numérique
implique l'usage sûr et critique des
technologies de la société de
l'information ". Le B2i (Brevet informatique et
internet), en cours de mise en place dans notre
système éducatif, correspond à
la logique du socle : il a été
conçu comme une attestation de
compétences transdisciplinaires, comportant
trois niveaux (B2i école, B2i
collège, B2i lycée). On s'en tiendra
aux deux premiers niveaux pour le socle.
5) Culture
humaniste
Conformément
à la Loi d'orientation et de programme pour
l'avenir de l'École, le socle doit
contribuer à la transmission de la culture
humaniste.
L'une des
principales lacunes constatées chez les
élèves réside dans l'absence
de repères. Or, dans un domaine qui, par
définition, est d'extension
illimitée, il est primordial de disposer de
tels repères, articulés sans
cloisonner les disciplines pour assurer des bases
solides ; à cet effet, des manuels
interdisciplinaires seraient ici aussi des outils
précieux. Dans la perspective du socle, il
s'agit donc de donner ces repères,
indispensables pour comprendre le monde actuel, et
aussi de former la sensibilité,
d'éveiller le goût de la culture en
fournissant les outils pour l'enrichir tout au long
de la vie. Ouvrant à la richesse et à
la complexité de l'activité humaine,
ces éléments nourrissent
également dès le plus jeune âge
la conscience d'une appartenance
commune.
Aussi le Haut
Conseil considère-t-il qu'à la fin du
collège l'élève doit
:
-
disposer de repères
géographiques, incluant une
connaissance précise de l'espace
national et la carte de l'Union
européenne ;
-
connaître les principes de la
production et de l'échange
;
-
connaître les périodes et les
dates principales, les grandes figures, les
événements fondateurs de
l'histoire de France, en les reliant au
besoin à l'histoire du monde et du
continent européen ;
- disposer de
repères historiques, lui permettant
d'identifier et de caractériser dans
leurs grandes lignes (en mettant en relation
faits politiques, économiques,
religieux, , inventions scientifiques et
techniques, évolutions
littéraires et artistiques) les
grandes périodes de l'histoire ainsi
que les grandes ruptures ou
événements, et de les situer
les uns par rapport aux autres, et lui
donnant aussi une approche des
différentes civilisations ;
- avoir une
connaissance des uvres artistiques
majeures du patrimoine français,
européen et mondial, et des grands
textes qui sont à la source de la
civilisation européenne ;
- être
capable de lire des uvres
intégrales, notamment classiques
;
- avoir des
éléments de culture civique, en
particulier concernant les droits de
l'Homme.
Si l'on veut
que cette culture soit commune à tous les
Français, la définition du contenu de
chaque élément sera
minutieuse.
* *
*
Pour
accomplir avec succès sa scolarité,
poursuivre sa formation, construire son avenir
personnel et professionnel, réussir sa vie
en société et exercer librement sa
citoyenneté, selon la loi d'avril 2005,
d'autres compétences transdisciplinaires,
qui sont explicitées dans le projet de cadre
européen, sont indispensables. Elles ne font
pas encore, en France, l'objet d'instructions
officielles ; celles-ci établiront une liste
d'objectifs à atteindre (des objectifs
évaluables, de manière ponctuelle ou
continue) et préciseront comment les
différentes disciplines concourent à
leur acquisition. Le document de la commission
animée par le Directeur de l'enseignement
scolaire identifie d'ailleurs à plusieurs
reprises un certain nombre de compétences
générales, mais seulement sous
certaines rubriques disciplinaires.
6) Compétences
sociales et civiques
A) Vivre en
société
Il
est indispensable pour l'élève
:
-
de comprendre et respecter les règles
de la vie collective (conscience de ce qui
est interdit, au premier chef la violence, et
de ce qui est permis ; tolérance ;
civilité, respect de l'autre, en
particulier l'autre sexe ; ) - cet
objectif sera lié notamment au
règlement intérieur de
l'établissement ;
- de
comprendre que nul ne peut exister sans
l'autre (nécessité pour chacun
d'apporter une contribution à la
collectivité, importance des diverses
formes de solidarité, notamment le
devoir de porter secours) ;
-
d'acquérir et développer le
sens de la responsabilité, par rapport
à soi (éducation à la
santé, pratique du sport ) comme
par rapport aux autres
(sécurité routière, les
accidents de la route étant le premier
facteur de mortalité chez les jeunes ;
respect de l'environnement ; )
;
- de savoir
travailler en équipe, ce qui suppose
d'apprendre à écouter l'autre,
faire valoir son point de vue, rechercher un
consensus : la faiblesse de
l'éducation française sur ce
point est fréquemment soulignée
par les observateurs.
