Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur

 

interview exclusive d'Alain Bouvier, ancien Membre du H.C.E.,

à propos du socle commun

PLAN DU SITE

J.N. Le texte du H.C.E.. sur le socle commun paraît très novateur et écrit dans un esprit systémique; on y parle "d'interdisciplinarité", de manuel "interdisciplinaire", de donner "du sens au savoir", "de notions complexes comme l'ADN", de "représentation globale du monde" ; mais quand il s'agit d'exemples concrets on y trouve des classiques: dictée, grammaire, règle de trois, calcul mental...

Est-ce une contradiction que n'a pu résoudre la commission? Est-ce pour rassurer les "traditionalistes". On aurait attendu des exemples plus novateurs, dans l'esprit défini par ailleurs dans le document.

 A.B. En aucune façon nous n'avons cherché à être ou ne pas être novateurs. On avait un objectif qui était de définir un socle commun qui n'existait pas en France par rapport aux résultats d'un système éducatif profondément inégalitaire : La formation d'une grosse moitié (60%) des élèves est bien faite et une petite moitié d'élèves (40%) sortent avec presque rien ou pas grand chose ; de plus cette formation s'effectue avec des vitesses différentes : certains sont en première à 15 ans alors que d'autres ne sont qu'en 4 ème. Et tout semble se jouer dès l'école élémentaire.

             Le socle commun est une façon de dire que la Nation donne des objectifs minimaux pour tous, tout en permettant à ceux qui peuvent aller plus loin de pouvoir le faire. Cela peut s'envisager par des innovations mais aussi en rappelant ce qui nous a été dit par bien des personnes, à savoir que ce que les " fondamentaux " semblaient parfois oubliés par certains.

             Le socle commun est destiné au grand public. Après, le système éducatif aura à produire les types de documents de travail et de communication appropriés en direction des enseignants.

             C'est en quelque sorte un message fort du système social en direction du système éducatif tenu à résultats.

 J.N. L'esprit du socle commun est bien défini comme le minimum nécessaire pour aborder la vie, mais quand on rentre dans les détails (par exemple la définition de la culture humaniste..) on en arrive à des listes démentielles. Ne reproduit-on pas là le même problème qu'avec les programmes qui entraînent comme souci n°1 des enseignants le moyen de le terminer à temps? De plus la commission dit que "le socle commun n'est pas le tout de l'enseignement". Le socle commun va-t-il dans les faits s'ajouter aux programmes compliquant encore plus la tâche de l'enseignant?

 A.B. C'est à partir du socle commun que les programmes devront être repensés, c'est dans ce sens que les choses devront se faire, sur la base d'outils d'évaluation.

 J.N. Il faudra alors refaire les programmes ?

 A.B. Oui, bien sûr ! Enfin ceux qui ont l'habitude de faire les programmes devront étudier leur compatibilité et en tirer toutes les conséquences.

             Il y a deux lectures possibles du socle commun :

- il y a ce que feront certains en isolant une compétence qui peut paraître alors très élémentaire et donner l'impression qu'il y a diminution du niveau d'exigence

- mais si l'on tient compte que toutes les compétences doivent être acquises ( il n'y aura pas de compensation, pas de moyenne de moyennes !) alors l'ensemble est très exigeant et tu l'as très bien vu.

 J.N. Dans le domaine qui m'intéresse plus particulièrement, je vois que la commission définit la compétence comme "combinaison de connaissances, d'aptitudes et d'attitudes". Il y a là quelque chose de vraiment neuf : L'enseignant n'a plus pour fonction unique de "transmettre des connaissances" mais également de travailler sur les attitudes. Je remarque que le mot choisi est "attitude" et non pas "comportement" purement extérieur. L'enseignant a donc en plus maintenant un travail à faire sur la personnalité des élèves. De même on lui demande d'apprendre aux élèves à "travailler en équipe", de leur apprendre à "écouter" .Cela ne va-t-il pas demander un autre recrutement et une autre formation des enseignants que ceux actuels?

 A.B. A terme, évidemment, il y a une modification de la classe, de la formation initiale et continue, du recrutement des enseignants. C'est la deuxième étape du travail du H.C.E. qui vient juste de commencer

 J.N.A-t-on conscience que ces modifications demandent une formation psychologique des enseignants ?

