Connaître
son corps pour commencer à mieux se
connaître" ?
Le
corps humain, dans ses dimensions
mécanique, anatomique et
physiologique est un domaine
traditionnellement important de
l'enseignement. Et les enseignants ne
rechignent pas à l'aborder,
contrairement à d'autres domaines.
Depuis les derniers programmes, la demande
institutionnelle ne se limite plus
à quelques éléments
d'anatomie, de physiologie,
d'hygiène ou d'activités
physiques, elle concerne -quoique de
façon encore trop
homéopathique- l'éducation
à et/ ou pour la
santé.
Les jeunes, quant à eux,
ont des attentes très fortes par
rapport à ce thème.
Malheureusement elles ne coïncident
pas souvent avec celles de l'institution
ou des enseignants. Et ils finissent par
s'y désintéresser
très rapidement pour cause d'ennui
!
Quels
modèles du corps?
L'école se devrait de
réfléchir quelques instants sur cet
étonnant ensemble d'atomes, de cellules et
d'organes qui constituent notre corps. Pourquoi les
présentations habituelles font perdre tout
intérêt à la plupart des
élèves. Quels modèles du
corps et quelles pratiques corporelles
valorisent-elles, soit de manière
implicite, soit plus explicitement ? Quel
imaginaire de la santé et de la maladie
véhiculent-elles ?
Comment répondre aux enjeux actuels ?
Quelles sont aujourd'hui les conceptions
collectives sur le corps, sur la relation qui
existe entre activité physique et
santé ? Comment aller au-delà de
l'apparence prônée par les magazines
de jeunes ?
D'autres valeurs, et par
là d'autres éducations sur
le corps, ne seraient-elles pas à
imaginer ou à valoriser ? En
définitive, sur quoi se centrer et
comment fournir des savoirs " porteurs
"? Education
et rééducation du
corps
A toutes les époques, dans toutes les
cultures, le corps de l'homme et celui de la femme
ont fait l'objet d'éducation ou de
rééducation. Cette éducation
pouvait être très directe au point de
marquer irrémédiablement le corps
sans passer par le cerveau ! Le corps
était bandé, scarifié ou
rectifié pour s'inscrire dans des normes ou
des valeurs. Mais peut-on parler en la
matière d'éducation ?
A partir de la Renaissance, le
corps se doit d'être droit. Ainsi, corps
droit et vertus sociales sont reliés : " Les
négligences du maillot et de l'âme
commencent toutes les imperfections de l'un et de
l'autre " (Fortin de la Hoguette 1648). Ce
redressement est obtenu d'abord par des maillots ou
des corsets avec armature ; progressivement par des
exercices tout aussi contraignants. Une
éducation qui se veut "médicinale"
est promue par les médecins
hygiénistes. Elle devient " corporelle ",
puis "physique" quand l'armée prend le
relais en injectant une série de pratiques
issues des exercices militaires.
L'école s'inscrit dans
cette longue tradition. En biologie,
elle présente un corps machine,
décomposé en quelques
mécanismes
séparés
Les plus
évidents à tout enseignant,
car habituels, sont la locomotion, la
digestion et la respiration dont on
décrit seulement " les tuyauteries
". Rien d'étonnant que le corps
humain excède et que les savoirs
appris soit des plus limités.
Toutes les évaluations le
confirment.
L'éducation physique et
sportive a fait le pas pour
s'éloigner de l'entraînement
militaire et de la gymnastique
médicale. Elle se veut contribuer
"à l'épanouissement
harmonieux du corps, de la
sensibilité, de la volonté,
de l'intelligence, et elle favorise la
santé psychique et physique de
l'élève ". En outre elle
souhaite valoriser
l'épanouissement, l'expression et
l'autonomie. Mais dans sa pratique
quotidienne, beaucoup reste à
faire. Des
perspectives possibles
Le corps, la santé ou encore
l'amélioration de celle-ci par l'exercice
physique semblent "fonctionner" dans
l'école, comme un " allant de soi ". C'est
cet allant de soi qu'il s'agit d'interroger. Est-il
réellement éducatif ? A quoi
correspond-t-il en définitive ? Ne
pourrait-on pas envisager le corps à
l'école tout à fait autrement ?..
Plusieurs directions ne sont-elles pas plutôt
à explorer
Parmi les multiples
possibles, trois semblent importantes pour
l'école. * Une
première approche
didactique
est dans "
l'apprivoisement " de son propre corps par l'enfant
très jeune.
L'enfant est souvent dans
l'étrangeté par rapport
à celui-ci. Une " éducation
corporelle " peut rendre le corps (son
corps) plus familier à travers ses
sensations, ses émotions, ses
désirs ? Comment les
reconnaître ? Les ressentir ? Les
connaître de l'intérieur ? En
dépasser les tensions ? La place du
plaisir lié à un rapport
ludique d'échanges avec
l'environnement ou avec l'autre, ses
stress, ses frustrations sont d'autres
accroches pour mener des activités.
