Les bienfaits
des images Serge
Tisseron Éditions Odile
Jacob (2002) ISBN:
2-7381-1203-X (21,8 €) Dernière de
couverture Faut-il interdire
le sexe et la violence sur nos écrans ?
Faut-il y voir un danger incitant à la
banalisation, à la délinquance, aux
déviances? Face à ce débat de
société, qui est aussi un défi
culturel, c'est le pouvoir des images sur nos vies
qu'interroge ici Serge Tisseron. Bousculant les
idées reçues, rejetant
l'indifférence comme la condamnation, il
montre en quoi le bien réel que nous font
les images est égal à leurs possibles
méfaits. De même qu'un
médicament peut empoisonner ou
guérir, tout y est affaire
d'adéquation, de sensibilité, de
personne. Apprendre à
reconnaître les bienfaits des images,
apprendre à discerner quand et comment elles
deviennent nocives, tel est l'enjeu de ce
véritable guide du bon usage des
écrans, valable pour tous, petits et
grands. SERGE
TISSERON. Psychiatre, psychanalyste, docteur en
psychologie, directeur de recherche à
l'université Paris-X, Serge Tisseron
travaille depuis quinze ans sur nos relations aux
images. Il est l'auteur, entre autres, de Tintin
chez le Psychanalyste. Table des
matières Introduction CHAPITRE
PREMIER ET SI LES ÉCRANS NOUS
SOIGNAIENT? Les fictions sont
notre respiration psychique Les nouveaux contes
de fées de nos écrans Les contes de
fées changent aussi Quand la
société contemporaine invente ses
nouveaux contes Humour, horreur et
compagnie Ces fictions qui
renvoient à soi Le 11 septembre
2001 et la fuite dans le merveilleux L'identité
transformée par les nouvelles
images. Chacun cherche ses
images CHAPITRE 2
LES IMAGES VIOLENTES, POISON OU
REMÈDE? La
culpabilité des images Qu'est-ce qu'une
image violente? Trois
stratégies pour surmonter l'impact
émotionnel des images violentes Le stress
émotionnel provoqué par les images
violentes nous est bien utile!.. Le stress des
images violentes favorise aussi les comportements
grégaires Sommes-nous tous
des personnalités fragiles? . Le miracle d'une
coïncidence vertigineuse avec soi. La catharsis, une
fausse bonne explication Quand la violence
des images permet de supporter les
difficultés de la vie quotidienne Nos souffrances du
passé apaisées par les
images Quand la violence
des images permet de nouer le fil d'angoisses sans
visage CHAPITRE 3
RÉALITÉ OU FICTION, COMMENT FAIRE LA
DIFFÉRENCE? Fiction,
réalité, c'est nous qui fabriquons la
confusion. Quand
l'ambiguïté des images fait exploser
les repères Quand le contexte
fait l'image La capacité
du spectateur d'apprivoiser les images Parents et enfants,
le bain familial des images . Réalité
ou fiction: les adultes sont-ils mieux
préparés que les enfants? Quand le
réalisateur des images favorise la distance,
ou au contraire l'empêche CHAPITRE 4
DU BÉBÉ GRIBOUILLEUR AU
BÉBÉ ZAPPEUR Le bonheur de
laisser des traces La construction de
la vie psychique étayée sur les
sens L'appropriation de
nos expériences du monde passe toujours par
l'autre Fabriquer une
image, c'est tenter de nous assurer que les autres
pensent bien à nous L'inconscient
collectif cimenté par les images Les images sont des
peaux à habiter mais il y a deux
manières de le faire Vive les
bébés zappeurs! CHAPITRE 5
LA MÉMOIRE Â L'ÉPREUVE DES
IMAGES Selon les
circonstances, les images rouvrent ou cicatrisent
les blessures de mémoire Quand l'image
réveille le traumatisme et le cicatrise
à la fois Des angoisses
incontrôlables des secrets de famille aux
plaisirs maîtrisés des spectateurs de
cinéma Les images sont
impuissantes à ouvrir une mémoire
à laquelle la famille s'oppose L'enfant pris entre
croire sa famille ou les images Des livres d'images
porteurs de secrets troublants Le souvenir d'un
événement qui n'a pas eu
lieu Une image
racontée peut s'incarner à la
génération suivante Des « placards
» pour les images CHAPITRE 6
FAUT-IL REPRÉSENTER LA SOUFFRANCE ET LA
MORT? Les images «
sans violence » complices de la
barbarie Deux mauvaises
raisons d'interdire les images violentes Idéaliser
les victimes pour éviter de les
dégrader Immortaliser les
victimes pour s'assurer de ne jamais les
oublier Les images dans les
musées de guerre : « mémorial
» ou « historial » ? CHAPITRE 7
ENFANTS ET PARENTS FACE A LA PORNOGRAPHIE LA
CENSURE, ET APRÈS? L'enfant
bouleversé par la pornographie Les
réactions de l'enfant au spectacle