 A.B. Le terme n'a pas été employé explicitement, mais personnellement, j'en suis conscient. Nous n'avons pas la position de décideur, nous avons un avis à donner, c 'est le ministre qui décide. Nous ne nous sommes pas autocensurés, mais nous n'avons pas cherché la révolution pour la révolution. C'est ainsi que le document dans sont état a pu être approuvé à l'unanimité et quand on sait d'où chacun vient, avec nos histoires et nos origines différentes, ce n'était pas simple a priori. Et nous avons bien conscience que ce n'est pas un message anodin que nous avons produit.

J.N. Que voudrais-tu rajouter ?

 A.B. A titre personnel, en tant qu'enseignant et formateur, je vois là une chance pour le milieu pédagogique. Face à une école un peu en panne et perplexe par rapport à une forme scolaire héritée du 19 ème siècle, c'est une chance de se dire qu'au fond il y a une voie qui n'a pas encore été explorée dans le système scolaire français. Je crois que les enseignants sont compétents pour le faire et qu'ils désirent la réussite de leurs élèves.

Texte intégral des

RECOMMANDATIONS DU HAUT CONSEIL DE L'EDUCATION POUR LE SOCLE COMMUN

Bruno Racine - Socle commun : pour donner envie de savoir

 

Vos  Réactions

Adresse mail facultative

Commentaire

Commentaires

<<"Sabotage" ? Le mot est prononcé. La guerre de religion entre des philosophies de l'homme et de l'éducation est doublée par le refus de pans entiers de toute immixtion dans le système par la Nation et la démocratie. Et pendant ce temps le monde change (et les autres pays aussi) et l'école ne le sait pas ou ne veut pas le savoir.>>

<<Le socle commun a-t-il été pensé en tenant compte des élèves de Segpa ? Quid des élèves d'IME ? Le livret de connaissances et de compétences national (les deux livrets à l'essai) sera-t-il adapté pour une utilisation avec tous les parents ? >>

<<Commentaire à propos du débat sur le Socle Commun et autres querelles pédago / antipédagos: Le socle commun est comme les "réformes" précédentes une nième occasion , certes de relancer et d'entretenir en permanence le débat sur l'éducation , ce qui en soi n'est pas inintéressant, mais aussi pour moi de constater, une fois de plus, qu'au nom d'une fallacieuse "unité de la Nation" et donc de l' "Ecole de la République" , les textes officiels en viennent nécessairement à un apparent consensus de façade dont de moins en moins d'acteurs sont dupes : il faudra bien un jour que les différents "partis" qui sur ce terrain s'affrontent depuis des lustres, en viennent à accepter le "divorce" , si possible à l'amiable , par "consentement mutuel", au lieu de se livrer à cette guéguerre perpétuelle dont chacun sait pertinemment qu'il ne convaincra pas ses adversaires . Après la laïcité en matière religieuse ( et donc la liberté fondamentale de choisir ses croyances ou ses incroyances et de célébrer les cultes de son choix ), pourquoi ne pas enfin accepter la pluralité des convictions pédagogiques liées à des choix différents de hiérarchies de valeurs beaucoup plus qu'à de quelconques "vérités pédagogiques" ? Pourquoi ne pas admettre en conséquence une "laïcité pédagogique" et donc permettre à chacun des acteurs de l'éducation de participer à la construction et à la vie de l' école de son choix ? Que reprochent ici les "antipédagogistes" aux supposés "pédagogistes" , sinon une supposée atteinte à la liberté de penser lorsqu'ils prônent une éducation globale de la personne ? Nous pourrions donc tous être d'accords sur UNE VALEUR ESSENTIELLE , à savoir la liberté de chacun : et pour faire bonne mesure , une "EGALE LIBERTE" ... et en conséquence de cet accord permettre en effet à chacun de l' exercer, au lieu de vouloir prescrire aux autres ses propres croyances ou choix philosophico-pédagogiques. Trahison de l'idéal "républicain de l' école" ? Qui alors a inscrit "Liberté Egalité Fraternité" au fronton de nos institutions, en particulier scolaires ? Ne suffirait-il pas que chacun prenne enfin ces trois idéaux au sérieux pour accepter de construire en commun nos "communes" LIBERTES , notamment d'apprendre ce que bon nous semble et à notre façon , pourvu que tous ces apprentissages préservent et si possible augmentent cette "EGALE LIBERTE" ? Mais peut-être faudrait-il une dose trop grande de Fraternité pour accepter que chacun vive ainsi sa propre liberté et reconnaisse du coup l'égale liberté des autres ? Mais , bien sûr , ce que j'énonce ainsi est la devise d'une "Nouvelle Ecole" ( bonne nouvelle d'une nouvelle éducation nouvelle ... ) , singulière nouveauté d'une vieille "devise" que tous les "partis pédagogiques" semblent pourtant vénérer tout en jouant à qui supprimera la liberté de son adversaire : sur ce terrain désormais miné , changeons la règle du jeu : Pourquoi vouloir nécessairement la "même école" pour le "même Etat-Nation" alors que "nous" ne partageons depuis longtemps plus les mêmes valeurs ( SAUF éventuellement celles du "noyau" de Liberté d'Egalité et peut être encore un peu de Fraternité ) : N'est ce pas un "Socle commun" , en effet "moral" , suffisant pour penser en commun la "réussite de tous" ? Au nom de quoi ceux qui désigneraient la référence à ces valeurs de "moraline" pourraient ils encore se dire "républicains" ? Mais se référer à un tel "Socle de valeurs" , n'est pas en effet se référer à de simples "savoirs" : il ne suffit pas de "Savoir que la devise de la République" s'intitule ainsi, ni de savoir , même dans les détails les plus érudits de l'histoire et de la philosophie comment ces idées se sont construites , pour y adhérer . Il faut et il suffit d'y adhérer ... par libre choix , ou de ne pas y adhérer , et dans les deux cas d'en tirer les conséquences . Mais c'est ceci sans doute qui constituerait pour une majorité , de quelque bord pédagogique qu'elle soit une véritable "révolution" : que la liberté , l'égalité et la fraternité soient en effet elles mêmes l'objet d'un LIBRE CHOIX , et d'aucune autre "autorité" , ni politique, ni sociale, ni communautaire historique préalable . C'est bien pourtant la seule "révolution" qui me semble aujourd'hui permettre de trouver une sortie "par le haut" de la "guerre de religion pédagogique" . C'est donc aussi à chaque individu, sujet libre et responsable, qu'il soit par ailleurs "enseignant", "parent" , "élève" , "formateur" ou quoi que ce soit de ce genre, de "répondre" pour lui-même à cette question ... et éventuellement d'en partager ses propres conclusions avec d'autres individus sujets aussi également libres que lui .>> Armand Stroh

