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Comment
associer la première
communauté éducative que
sont les parents au projet éducatif
et pédagogique des enseignants ?
Comment donner du sens au projet de vie de
l'enfant dont l'élève n'est
qu'une de ses facettes, en
intégrant dans nos structures
scolaires des échanges authentiques
et constructifs entre les familles et les
enseignants ? Comment préparer
l'orientation des jeunes en étroite
collaboration avec leurs histoires
personnelles et la multiplicité des
réalités professionnelles ?
Comment faire travailler ensemble parents,
enseignants et jeunes avec le souci de
favoriser le développement des
compétences collectives
?
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Voici un ensemble
de questions qui posent d'emblée la question
du sens et des enjeux de la coopération
entre la sphère scolaire et les familles.
Formatrice, enseignante et mère de 4 enfants
scolarisés en élémentaire, au
collège, au lycée et à
l'université, je me suis penchée de
près sur ces questions, interrogeant sans
cesse les modalités et les dispositifs
à mettre en place au sein des
établissements du premier comme du second
degré avec comme ambition de favoriser ce
nécessaire partenariat éducatif. Un
partenariat au service tout à la fois de
l'élève, de sa famille et de
l'équipe enseignante; les besoins sont ici
systémiques, ils s'interpellent et se
répondent de manière
réciproque.
Si un grand nombre
de familles sont bien au rendez-vous, et chacun de
cela doit se féliciter, de nombreuses autres
vivent des situations personnelles très
complexes, rendant parfois difficiles les
échanges et les relations. Certains parents
sont au chômage ou ont décroché
depuis plus ou moins longtemps de la sphère
sociale et professionnelle. D'autres ne
maîtrisent pas suffisamment le
français pour oser franchir la
frontière scolaire et venir
témoigner, participer ou simplement
questionner. Il est de la responsabilité de
l'institution de trouver et d'inventer des
passerelles qui leur permettront, eux aussi, de
prendre la parole, d'exister, de valoriser ce
qu'ils sont. En leur redonnant ce "
pouvoir-être ", on leur permettra à
nouveau de se saisir de leur autorité
éducative, de leur légitimité
à éduquer, à accompagner leurs
enfants, à jouer pleinement leur rôle
de parent. Contrairement à ce que l'on
entend parfois, les parents n'ont pas
déserté la sphère
éducative. C'est l'image négative et
dépréciative qu'on leur renvoie
d'eux-mêmes qui les en éloigne peu
à peu et pour certains les en exclue
totalement. Un père sans activité
professionnelle, une mère
célibataire, une famille immigrée
s'interdisent bien souvent d'exercer leur droit,
leur devoir, leur pouvoir parental sous
prétexte qu'ils se perçoivent comme
illégitimes au regard des normes sociales,
culturelles, scolaires
Ils pratiquent alors
bien involontairement ce que je qualifierais "
l'inconsciente autocensure éducative ". En
associant ces familles à des actions de
co-éducation variées et authentiques,
en cessant de les exclure ou de les infantiliser,
on travaille à resserrer les liens entre
parents, enfants et enseignants et on offre aux
jeunes un exemple de cohésion adulte et
constructive, condition essentielle pour le
développement de la confiance
réciproque, du bien-être
partagé et de la réussite des
élèves, ce troisième axe
relevant d'un incontournable
partenariat.
Les principaux
enjeux de la co-éducation présentent
différents aspects
-
responsabiliser chacune des parties
;
-
établir une relation de
confiance ;
- entrer dans
une logique de
réciprocité
;
- lutter
contre l'échec scolaire
;
- aider
à l'insertion des familles
;
- installer
l'enfant-élève au
centre du système
famille-école ;
- jouer la
carte de la
complémentarité
;
- respecter
les besoins relationnels
fondamentaux de chacun;
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On trouvera
ci-dessous quelques exemples tirés de
différents quotidiens de classe au fil du
cursus scolaire, chacun de ces exemples pouvant
être adapté au profil du projet de
l'équipe et aux réalités
environnementales.
