Attardons-nous un peu sur la comparaison
avec les hôpitaux
Comme je vous l'ai
dit, l'éducation nationale et le secteur
hospitalier sont des gouffres financiers en
l'absence de véritable régulation
externe
mais la situation des hôpitaux
était encore bien pire que celle de
l'éducation nationale, puisque le
Ministère de l'Education National pouvait
quand même réguler le système
en contrôlant le nombre de postes (tant de
postes, cela fait tant d'heures enseignantes que
l'on peut ensuite recombiner en tant de classes)
tout en étant moins regardant sur les
emplois précaires (qu'il fallait bien
régulariser un jour ou l'autre)
Pour le Ministère de l'Education
Nationale, l'unité de compte principale (ou
le " chunk " majeur) était donc " le poste
"
Pour le Ministère de la
Santé, l'unité de compte était
le " lit " : le nombre de lits rendait compte de la
puissance d'un service et de l'importance d'un
hôpital
à ceci près que
ces lits avaient des coûts éminemment
variables selon les spécialités,
qu'ils faisaient l'objet de luttes féroces
entre services et qu'ils coûtaient de plus en
plus cher avec l'évolution de technologies
échappant à toute gestion
prévisionnelle
. Avec pour
conséquence un " trou " de plus en plus
béant de la Sécurité
Sociale
Qu'a fait le Ministère de la
Santé ? Il a dit aux chefs de service qu'il
n'allait plus se mêler de leurs affaires
internes (découpages en services et en
disciplines)
exit donc l'idée de " lit
" affecté à tel ou tel service ou
telle ou telle spécialité
mais
qu'il leur demandait de procéder à un
découpage en grands pôles dont chacun
serait dirigée par un responsable
médical, un responsable infirmier et un
responsable financier
Chaque pôle
devant faire la balance entre ce qu'il coûte
(en matière de salaire et de fonctionnement)
et ce qu'il rapporte (en fonction d'un
barème des actes remboursés par la
Sécurité Sociale)
et chaque
pôle étant financé en fonction
de ce rapport (plus on rapporte, plus on est
financé ; moins on rapporte, moins on est
financé). Un mécanisme inverse jouait
même pour les prestataires de services
transversaux (analyses biologiques, radiologie,
etc.) : plus ceux-ci arrivaient à
réduire leurs coûts (qui
étaient en fait inclus dans les " actes "
des autres filières), plus ils
étaient financés
.
Si on y regarde bien, le Ministère de
la Santé est en passe de " divisionnaliser "
cette bureaucratie professionnelle : chaque grand
pôle médical d'un hôpital
devient un centre de profit indépendant dont
la survie dépend des qualités de
pilotage de sa direction (responsable
médical, responsable infirmier, responsable
financier). Libre à un pôle de
créer un nouveau service en son sein (par
exemple, une unité d'alcoologie au sein du
pôle " métabolisme ") : tant que ce
nouveau service sera déficitaire, il
reviendra aux autres de préserver une
balance positive de l'ensemble
mais ce
service pourra devenir hautement
bénéficiaire et participer à
la balance des autres par la suite
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