<<"La formation d'une grosse moitié (60%) des élèves est bien faite ", dit M. Bouvier !!! Où sont-ils ces heureux 60°/° ? Je suis professeur de lettres dans un établissement parisien ( lycée et classe préparatoire) très "favorisé": le niveau écrit de mes "bons" élèves est très faible ( grammaire, lexique, etc.). En littérature, depuis que les programmes d'Alain Viala ont été imposés, c'est le désert. Les repères chronologiques sont complètement ignorés ... La plupart de mes élèves qui arrivent en classe préparatoire n'ont jamais fait une dissertation ... Les collègues des autres disciplines font des observations analogues. Ou bien Alain Bouvier ignore tout de la situation réelle - que fait-il alors au HCE ? ou bien il pratique une politique de l'autruche : pourquoi ?>> Gilbert Beaune 4/06

<<Complètement déconnecté de la réalité !! Ce monsieur ferait bien de retourner à l'école pour la connaître, avant de vouloir la réformer>> 4/06

<<Il y a des choses valables dans ce document,en particulier en ce qui concerne l'enseignement des lettres. Mais je n'aime guère ce "travail sur les attitudes", qui évoque le formatage idéologique, et qui, si on le croise avec le triste rapport de l'INSERM sur la prévention de la délinquance chez l'enfant, a de quoi faire peur. Transmettre un savoir, n'est-ce pas suffisant?! On dirait que l'instruction est devenue un gros mot ! Tout ce cathéchisme pseudo civique et cette moraline sont de trop. >> F. Guichard, professeur en CPGE litt, Aix

<<C'est extrêmement intéressant car c'est reconnaitre de réelles compétences éducatives aux enseignants. Mais en tant que conseiller principal d'éducation je me demande comment risque d'évoluer mon métier: plus de répréssion, de sécurité retour du "surgé"? Ou personne ressource en pédagogie et en éducation pour les membres de la communauté éducative? J'ai un peu peur que l'on revienne aux solutions du "bon vieux temps">>