La
LudoFamiloThèque (en
primaire)
Il s'agit d'un
dispositif simple, éducatif et
pédagogique permettant de constituer au sein
de la classe un coin
jeu évolutif, vivant et à moindre
frais. Véritable espace d'apprentissages
multiples, il permet également de
réguler les flux et les rythmes au sein du
collectif. La ludothèque est mise à
disposition des élèves qui peuvent
s'y rendre en toute autonomie à la fin d'un
travail ou lors d'ateliers
différenciés.
L'enrôlement
des familles: De manière à
construire et à enrichir tout au long de
l'année cet espace, les familles y sont
associées dès le début
d'année par des dons ou des prêts
mensuels. On pourra également
suggérer à des parents volontaires,
après leur avoir expliqué l'enjeu
pédagogique du dispositif, de jouer
alternativement le rôle de relais
ludothèque en charge de la communication et
de l'élaboration des fiches de prêt.
On pourra, le cas échéant, les
convier à tour de rôle pour leur
confier des ateliers de mise en route et de
découverte lors de l'introduction de
nouveaux jeux. Ce dispositif trouvera
également toute sa place dans le cadre
d'activités périscolaires, sur la
pause méridienne ou en fin de
journée.
Finalités
du dispositif partenarial:
-
impliquer les parents en valorisant leur
présence active;
- ouvrir des
passerelles éducatives ;
- permettre aux parents
de s'investir autrement que comme " parent
d'élève " ;
- les autoriser
à entrer dans la démarche
pédagogique et d'y participer
;
- jouer le jeu de la
co-éducation et du partenariat
éducatif ;
- faire le bonheur des
enfants ravis de voir leurs parents
participer à la vie de la
classe.
Le
ForumDesMétiers (Cycle 3, Collège,
Lycée)
Il s'agit d'un
dispositif perlé sur une période de
l'année et qui permet d'associer les parents
à l'élaboration d'une approche
positive et contextualisée de la
pluralité des projets de vie et des cursus
professionnels.
L'enrôlement
des familles: Sur la base d'un calendrier à
remplir par les parents, chaque famille est
invitée à venir témoigner en
classe d'un métier, d'une activité,
d'une passion ou d'une expérience de vie
particulière. Sortir du seul
témoignage professionnel évite de
marginaliser certains parents eux-mêmes en
difficultés sur ce plan là.
Organisation
pratique:
-
périodicité d'une
présentation hebdomadaire entre mars
et juin;
- créneau moyen
d'une heure trente pour chaque intervention
(+ ou -);
- possibilité de
grouper 2 ou 3 parents dont les
activités professionnelles sont
complémentaires;
Cahier des
charges: Associer présentation du
métier ET mise en activité des
enfants, avec l'aide de l'enseignante si
besoin.
Finalités
de la démarche :
- associer le
parent comme adulte témoin, acteur et
passeur de savoirs et de
compétences;
- ouvrir le champ des
connaissances en matière de
réalités externes à
l'institution scolaire;
- favoriser une
coopération active entre parents et
enseignants;
- ouvrir l'école
sur son environnement proche;
- responsabiliser les
adultes dans une démarche de
co-éducation;
- mettre en projet des
jeunes en fin d'école primaire ou au
collège et lycée.
Effets produits chez
les élèves :
Curieusement, en
primaire et au début du collège, de
nombreux enfants n'ont pas idée de
l'activité professionnelle de leurs parents.
Papa est au bureau, maman est au travail
Les
jeunes n'ont pas conscience des
réalités concrètes qui se
cachent derrière cet espace-temps qu'ils ne
partagent pas et dont ils n'ont aucune vision
précise. Où disparait maman
après m'avoir déposé au
portail ? Où va papa lorsqu'il part en
voyage ?
Le fait
d'entendre, de partager et de vivre des
études de cas précis en classe leur
permet de découvrir non seulement des
facettes de la vie professionnelle en
général mais plus encore de nouvelles
facettes identitaires de leurs parents.