B) Se
préparer à sa vie de
citoyen
En
plus des connaissances essentielles notamment sur
l'histoire nationale, déjà
mentionnées au titre de la culture
humaniste, l'élève devra :
-
avoir des repères civiques : les
symboles et leur signification (drapeau,
devise, hymne national), les principales
institutions de la République
française (les
assemblées ), de l'Union
européenne et du monde (ONU),
;
-
connaître les règles de la vie
démocratique (respect de la loi,
principe de la représentation,
suffrage universel, secret du vote, respect
de la décision majoritaire et des
droits de la minorité ), dont les
élèves font l'apprentissage
concret au collège (élection
des délégués)
;
-
maîtriser quelques notions juridiques
de base en référence à
des situations courantes ;
-
développer sa capacité de
jugement, son esprit critique, ce qui suppose
notamment être éduqué aux
médias et à l'image.
7) Autonomie et
initiative
A)
Autonomie
Il
est essentiel que l'Ecole développe la
capacité des élèves à
apprendre tout au long de la vie. L'autonomie qui
en résulte est une condition de la
réussite scolaire, avant de donner à
chacun les moyens de mener à leur terme ses
activités et projets à tout
âge, et de s'adapter aux évolutions de
sa vie professionnelle.
Les
principales capacités attendues de
l'élève sont les suivantes
:
-
avoir des méthodes de travail ;
-
résoudre des problèmes
;
-
mémoriser ;
- raisonner
avec logique et rigueur, ce qui comprend la
capacité à hiérarchiser
et synthétiser ;
-
développer sa
persévérance.
La
maîtrise de cette compétence sera
acquise et évaluée à travers
toutes les disciplines, et chacun de ces objectifs
sera décliné : ainsi, avoir des
méthodes de travail, c'est, entre autres,
être capable d'organiser son temps (devoirs
en temps limité, ), comme de prendre
des notes en fin de collège ou de
s'auto-évaluer ; il est indispensable de
savoir se servir d'un dictionnaire, et surtout
d'avoir pris l'habitude de le consulter
spontanément - cette attitude étant
susceptible d'apprentissage et d'évaluation
à travers des exercices adaptés (par
exemple, la présence systématique de
mots rares dans des textes soumis à
l'analyse des élèves) ;
...
Par ailleurs,
l'Ecole doit faire découvrir à tous
les élèves les métiers, de
secteurs et de niveaux de qualification
variés, et les parcours de formation, pour
les aider à choisir leur orientation
scolaire et professionnelle en connaissance de
cause.
B) Esprit
d'initiative
L'esprit
d'initiative est indispensable pour s'investir dans
la société et non seulement pour
réussir dans le monde du travail. Or l'Ecole
n'y entraîne pas comme elle le
devrait.
Il faut que
l'élève se montre capable, dans le
cadre de la scolarité obligatoire, de
concevoir et de mettre en uvre des projets,
ce qui contribuera aussi à lui donner une
confiance en soi suffisante. Il ne s'agit pas de
travaux de recherche documentaire :
l'élève doit participer activement,
autant que le permet son âge, à la
réalisation de projets (artistiques,
sportifs, patrimoniaux, sociaux,
économiques ), qui peuvent être
individuels ou collectifs, liés à
l'enseignement ou à des actions
d'intérêt général.
Quelle qu'en soit la nature, le projet devra
être accepté par
l'établissement ; partie intégrante
du socle, il fera l'objet d'une présentation
et d'une évaluation dans le cadre scolaire ;
ce qui doit être valorisé avant tout,
c'est l'implication de
l'élève.
Calendrier
de mise en uvre
La
maîtrise des bases des fondamentaux de la
lecture, de l'écriture et du calcul sera
évaluée pour la première fois
à la fin de l'année scolaire
2006-2007. Pour chaque compétence, des
éléments pour l'évaluation, le
diagnostic ainsi que l'aide et le soutien devront
avoir été produits. La mise en place
du socle doit être envisagée d'abord
à l'école primaire. La
première année d'application donnera
lieu à une analyse des résultats
obtenus et des difficultés
rencontrées.
Les
élèves des classes après le
premier palier n'auront pas
bénéficié de l'enseignement du
socle durant toute leur scolarité
obligatoire : l'évaluation de leurs
compétences devra en tenir compte ;
néanmoins, il faudra chercher à leur
faire acquérir tout le socle. Les
élèves de toutes les classes
correspondant à la scolarité
obligatoire doivent dès maintenant pouvoir
tirer profit de la rénovation du
système éducatif induite par la mise
en place du socle.