<<Que faites-vous de la culture physique, de la culture artistique ? Il ne suffit pas de déclarer que « l 'Ecole doit tenir compte de toutes les formes d'intelligence » ou que « l'acquisition d?une compétence requiert la contribution de plusieurs disciplines » pour que celles-ci fassent partie intégrante de ce socle. De fait, des disciplines jugées non essentielles (EPS, disciplines artistiques,...) sont marginalisées, en les plaçant « en parallèle » (loi Fillon) elles sont mises en concurrence avec d'autres jugées plus essentielles à la réussite scolaire de l'élève. En réalité, le Haut Conseil se prend les pieds dans un discours qui se veut progressiste tout en ménageant l'orientation comptable du socle commun de connaissances : « l'école a une obligation de résultat ». L'alibi des compétences ne tient pas non plus. Ce n'est pas en déclinant une taxonomie de compétences à partir d'objectifs généraux que l'école parviendra à cerner ce qu'il faut enseigner. Par contre, le débat sur l'essentialité des savoirs, débat nécessaire pour éviter l'empilement des connaissances tout en revendiquant l'apport culturel des disciplines est lui mis au placard. En résumé, ce socle de connaissances épistémologiquement inconsistant et piloté par des stratégies de coûts financiers (on le voit avec la réduction des postes au concours et l'allègement à venir des programmes) me semble bien mal défendable. >>G.Orsi

<<"Le socle commun est destiné au grand public" : mais faute d'avoir donné les codes, le HCE risque de rater son public. Les lecteurs non spécialisés apprécieront sans doute le retour à une grammaire de phrase, à l'orthographe, etc., au lieu de la bouillie pédagogiste post-moderne aujourd'hui insinuée de force aux élèves. Mais ils comprendront moins les réticences, les demi-mesures, tout ce qui est encore là pour faire plaisir aux khmers rouges des Cahiers pédagogiques et à ces grands zélateurs de la culture française que sont les sieurs Zakhartchouk et Fracowiack. Bref, on est à mi-chemin de la restauration souhaitée, et les programmes à venir auront fort à faire, à partir de ce socle mi-chair mi-poisson, pour assurer la réalisation des possibilités réelles de chacun, et réduire l'écart abyssal aujourd'hui constaté entre les diplômes et les compétences.>>Jean-Paul Brighelli

<<"L'enseignant n'a plus pour fonction unique de "transmettre des connaissances" mais également de travailler sur les attitudes." Je ne comprends pas. Serions-nous sous un régime totalitaire ? Je n'ai pas à dicter à mes élèves leur attitude. Je leur transmets des connaissances dans ma discipline et les laisse libres de leur attitude (tant qu'elle respecte, évidemment, les conditions nécessaires au travail en classe). Les propos que je lis dans cette interview sont très dangereux quant au respect des libertés individuelles. L'Ecole n'a pas pour vocation de fabriquer l'Homme nouveau cher à certains idéologues. Ce n'est pas mon métier. -- Sébastien Moulin, professeur de mathématiques>>

<< A lire dans les cahiers pédagogique 439 l'excellent article de P. Perrenoud "le socle et la statue" qui pose véritablement l'enjeu "politique" (au sens noble du terme) d'une définition du socle commun. >> philippe.nicolas (prof EPS en collège)

<<Je crois que le texte élaboré par le HCE hésite entre deux logiques et on y voit comme deux textes qui se superposeraient. On comprend qu'un membre du HCE ne puisse s'en démarquer, mais il faut bien reconnaitre qu'entre l'éloge de la dictée qui plus est comme exercice d'apprentissage (et pas seulement d'évaluation!) alors même que peu de choses est dit sur la capacité à bien lire au sens de comprendre des textes variés ne va pas avec la définition des compétences qui est très intéressante. De m^me, la culture humaniste est réduite à un ensemble de "connaissances" et on ne dit rien des pratiques culturelles (voir à ce sujet mon récent ouvrage: "transmettre vraiment la culture à tous les élèves". Membres du HCE, encore un effort pour être dans une vraie logique de socle des compétences! Voir le numéro des cahiers pédagogiques que j'ai co-coordonné sur le socle commun (www.cahiers-pedagogiques.com ) >>jeanmichel.zakhartchouk

Esprit du site
Moteur de recherche
Recherche d'article par auteur
Pedagopsy.eu
Recherche de livres par motsclefs
Plan du site
L'auteur