Découverte et fierté
entremêlées
Et pour certains,
invitation au rêve et au voyage
Quand je
serai grand, je serai
Avant même
de parler d'orientation au second degré, il
paraît incontournable de mener dès les
petites classes des actions de découvertes,
d'invitation, d'incitation. On apprécie
souvent la saveur des choses après les avoir
goûtées plusieurs fois
Comment
peut-on imaginer choisir une voie professionnelle
du jour au lendemain, sous prétexte qu'il
est l'heure, qu'on a 16 ans et que l'institution a
décidé pour vous que c'était "
le " moment? La vie professionnelle est une course
au long court. Si elle se construit sur le tas
chaque jour davantage, elle se prépare bien
avant " l'âge limite requis ". Attention, il
n'est pas question ici de s'agiter dès le
primaire autour de l'idée d'une
pré-orientation précoce, ce serait se
tromper à la fois d'objectif et de
stratégie et faire fi de ce qu'est un
enfant. Plutôt, il faut considérer
cette période " primaire ", comme une
période privilégiée car
propice à l'émerveillement et au
questionnement ouvert et sans limite et s'en saisir
ainsi pour multiplier les occasions d'éveil
à l'environnement et d'incitation au
rêve. La capacité d'ouverture du jeune
enfant âgé de 7 à 11 ans est
souvent bien supérieure à celui de
l'adolescent, focalisé quant à lui
sur d'autres centres d'intérêt qui lui
réclament alors toute son
énergie
Les
RencontresFormatives
Il s'agit d'un
dispositif ponctuel de co-formation entre parents,
enseignants (et enfants le cas
échéant) dont le principe repose sur
des rencontres-ateliers ponctuelles traitant de
sujets transversaux. On pourra faire intervenir des
acteurs extérieurs, tierces personnes
servant de liant, de médiateur, de
dynamiseur. Il est à noter que ces
rencontres peuvent être
intégrées dans le cadre de la
nouvelle circulaire des 108 heures parue au B.O. du
21 février 2013.
Exemples de
thèmes:
- la
motivation
- la communication non
violente
- la
co-éducation
-
l'autonomie
- les besoins
relationnels fondamentaux
-
l'autorité
- l'éducation
aux médias
- etc
Modalités de
mise en uvre:
- un mercredi ou
un samedi matin
- lors d'une
journée pédagogique,
- le temps d'une
soirée-débat
Le Web
Skype, blogs,
web-radio, comptes twitter et autres réseaux
sociaux sont autant d'espaces numériques
présentant l'intérêt
d'être des dispositifs à la fois
mobiles, interactifs et collaboratifs, ouvrant une
fenêtre de plus sur l'espace classe, trop
souvent fermé sur lui-même. Pas de
contraintes de lieux ni de temps, chacun peut s'y
connecter au moment qui lui semble importun et
participer à sa manière en fonction
bien sûr, du projet pédagogique et
éducatif et de la charte d'utilisation
co-élaborée à cet effet. Seul
impératif: être
équipé.
Exemples de
dispositifs existants de la maternelle au
lycée
- Blog de classe
auquel les familles sont associées si
elles le souhaitent
- Blog de parents
pouvant être insérés au
sein d'un blog d'école
-TwittClass donnant
à voir aux familles les apprentissages
de leurs enfants
Pour conclure ce
dossier-témoignage, chacun des exemples
cités ayant été
personnellement expérimenté, (mais
bien d'autres encore existent ici et là!)
j'insisterais à nouveau sur cette
idée qu'on ne peut raisonnablement,
éthiquement et humainement, faire l'impasse
ni sur la mutualisation des compétences
collectives ni sur l'histoire personnelle de
chacune des familles. Si l'on souhaite s'inscrire
dans une logique d'éducation durable, il
n'est guère d'autre chemin que celui de la
coopération. C'est pourquoi il m'a paru
utile de témoigner de ces types de
dispositifs impliquant les parents eux-mêmes
au delà de la seule relation
enseignant-parentdélève, relation
souvent infantilisante car dissymétrique et
verticale. Dispositifs simples à mettre en
place et fort éclairants dans de nombreux
domaines. On y apprend des enfants, on y apprend
des parents, on y apprend des autres et de
soi-même. On apprend à l'école,
oui, mais on n'apprend pas qu'à
l'école et surtout il est grand temps que
l'école accepte, elle aussi, d'apprendre des
autres
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