<<Au
départ: une volonté de construire un
"socle commun de compétences" appelant
à la contribution de l'ensemble des
disciplines enseignées à
l'école... Très vite, des
dérapages: des différenciations
ségrégationnistes "a priori" et mal
venues entre les disciplines scolaires. Celles qui
contribueront à la constitution du socle et
celles qui feront parti du décors. Et nous
voici aujourd'hui avec des recommandations du HCE
qui tentent de recoller les morceaux, de redonner
une cohérence à l'ensemble. Pourquoi
se priver de l'enseignement de l'EPS, discipline
novatrice et dynamisante au sein du système
scolaire? Pourquoi écarter la dimension de
l'enseignement des arts et de la sensibilité
à l'école? A lire les recommandations
du HCE, ces disciplines sont elles vraiement
exclues? On ne sait plus? Comment les parents
d'élèves lisent ils ses
recommandations? Comment comprennent ils le "socle
commun".Ces méandres du discours me laissent
perplexes...et contredisent les pratiques.>>
Christian PASQUIO. Conseiller pédagogique
départemental en EPS. 4/06
<<Ce socle
est en effet peu révolutionnaire dans le
sens où il ne fait finalement que reprendre
les jalons les plus importants du parcours actuel
de l'élève et du lycéen, tout
en laissant de côté le contenu
culturel que ces capacités sous-tendent. J'y
vois ici, et sans jugement aucun, une
volonté de se détacher d'un
modèle d'enseignement où la culture
savante, la haute-culture, est reine, pour
intégrer un nouveau modèle où
d'autres cultures sont exploitables
(remplaçables ?). C'est un point
intéressant, si cela peut rassembler autour
de l'école, d'autres cultures, d'autres
sensibilités, pourquoi pas ? La France se
renouvelle par sa capacité d'assimilation,
ce qui implique acceptation de la différence
et tolérance dont la laïcité est
une illustration exemplaire. Plusieurs questions me
viennent à l'esprit à la
première lecture de votre texte :- quelle
est la part accordée à une
découverte 'laïque' des religions, si
vous me permettez ce rapprochement. La connaissance
du fait religieux (et pas seulement sous son angle
historique.) n'est-elle pas essentielle pour
comprendre les enjeux politico-culturel de ce
siècle ?Intégrer officiellement cet
enseignement serait une réelle
nouveauté et pourra démontrer qu'un
pays peut être laïque tout en
étant conscient et respectueux de toutes les
formes de religions et de croyances.- vous dites
que "Grâce au socle, chacun pourra continuer
à se former tout au long de la vie et
s'adapter aux évolutions de la
société", puis plus bas "Ce socle
commun doit assurer une formation de
qualité, et non proposer un enseignement au
rabais, sans qu'on perde de vue qu'il concerne des
jeunes de 16 ans au plus" ; autrement dit, il me
semble que l'objectif que doit poursuivre
l'Education Nationale est de rendre le futur
citoyen français autonome vis à vis
du savoir qu'il aura désiré
acquérir, et 'se former tout au long de sa
vie' veut dire pour vous 'se cultiver tout au long
de sa vie'. Ou bien dois-je comprendre qu'il
n'appartient pas à l'Education Nationale de
redonner aux adultes les moyens d'acquérir
une nouvelle formation pour, éventuellement
un nouveau métier?- Vous dites, au chapitre
'Vivre en société' qu'il est
indispensable « - de comprendre que nul ne
peut exister sans l'autre (nécessité
pour chacun d'apporter une contribution à la
collectivité, importance des diverses formes
de solidarité, notamment le devoir de porter
secours) », puis « - d'acquérir et
développer le sens de la
responsabilité, par rapport à soi
(éducation à la santé,
pratique du sport.) comme par rapport aux autres.
» ; ce sont deux points essentiels, mais qui
méritent à mon sens d'être
précisés : en effet, comment
respecter les autres si l'on ne se respecte pas ?
mais les domaines évoqués ici, qui
sont l'éducation à la santé,
la pratique du sport, sont secondaires par rapport
à ceux des aspirations et désirs
personnels, le droit à la découverte
de sa personnalité et de son
identité, choses que l'école, sous le
prétexte de proposer une 'culture commune',
met au second plan et va parfois même
jusqu'à les nier. Ma question est la
suivante : pourquoi ne pas introduire (ou permettre
d'introduire), à tout âge, et d'une
manière tout à fait pragmatique, la
découverte des principaux concepts
philosophiques et psychologiques issus de la
culture occidentale, voire même proposer une
initiation de ceux des autres cultures ? Pourquoi,
plus généralement, ne pas permettre
une initiation aux autres cultures ? Cela donnera
à l'enseignant la liberté de
s'appuyer sur les compétences initiales des
élèves issus d'autres cultures, en se
basant sur leurs capacités à
élaborer des projets, et ainsi faciliter
leur intégration dans la
société française, grâce
à une meilleure représentation de la
différence entre la société
française et la société dont
ils sont issus. En bref, je suis d'accord avec vous
sur la nécessité de ne pas proposer
une révolution, mais une ouverture aussi
large que possible est souhaitable, ceci afin de
rétablir un brassage social dont la France a
bien besoin. Salutations>> Diego
Sanchez.
<<Bonjour et
merci pour cette contribution fort riche. Un bref
commentaire. A la lecture du texte du H.C.E, j'ai
eu deux réactions ; la 1ère me fait
dire que ce texte constitue sans doute une base
crédible pour construire (enfin) un
consensus ; et la 2e me donne malgré tout
une désagréable impression de
"déjà lu"/déjà vu"
(à l'exception peut-être de la
référence européenne).Alors
question : pourquoi ça marcherait cette
fois-ci ?>>