Comment les apprivoiser ? Les positiver ?
Les exprimer ? Les partager ?
Dans les cours de biologie ou d'EPS, il
paraît indispensable de réintroduire
un corps vécu. De même, il
apparaît tout aussi important de l'envisager
comme "l'auteur" d'actions et porteur de
convictions et de sens à travers une
plus large place faite au théâtre,
à la danse ou au jeu de
rôle.
La personne, et elle s'appuie sur les
expressions et les ressentis d'un corps, devrait
avoir une place prioritaire ; pourtant elle est
trop peu envisagée à l'école.
Cette simple approche permettrait
déjà de cesser de faire du corps une
simple machine ou un objet marchand comme il l'est
dans la publicité. Elle permettrait au jeune
d'exprimer et de reconnaître qui il est
vraiment
* Une
deuxième direction serait de faire prendre
conscience au jeune de ses hautes
capacités.
Un corps, " ce n'est pas rien " ! Les
jeunes sont fiers par exemple de parler de leur
vélo ou de leur game-boy qui peuvent faire
une centaine de pièces. Un corps humain,
c'est 40 mille milliards de pièces, les
cellules. Et chacune de ces "minusculissimes"
cellules n'est pas une simple "brique",
empilée les unes sur les autres. Chacune
présente des raffinements inouïs,
dignes d'un meilleur scénario de
science-fiction. Une seule cellule intestinale d'un
centième de millimètre peut avoir
jusqu'à 30 000 villosités pour
augmenter sa surface externe et faciliter
l'absorption des aliments digérés.
Une simple cellule du foie peut contenir 1 000
à 2 000 mitochondries, lieux d'intenses
activités énergétiques ou
encore des dizaines de milliers de ribosomes qui
synthétisent des milliers de
protéines différentes. Dans chaque
intérieur cellulaire, des centaines de
milliers de réactions chimiques s'y
déroulent à la seconde. Pour produire
la peau, les muscles, les os... et tout le reste,
le corps fabrique plus 100 000 produits
différents dont trente mille sont de vraies
merveilles de sophistication, les
enzymes
.
Découvrir et prendre conscience
des aptitudes incroyables du corps en
l'étudiant comme un "
écosystème ", unique et complexe, qui
de surcroît a une histoire, celle de la Vie,
de la Terre et de l'Univers, renforce l'estime de
soi, mais pas seulement
De même, le jeune n'utilise pas
suffisamment ses compétences, qu'elles
soient cognitives (utilise-t-il le millième
des capacités du cerveau !) ou
réparatrices (en prend-t-il suffisamment
soin ?)
De façon pragmatique, une
place importante faite à la personne
physique, à ses potentialités et non
à ses apparences ou à ses parties
envisagées séparément peut
contribuer également à
préserver la santé. Nos
décideurs devraient être plus
attentifs à une telle approche, le trou de
la sécurité sociale pourrait
être comblé facilement !.. * La
troisième orientation pour le corps à
l'école est dans une mise en perspective de
l'imaginaire
social.
Les projets étudiés en
classe peuvent contribuer à clarifier des
liens entre corps, gestuelle, émotions, mais
également culture, éthique, histoire
et art de vivre. Autant de sujets de recherche
! Ils peuvent conduire à mieux comprendre
les manières de représenter le corps
humain, aussi bien dans l'histoire de l'art que
dans les modes récentes.
De même, les différentes
façons de penser le corps, la santé,
la maladie, les techniques de prévention ou
de soins sont extrêmement
révélatrices du contexte social, des
avancées scientifiques, de l'histoire des
idées et encore des différentes
façons de penser l'être
humain.
Comment un modèle culturel, des
normes sociales induisent-ils une façon de
marcher ou de manger et combien celles-ci
sont-elles diverses ; ces études sont
très révélatrices pour les
élèves. Elles sont autant de points
de départ pour s'initier à
l'anthropologie, l'éthique, la philosophie,
la psychologie, savoirs toujours absents de
l'école.
Faire entrer le corps avec ses
multiples dimensions dans la culture
pourrait être un enjeu pour
l'école du XXIème
siècle.
La conscience de son propre
corps n'est pas que dans l'image du corps
qu'en donne notre société
! <<Et bien
quel enjeu essentiel que voilà!Enfin de
lintelligence relié au
sensible!lhumanité à soif de
cela mais se remplit de tellement de choses
inutiles et encombrantes pour son corps et son
esprit!Merci pour cet propostion denjeu
essentiel! Christophine>> << Et bien
quel enjeu essentiel que voilà!Enfin de
lintelligence relié au
sensible!lhumanité à soif de
cela mais se remplit de tellement de choses
inutiles et encombrantes pour son corps et son
esprit!Merci pour cet propostion denjeu
essentiel!>> Christophine <<Cest
très instructif tout ceci pour moi qui
aimerais faire la
médécine>>
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