pornographique. Parler de
sexualité aux jeunes enfants Pornographie et
viol collectif. Une machine
à tuer la métaphore Psychanalyse du
pornographe Sexe et
pornographie au cinéma : un mariage
inévitable ? La pornographie,
pour notre malheur CHAPITRE 8
FAMILLES, A VOS ÉCRANS DES DANGERS AU
PLAISIR Les trois sources
de notre croyance dans les images Les trois aspects
de la réalité L'éducation
contre les confusions Trois attitudes
pour nous approprier les images Les images
humoristiques comme médicament. Les émotions
sont des portes d'accès à la fois aux
images et à nous-mêmes Penser en images,
en mots ou en gestes Cinq mesures
pratiques pour vivre en bonne intelligence avec les
images CONCLUSION
ET SI LES IMAGES N'EXISTAIENT PAS? Un passage <<Qu'est-ce
qu'une image violente? On parle d'«
images violentes » comme si chacun savait
précisément de quoi il s'agit. Or,
à cette question, on peut apporter deux
réponses différentes et
également importantes. Tout d'abord, on peut
désigner comme violente une image que la
majorité d'un groupe, à un moment
donné, ressent comme telle. Cette
définition est nécessaire dans la
mesure où elle peut guider les responsables
éducatifs ou politiques dans l'attribution
d'interdictions de certains spectacles aux mineurs.
Mais il est essentiel d'avoir conscience qu'elle
change d'un pays à l'autre, et aussi d'une
époque à une autre. Le film
Théorème, de Pasolini, jugé
indécent et dangereux pour les mineurs
à sa sortie, paraît bien anodin
aujourd'hui, mais cela ne l'a pas
empêché d'être programmé
en 1998 sur une chaîne publique à 23
heures, accompagné de la signalétique
réservée aux films jugés
particulièrement dangereux. Signaler, c'est
bien. Savoir faire évoluer la
signalétique avec les murs, c'est
mieux! La seconde
définition possible d'une image violente ne
concerne pas les groupes, mais les personnes. Une
image est en effet ressentie comme « violente
» par un spectateur lorsqu'elle le submerge
d'émotions qu'il ne parvient pas à
identifier et qui l'empêchent de penser.
Cette seconde définition est totalement
indépendante de la première, une
image perçue comme anodine par la plupart
des spectateurs pouvant toujours être
ressentie comme violente par l'un d'entre eux. Mais
elle est tout aussi importante. En effet, si la
prise en compte des réactions possibles
d'une majorité de spectateurs est ce qui
doit guider le politique-notamment du fait des
troubles de l'ordre public qui peuvent en
résulter -, la réaction
émotionnelle et cognitive propre à
chacun est ce qui doit guider le parent, le
pédagogue et l'éducateur
confronté à des enfants. Mais
peut-être le lecteur s'étonne-t-il de
voir invoquer ici l'impact émotionnel des
images. En effet, lorsqu'on questionne des
adolescents, ou même des enfants, sur ce
qu'ils éprouvent à voir des images
violentes, ils répondent en
général « qu'ils y sont
habitués depuis qu'ils sont tout petits
», que « ça ne leur fait plus rien
» ou même que « c'est rigolo
». On pourrait croire alors qu'ils n'en sont
pas affectés et qu'ils ont appris
précocement à établir entre
les images et eux une distance critique que bien
des adultes pourraient leur envier. C'est parfois
ce que disent certains parents pour se rassurer :
les enfants seraient beaucoup plus «
mûrs » que leurs aînés face
aux images. Ils regarderaient les violences
cinématographiques comme du « grand
guignol » et n'en seraient pas dupes. Cela
n'est pas totalement faux, mais ne rend compte que
d'un seul aspect de l'expérience des jeunes.
Revenons en effet à ce qu'ils peuvent en
dire. Si on ne se
contente pas de leurs premières
réponses rassurantes ou ironiques et qu'on
pousse le dialogue avec eux, on s'aperçoit
qu'elles sont loin de refléter
l'ensemble de ce qu'ils ont éprouvé'.
Assez vite, les jeunes qui ont vu des images
contenant des scènes de violence
évoquent en effet des émotions
désagréables comme l'angoisse, la
peur, la colère ou encore le
dégoût.>>p.47-49 Commentaire Un livre simple
à lire qui pose les questions de notre
époque, celles de l'image et du virtuel. On
peut ensuite approfondir avec l'autre livre du
même auteur, plus difficile, plus
théorique : "Psychanalyse
de l'image" Voir aussi http://www.journaldunet.com/itws/it_tisseron.shtml http://savoirscdi.cndp.fr/rencontrelyon/tisseron/tisseron.htm