Les
adolescents évoluent chaque jour au sein de
trois milieux différents, la famille,
lécole, la rue.
La différence entre un jeune bien
inséré et un jeune en voie de
marginalisation se mesure au
temps quil passe dans la rue : pour le
premier, la rue nest quun espace de
circulation, il sen
sert pour aller dun lieu à
lautre ; pour un jeune en voie de
marginalisation, cest un
espace de stagnation : il ne
se sent bien ni chez lui, ni à
lécole, et la rue représente
pour lui un espace de
liberté.
Chacun de ces lieux est imprégné par
une culture : culture familiale, très
marquée par le pays dorigine
; culture républicaine de
lécole ; culture de la rue,
marquée par un certain code de
lhonneur, mais aussi par
un code de communication fondé sur le
caïdat et très influencé
par les médias.
Le drame de ces jeunes, cest que
les adultes qui sont les porteurs de
repères dans
chacun de ces
milieux (parents à la maison,
enseignants à lécole,
aînés dans la rue) passent
le plus
clair de leur temps à
discréditer les deux autres
milieux.
Les enseignants se plaignent des parents
démissionnaires et de la mauvaise influence
de la rue ; les parents
ne comprennent pas que les enseignants, qui se
disent professionnels de léducation,
soient incapables dassurer la discipline et
de former leurs enfants, et eux aussi
dénoncent
linfluence de la rue ; les aînés
de la rue disent que de toute façon les
parents sont dune
autre génération et ne comprennent
rien, et que cela ne sert à rien
daller dans un collège
qui leur paraît sans avenir : la carte
scolaire, qui était une excellente mesure
à lépoque
où il existait une mixité sociale sur
lensemble du territoire, est une terrible
mesure quand la
mixité sociale nest plus
là.
On comprend que devant cette incohérence du
monde des adultes, les jeunes naient le
choix quentre
devenir fous ou devenir violents ; quils
deviennent violents me paraît un signe
de bonne santé !
Cest surtout un formidable appel à la
cohérence des adultes.
Extrait, avec
l'autorisation de l'auteur, d'une
conférence: QUELLES
RÉPONSES À LA DÉLINQUANCE DES
JEUNES ?
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