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Journal de guerre 39-45

Pour les profs d'histoire et ceux qui aiment l'histoire 

 

    J'ai tenu ce journal de 1939 à 1945. En 1939, j'avais 10 ans. J'en présente quelques pages pour montrer l'ambiance dans laquelle baignaient des jeunes comme moi à cette époque.

       Avec l'espoir que nos élèves et nos enfants ne retrouveront jamais ce climat !

A 11 ans

Les premières pages 

       Nous habitions la banlieue parisienne à Levallois Perret et en 1940 se fut l'exode. Mon père suivit son usine dans le centre de la France et ma mère, ma soeur et moi nous sommes partis pour Pontivy en Bretagne (ville dont ma mère est originaire). Cette séparation a duré un an. A Pontivy j'étais en CM2 et l'année s'est terminée par mon échec à l'examen d'entrée en 6 ème

 

A l'armistice, retour dans notre appartement à Levallois Perret

 

       Je redouble mon CM2 à l'école communale de Levallois Perret. A 500 m se trouvent les usines Renault de Billancourt fabriquant des tanks allemands !

 

 

Les bombardements dont j'entendais parfois le sifflement des bombes et leurs explosions m'ont fortement impressionné.
 

 

 

 

 

 

 

 

       On avait distribué des masques à gaz pour les adultes mais pas pour les enfants ! Mon père qui avait été gazé à la guerre 14-18 m'a alors acheté un masque à gaz.
 

Le climat d'insécurité a laissé des traces profondes en moi

       Les alertes par sirènes se traduisaient par une course vers la cave (4 étages plus bas) avec une bougie (pas de lumière dans les caves). Souvent, lassés, nous nous contentions de nous réfugier dans un couloir sans fenêtre de notre appartement.

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La nuit parfois, mon père et moi restions fascinés, angoissés et pétrifiés devant "le spectacle" vu de cette fenêtre:

les projecteurs allemands cherchant les avions, les balles traçantes montant dans le ciel, les fusées éclairantes jetées par les avions anglais ou américains; tout cela dans un vacarme assourdissant de tirs de canon de D.C.A., de sifflements de bombes et d'explosions. Il arrivait que nous voyions avec terreur un petit avion, très haut, pris dans les projecteurs avec une longue traînée de fumée; On le regardait faire demi-tour pour repartir vers l'Angleterre.

A droite un des papiers argentés jetés par milliers par les avions américains pour tromper les projecteurs allemands; on en trouvait partout.

  

Les restrictions de toutes sortes conditionnent, parfois encore, mon comportement!

       Restrictions de nourriture, gaz, électricité... et des queues de plusieurs heures. Nous nous relayions, ma soeur, ma mère et moi pour garder notre place. On s'échangeait des tickets (des tickets de cigarettes contre des tickets de pain...) ou on en achetait ! Nous avions devant notre fenêtre un marchand de charbon, mais pas de charbon chez nous ! Mon père faisait des boulets avec de la poussière de charbon, des vieux journaux trempés dans un mélange d'eau et de colle puis séchés; c'était avec cela que l'on alimentait notre unique poêle.

 

       Les journaux annonçaient les numéros ou lettres des tickets valides en fonction des arrivages. C'est ainsi que les quantités auxquelles nous avions droit étaient purement théoriques !

 

 

 

 

 
Je suivais les avancées des troupes alliées et je les reportais sur des cartes. 

 

 
 
 La libération approche
 

 

       La libération de Paris arrive. Une période troublée propice aux fausses nouvelles s'installe

 

 

Les barricades apparaissent partout.

Puis arrivée du Général de Gaulle (en bas à droite)

 

       Ce qui m'étonne aujourd'hui encore, c'est que dans mon journal il y a une absence d'affects, et une importante quantité de nombres, comme si la recherche d'une objectivité illusoire me protégeait de l'angoisse trop importante due au climat général. J'ai retrouvé ces affects par la suite dans mon analyse et l'utilisation des nombres pour lutter contre l'angoisse est peut-être une des origines de mon intérêt pour les maths !

