Comprendre et
aider les élèves en
échec (L'instant
d'apprendre) Emmanuelle
YANNI Édition E.S.F.
(2001) Dernière de
couverture En classe de
cinquième un professeur d'anglais demande
à ses élèves de traduire
l'expression suivante : « La voiture rouge de
mon père ». Arthur ne le fait pas et
donne une explication surprenante : « Je ne
peux pas traduire ça, je n'ai pas vu mon
père depuis longtemps. » Telle est une
des multiples anecdotes qu'Emmanuelle Yanni raconte
dans ce livre, une des histoires à partir
desquelles elle développe une conception
originale de l'échec scolaire : pour
certains élèves, l'échec n'est
pas dû, comme on le dit trop souvent,
à l'absence de sens des apprentissages mais
bien à un excès de sens. Or, dit l'auteur,
l'échec scolaire est encore trop souvent
pensé en termes de défaillance, de
manque ou de handicap. Souvent l'on impute
l'échec d'un élève à
une fatalité psychologique ou sociologique
dont il ne pourrait se défaire. Parfois l'on
dit d'un élève qu'il est en
échec par manque d'intelligence ou de
volonté. Dans ces conditions, l'aide
pédagogique est essentiellement
pensée en termes de compensation » : il
faut augmenter la pression sur l'enfant pour
obtenir de lui de meilleurs résultats. On
privilégie alors le retour aux bases »,
la simplicité, la rigueur. Il faut
être « clair », éliminer
toute information superflue, concentrer l'attention
sur l'essentiel, faire répéter et
refaire jusqu'à la complète
assimilation. Emmanuelle Yanni ne
croit pas qu'on puisse ainsi vraiment aider
quiconque : elle se place
délibérément du point de vue
du sujet qui apprend, pour tenter de comprendre ce
que l'échec signifie pour lui. Elle montre
que l'erreur doit être comprise comme faisant
partie du raisonnement du sujet ; sa place se situe
à l'intérieur même du processus
d'apprentissage, il devient nécessaire de
l'intégrer dans le processus d'enseignement
si l'on veut que celui-ci ait la moindre
efficacité. Ainsi,
l'échec apparaît comme un moyen que se
donne une personne pour se protéger face
à l'inconnu ou au danger. Cet échec
serait à entendre comme le résultat
possible de la rencontre du sujet avec la
connaissance, une rencontre qui le surprend, le
déstabilise et trouble ses pensées.
C'est là où,
précisément, se situe «
L'instant d'apprendre » car c'est à ce
moment que le sujet réorganise sa
pensée. Il s'agit alors, pour l'enseignant,
d'accompagner l'élève dans le passage
difficile d'une rive à l'autre : de
l'enfermement dans le vécu subjectif vers la
réalité partagée. Emmanuelle
Plantevin Yanni psychologue clinicienne et
docteur en sciences de l'éducation, a
travaillé pendant dix ans comme accueillante
en mission locale puis formatrice dans les
dispositifs de formation auprès
d'élèves en grande difficulté
scolaire. Depuis six ans elle intervient en tant
que psychologue auprès
d'élèves de collège en
difficulté scolaire, en lien avec leurs
parents et leurs enseignants dans le cadre d'un
service de prévention de dépistage et
d'aide thérapeutique. Par ailleurs, elle
accompagne des groupes d'enseignants dans une
réflexion sur leur pratique. Table des
matières Préface
Introduction Première
partie REPÉRAGES Chapitre
1 : Entre psychologie et pédagogie ; Les
différences entre les champs
théoriques ; Les points de rupture Un angle
de vue différent Chapitre 2
: L'apprentissage scolaire et ses
spécificités ; Apprendre et
désir d'apprendre La mise en formation Les
spécificités du contexte
scolaire Chapitre
3 : Une définition de l'échec
scolaire; Les pistes que nous ne suivrons pas.
Échec ou difficulté ? L' acquis et
l'appris Deuxième
partie L'ÉCHEC
SCOLAIRE PAR EXCÈS DE SENS Chapitre
1 : L'échec scolaire par « absence
de sens » accordé aux connaissances :
une conception bien ancrée ; Absence de sens
et contextualisation des connaissances; Absence de
sens et échange de signes; Absence de sens
et transmission de connaissances Chapitre
2 : L'excès de sens et ses effets au
niveau de l'apprentissage dans le contexte scolaire
Les signes que l'élève donne à
voir Effets
d'excès de sens dans les comportements qui
accompagnent l'apprentissage
(attitudes, paroles et utilisation des
objets) Effets
d'excès de sens liés à la
connaissance (à son contenu et à sa forme).
