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A l'armistice, retour dans notre appartement à Levallois Perret
Je
redouble mon CM2 à l'école communale
de Levallois Perret. A 500 m se trouvent les
usines Renault de Billancourt fabriquant des tanks
allemands !
Le
climat d'insécurité a
laissé des traces profondes en
moi
Les
alertes par sirènes se traduisaient
par une course vers la cave (4
étages plus bas) avec une bougie
(pas de lumière dans les
caves). Souvent, lassés, nous
nous contentions de nous réfugier
dans un couloir sans fenêtre de
notre appartement. les
projecteurs allemands cherchant les
avions, les balles traçantes
montant dans le ciel, les fusées
éclairantes jetées par
les avions anglais ou
américains; tout cela dans un
vacarme assourdissant de tirs de canon
de D.C.A., de sifflements de bombes et
d'explosions. Il arrivait que nous
voyions avec terreur un petit avion,
très haut, pris dans les
projecteurs avec une longue
traînée de fumée;
On le regardait faire demi-tour pour
repartir vers
l'Angleterre. Les restrictions
de toutes sortes conditionnent, parfois encore, mon
comportement!
Restrictions
de nourriture, gaz, électricité... et
des queues de plusieurs heures. Nous nous
relayions, ma soeur, ma mère et moi pour
garder notre place. On s'échangeait des
tickets (des tickets de cigarettes contre des
tickets de pain...) ou on en achetait ! Nous avions
devant notre fenêtre un marchand de charbon,
mais pas de charbon chez nous ! Mon père
faisait des boulets avec de la poussière de
charbon, des vieux journaux trempés dans un
mélange d'eau et de colle puis
séchés; c'était avec cela que
l'on alimentait notre unique poêle.
Les
journaux annonçaient les numéros ou
lettres des tickets valides en fonction des
arrivages. C'est ainsi que les quantités
auxquelles nous avions droit étaient
purement théoriques !
La
libération de Paris arrive. Une
période troublée propice aux fausses
nouvelles s'installe Les barricades
apparaissent partout. Puis
arrivée du Général de Gaulle
(en bas à droite)
Ce qui
m'étonne aujourd'hui encore, c'est que
dans mon journal il y a une absence
d'affects, et une importante quantité
de nombres, comme si la recherche d'une
objectivité illusoire me
protégeait de l'angoisse trop
importante due au climat
général. J'ai retrouvé
ces affects par la suite dans mon analyse et
l'utilisation des nombres pour lutter contre
l'angoisse est peut-être une des
origines de mon intérêt pour les
maths !
J'ai,
certes, vécu la guerre (celle de 39-45
et en Algérie où j'ai
été rappelé) mais j'ai
aussi vu apparaître la radio: j'ai vu
mon père construire un des premiers
postes à galène; puis il y a eu
la venue du téléphone, fixe
puis mobile, de la télévision
(en noir puis en couleur...en attendant le
relief), de l'eau chaude par chauffe-eau, du
chauffage central, de la machine à
laver le linge (notre première machine
avait une manivelle que l'on tournait
à la main ), de la voiture (mon
père n'a eu qu'une moto), des
locomotives électriques et du TGV
(après celles à vapeur et au
charbon avec leurs escarbilles que je
recevais dans les yeux en me penchant aux
fenêtres), des avions permettant le
tourisme, des calculettes ( "les enfants
ne sauront plus compter" !), des
ordinateurs (IBM1 avec cartes
perforées pour mes premières
recherches, TO7 puis Apple 2e...),
internet...et facebook. Tout cela en une
génération ! Voir
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