       J'ai, certes, vécu la guerre (celle de 39-45 et en Algérie où j'ai été rappelé) mais j'ai aussi vu apparaître la radio: j'ai vu mon père construire un des premiers postes à galène; puis il y a eu la venue du téléphone, fixe puis mobile, de la télévision (en noir puis en couleur...en attendant le relief), de l'eau chaude par chauffe-eau, du chauffage central, de la machine à laver le linge (notre première machine avait une manivelle que l'on tournait à la main ), de la voiture (mon père n'a eu qu'une moto), des locomotives électriques et du TGV (après celles à vapeur et au charbon avec leurs escarbilles que je recevais dans les yeux en me penchant aux fenêtres), des avions permettant le tourisme, des calculettes ( "les enfants ne sauront plus compter" !), des ordinateurs (IBM1 avec cartes perforées pour mes premières recherches, TO7 puis Apple 2e...), internet...et facebook. Tout cela en une génération !

       Le monde change vite et notre enseignement devrait mettre en son centre la créativité et l'adaptation aux situations nouvelles.
 

 

Voir également sur ce site:

http://www.pedagopsy.eu/vote_europe.htm

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Réactions

<<Super surtout pour un enfant de 10 ans !j ai 7 ans de plus que cet enfant et originaire aussi de levallois perret . mon père travaillait aussi dans l usine des taxis G7 et mes parents sont partis en exode et moi aussi... je suis allé à l’école Marjolin où j ai obtenu mon CE puis à Cavé pour le brevet puis ecole d apprentissage rue baudin sorti avec un cap d ajusteur... je recherche beaucoup d anciens comme moi qui ont subi cette guerre et y ont participé... pour ma part je suis rentré dans la resistance... Je m appelle ROGER CRUEIZE et j habitais rue trezel ... j aimerais avoir une reponse si je pouvais retrouver des copains ou copines de l epoque... merci >>

<<Merci de m'avoir répondu ! Votre cahier d'écolier (miracle de l'avoir conservé après toutes ces années) est bouleversant dans sa rigueur quasi ascétique. On ne peut que se demander qui est cet enfant - corseté dans sa pudeur - tellement capable de se transformer en scribe, qu'on lui prête presque immanquablement un destin altruiste avant tout ... Vous m'impressionnez ..>>.

<<Je suis assez perturbée depuis que j'ai lu ce journal tant je me pose de questions et j'aimerais beaucoup savoir d'où vient l'idée de tenir ce journal. Est-ce à l'initiative de Jacques Nimier lui-même, ou bien est-ce une suggestion de ses parents ? Difficile d'imaginer qu'un enfant si jeune décider, de son propre chef, de se transformer en chroniqueur et d'occulter presque totalement son ressenti >>...

<<Merci beaucoup de partager cela avec tous. J'aurais aimé tourner les pages de vos cahier. C'est un trésor à garder et à passer de mains en mains.>>

<<Cette distance et ce souci d' être objectif, impersonnel, et comme non concerné sont tout à fait stupéfiants de la part d'un enfant de cet âge ! Merci>>

<<Merci beaucoup Jacques pour ce témoignage extrêmement instructif, et aussi singulier. Je retrouve ce que mes anciens et mes parents ont pu narrer de cette période. >>

<<Tres touchant voir aussi ce lien:

http://www.wikithionville.fr/index.php?title=Andr%C3%A9_Alexandre,_grandir_en_temps_de_guerre,_de_l%27%C3%A9vacuation_de_Thionville_%C3%A0_l%27expulsion >>

<<Bravo. J’ai fait la même chose du 6.4.1941 au 25.8. 1944 (700 pages). J’avais de 15 à 18 ans.>>

<<Pas besoin de décrire mon enfance, ce Journal de guerre d'un inconnu occulte peu de choses et ravive mes souvenirs - merci Jacques Nimier >>

<<IL FAUT VRAIMENT AVOIR DU COURAGE POUR RESSORTIR LE JOURNAL INTIME DE NOS 10 16 ANS ALORS QU ON EN A PLUS DE 60(ENFIN JE PENSE......)>>

<<ça devrait intéresser papa et je crois que l’on parle des papiers argentés jeter par avion!>>

