la violence au
quotidien
Nous vivons dans
un univers, où il est devenu banal de
côtoyer la violence au quotidien. Que ce soit
directement ou indirectement nous sommes sans cesse
confrontés avec elle. Que nous soyons
adultes ou enfants , soit à partir d'un
vécu personnel, soit au travers des faits
divers proches ou lointains, de statistiques, de
témoignages ou de reportages, qui ne
manquent pas de nous rappeler que la violence
est partout omniprésente, parfois
même toute puissante. Et de par le monde nous
arrivent de multiples informations sur les guerres,
les tortures, les violences raciales ou religieuses
qui viennent s'ajouter aux violences plus proches,
telles les agressions urbaines, les viols, les
vols, les dégradations, les
incivilités petites ou grandes, les
transgressions dans tous les domaines, bref le pain
quotidien de l'enfant, de l'honnête femme ou
de l'honnête homme d'aujourd'hui.
Mais tout
ce que je viens de décrire de
façon non exhaustive, ne constitue
cependant que la façade visible d'une
violence dont les dégâts sont
innombrables, la violence
invisible
Les violences
cachées
Violences
cachées, voilées, souterraines, plus
endémiques dont je voudrais me faire
l'écho. Elles traversent très
tôt notre existence, le plus souvent à
notre insu. Il s'agit le plus souvent d'actes
apparemment banaux, de conduites individuelles ou
sociales qui n'apparaissent pas comme
excessives ou traumatisantes dans un premier temps,
de comportements limites qui vont devenir le
terreau, l'humus dans lequel va se
développer la violence visible.
Un
exemple
" Après
avoir vécu durant huit jours un stage sur
la communication relationnelle, nous dit
cette femme, mère de trois enfants,
j'ai été atterrée,
effondrée, doutant soudain de tout, quand
j'ai pris conscience des modalités
relationnelles, terroristes, le mot n'est pas
trop fort, que je proposais à mes
proches, à mes enfants, à tous
ceux que j'aimais avec la plus parfaite des
inconsciences, le plus sincère
aveuglement. J'ai découvert que souvent
j'imposais mes désirs, que je parlais
sans cesse sur l'autre, que je le
définissais, le dévalorisais ou le
culpabilisais le plus souvent dés qu'il
me contrariait ou avait un point de vue
différent du mien
Je me croyais
compréhensive, douce, conviviale, sans
percevoir que le climat de tensions, de doutes,
de non confiance que mes enfants ou mon mari
manifestaient, était lié pour une
bonne part à ma façon
d'être. Quelques collègues avaient
tenté de m'alerter, sans que j'y
prête attention
refusant de me
remettre en cause, accusant plutôt l'autre
de ne pas me comprendre
"
En écoutant
cette femme nous pouvons penser qu'il s'agissait de
sa part de conduites banales, qui se
déposaient sans gravité apparente sur
son entourage, qui allaient se dissoudre et se
compenser au long des jours dans la
répartition équitables des
malentendus
Cette jeune
enseignante nous dira
" Dans mon
premier poste, une classe de primaire, j'ai
découvert combien était bas le
seuil de frustration des enfants, face aux
contraintes pourtant minimes de la vie scolaire
:accepter de se taire, arrêter de bouger,
de se centrer quelques minutes sur un devoir, de
mobiliser sa pensée autour d'une
idée, d'un thème semblaient
quasiment impossibles pour eux. J'ai
été stupéfaite que la
moindre remarque de ma part, la plus petite
privation, la moindre limite ou interdiction
était vécue par les enfants comme
une " violence " insupportable que je leur
faisais ! A cette " violence " ressentie comme
injuste ils répondaient par des injures,
des coups, des passages à l'acte sur moi
ou sur un camarade. Ils utilisaient avec moi,
sans aucune gêne ou réticence, les
mêmes mots, que ceux qu'ils avaient
jetés à la figure de leur copain
quelques minutes avant dans la cour de
récréation. Ils me traitaient,
sans aucun complexe, de tous les nom d'oiseaux
et autres grossièretés. J'ai
compris cette année là ce que
voulait dire un de mes professeurs à
l'Université, quand il tentait de nous
alerter sur l'incroyable " violence invisible "
qui était faite aujourd'hui aux enfants,
quand les adultes qui les entourent
répondent trop vite à leurs
désirs en leur laissant croire qu'ils
sont tout puissants ! Ce qui ne les
prépare nullement à affronter la
réalité qui les entoure. C'est en
effet leur faire implicitement " violence " que
de répondre trop vite à leurs
désirs (ils sont hyper comblés sur
ce plan,) et non à leurs besoins profonds
(ils sont hyper frustrés dans cette
dimension)"
C'est une des "
violences invisibles " les plus puissantes qui leur
est faite, quand on ne le confrontent pas à
des limites, à des frustrations, à
des interdits, en leur laissant croire que la
réalité doit se plier à toutes
leurs attentes, que l'entourage est au service de
leurs désirs, que l'environnement n'est
qu'un immense champ de consommation ouvert aux
exigences de chacun.
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