L' incidence de la forme
pédagogique Chapitre 3
: Peut-on vraiment parler d'échec par
excès de sens ? La place de
l'excès de sens De l'excès de sens
à l'inhibition À l'origine, un
processus normal ? Troisième
partie DE
L'ÉCHEC SCOLAIRE À
L'HYPOTHÈSE D'UN FONCTIONNEMENT
ORIGINAL DE LA PENSÉE: LA FUSION Chapitre
1 : L'apprentissage « raté
» Le
non-apprendre « . L' autre
réponse » Quelle
représentation psychique ? Chapitre 2 :
Les articulations entre les différents
niveaux de sens La fonction de
pivot Le modèle de
la « métaphore accaparante » de
Bruner De la chaîne
déductive à la chaîne «
affectivo-déductive » Chapitre 3 :
Les caractéristiques de cette fusion de la
pensée Le retour aux
sources de la pensée Le recours à
une pensée plus archaïque Jouer avec ce qui
résiste à l'entendement Chapitre
4: Les caractéristiques du
fonctionnement psychique de la fusion L'idée d'une
barrière L'idée d'un
« objet flottant » Une pensée
projective Une pensée
intermédiaire Quatrième
partie L'INSTANT
D'APPRENDRE ET SA RÉSOLUTION: DE LA FUSION
À LA DISSOCIATION Chapitre 1
: L'instant d'apprendre : repères Un
contexte psychique particulier. Un contexte
cognitif particulier De l'analyse de l'erreur
à celle de l'instant d'apprendre Chapitre
2 : Le chaos Une définition du chaos
Pourquoi peut-on parler de chaos à propos de
l'instant d'apprendre ? Le concept de chaos
psychique et la théorie des catastrophes
comme modèle explicatif de l'instant
d'apprendre Une représentation du changement
pour penser l'instant d'apprendre Chapitre 3 -
La dissociation U existence d'une limite psychique
comme préalable à l'apprentissage La
rencontre nécessaire La
dissociation Cinquième
partie PENSER . L'
APPRENDRE DANS L'ENTRE-DEUX Chapitre
1 : L'entre-deux dans une perspective
transitionnelle. Une définition de
l'entre-deux . L' expérience transitionnelle
de l'apprendre. Comment définir l'espace
transitionnel en pédagogie ? Les situations
transitionnelles en pédagogie Les objets
transitionnels en pédagogie : l'objet
éphémère Chapitre 2
: Vers une gestion pédagogique de
l'instant d'apprendre Comment aider l'enfant
à jouer avec ce qui résiste à
l'entendement ? Quelles
expériences ou situations proposer dans cet
entre-deux, et quelle place leur donner dans le
processus d'apprentissage ? Quelle place
l'enseignant devrait-il occuper dans cette approche
? Une illustration en
guise de conclusion Conclusion Bibliographie Commentaires Ce livre change
la représentation que beaucoup ont de
l'échec scolaire : ce n'est plus par "manque
de sens" que l'élève n'est pas
motivé mais c'est "par excès de sens
"qu'il se trompe. Il ne s'agit
plus alors de "donner du sens" au travail que l'on
propose aux élèves mais de
"travailler" sur cet excès de sens avec les
élèves pour leur permettre une
séparation des sens multiples qu'ils
ont. L'auteur montre
alors comment "entendre" ces excès de sens
et comment procéder pour faire cette
séparation. Ce livre a le
mérite de présenter beaucoup
d'exemples et permet ainsi de comprendre comment
fonctionne le psychisme d'un élève
qui n'est pas que "logique"(ce qui est rarement
enseigné en I.U.F.M.!) C'est un livre
de la même veine que "La peur d'apprendre" de
Boimard; il allie des considérations
théoriques sans concession: Il prend par
exemple le modèle de la "théorie
des
catastrophes"
pour présenter ce moment de crise, de chaos
qu'est "l'instant d'apprendre". Ces passages seront
parfois peut être un peu ardus pour
l'enseignant non préparé ( mais on
peut les sauter! ) et les descriptions et
applications concrètes multiples
intéresseront tout le monde.