<<Bravo pour ce travail>>

<<C'est d'une tristesse lancinante! S' il y a une valeur pedagogique la-dedans, j'ai peur qu'elle reste muette, ne pouvant pas etre transmise! L'experience se vit, ne se transmet pas. >>

<<Super, quel travail >>

<<Merci, Mon père qui a un an de différence avec vous, me disait qu'il regrette de ne pas avoir pris ne serait ce que des notes factuelles comme celles que vous aviez prises pendant la guerre car c'est le point de départ pour se rappeler justement des états intérieurs dans lesquels on pouvait se trouver. Merci d'avoir partagé cela. >>

<<Ton journal de guerre est extrêmement émouvant et on aurait envie de tout lire même si l'écriture est un peu difficile à déchiffrer. Et il donne envie de se replonger dans la géographie pour situer tous les lieux que tu cites et qui ont disparu de l'Histoire : on ne peut pas tout retenir, évidemment. C'est de l'histoire par le "petit bout de la lorgnette", et c'est un oeil d'enfant qui nous retrace son quotidien, c'est vraiment touchant. Où puisais-tu tes informations? Dans un journal, à la radio, dans les informations que donnait l'instituteur? Suiviez-vous l'avancée des troupes en classe? >>

<<J’ai été très touchée par votre journal et par cette volonté d’en rester aux faits, peut être aussi en plus de ’analyse que vous en faites , la certitude que vous viviez des moments très forts, on est beaucoup plus mur à 10 ans que la plupart des gens l’imaginent.De mon coté je suis née tout à fait à la fin de la guerre sous les bombardements et je sais que les conditions de cette naissance ont profondément marque mon engagement pour la paix et la non-violence qui m’ont amenée à proposer aux jeunes de devenir médiateurs.Ces jeunes eux-mêmes, sans qu’on y fasse allusion, font souvent le lien entre ce rôle de médiateur au service de leurs camarades et l’espoir, qu ’à leur mesure, ils contribuent à moins de violence dans le monde Bien cordialement. PS: et c’est sans doute aussi une des raisons qui m’a fait choisir de devenir professeur d’histoire..un autre regard sur le passé. >> Brigitte Liatard MédiActeurs Nouvelle Génération

<<Très émouvant, merci >> ; <<Merci, c'est vraiment très intéressant >> ; <<merci -document intéressant pouir les profs d'histoire et de morale>>

<<Incroyable! Je vais prendre plus de temps plus tard pour lire chaque mot. Je suis fasicné par ce compte d’enfant en même temps juvénil et adulte. Je parie que les enfants ont du grandir très vite à cette époque! Merci M. Nimier Jacques! Merci. Je vais partager avec mes collègues d’histoire! >>

<<Encore mieux une fois mis en page ton journal d’enfant>>

<<Un témoignage très touchant ! Plume sergent-major et encre violette, Pleins et déliés sur un cahier ligné avec marge à gauche, Souvenirs des dictées et des traits tirés à la règle...Le rationnement entre l'armistice d'Alger et le bombardement de Lorient...Quelles réalités pour l"enfant que tu étais, derrière ces mots tracés avec application ?..Merci, beaucoup de bonheur dans ce partage !>>

<<Merci un million de fois pour ce témoignage si précieux et émouvant. Je viens d’envoyer le lien à tous mes amis. La mémoire de la deuxième guerre mondiale est en train de se perdre chez les jeunes générations. Il faut absolument la maintenir vivante le plus longtemps possible. Surtout à cette époque qui a tant de point communs avec les années 30. Merci !>>

<<Très intéressant de voir ce qui était important à tes yeux d'enfant... L'impact des choses physiques sur l'affectif, la peur, la nourriture... Mais il y a également des éléments étonnamment importants pour les yeux d'un enfant et de nature plus "politique". On sent qu'il y a eu chez toi le besoin de transcrire, de rapporter, des choses entendues. Vraiment très intéressant.>>

<<Un témoignage important à mes yeux, car à hauteur d'enfant.>>

<<Quelle chance d’avoir des souvenirs ! J’ai fait table rase en jetant tous les témoignages et ma mémoire a fait de même. Bravo c’est super !>>

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