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Invitation au voyage en Finlande

Paul Robert

 

            Voilà maintenant 8 ans qu'avec une insolente régularité la Finlande rafle les premières places dans les évaluations internationales des systèmes éducatifs. Et pas seulement en termes de résultats bruts, mais aussi en termes d'équité et d'efficacité. Il serait donc possible de faire réussir globalement mieux les élèves tout en réduisant les écarts de performances entre eux et cela sans faire exploser le budget consacré à l'éducation .

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La Finlande et la France

             En France, on n'a commencé que très récemment à s'intéresser au " miracle " finlandais. Souvent d'ailleurs sans prendre la peine de se déplacer et pour en dénoncer a priori les " faux-semblants " en alignant toutes sortes d'arguments fallacieux (la langue, l'homogénéité culturelle, le climat, que sais-je encore…) qui semblent avoir surtout pour but d'éviter toute remise en question dérangeante. Comme si l'on pressentait qu'admettre qu'on puisse faire réussir mieux tous les élèves sans dépenser plus (voire en dépensant moins) obligerait à réviser des dogmes (pour ne pas dire à transgresser des tabous) bien établis.

 

             Certes ce paradoxe finlandais n'est pas sans danger, on le voit bien. Chercher à faire passer en France des réductions budgétaires drastiques au motif que là-bas on avait démontré qu'il était possible de réussir à moindre coût, tient de la malhonnêteté intellectuelle, si par ailleurs on ne s'emploie pas sérieusement à comprendre comment les finlandais s'y sont pris pour en arriver là. Il faut pour cela plus qu'une visite éclair dont on revient avec des déclarations fracassantes que l'on s'empresse de renier en élaborant des programmes qui sont l'exacte antithèse des solutions pédagogiques finlandaises.

on se croirait à la maison, mais on est au jardin d'enfants
La réussite finlandaise

             Pour comprendre la réussite finlandaise il faut rencontrer et écouter des professeurs, des élèves, des chefs d'établissement, des responsables éducatifs, il faut lire l'abondante littérature que les finlandais ont pris la peine de mettre à disposition de tous en traduisant en anglais l'intégralité de leur textes de lois, de leurs programmes, de leurs évaluations, de leurs plans de développement, sans compter nombre d'études sur le système éducatif et son histoire, sur la formation des professeurs… et sur les résultats aux évaluations PISA, qui sont également accessibles dans cette langue. C'est pour ma part ce que j'ai fait, afin de ne pas me contenter d'une vision parcellaire mais de saisir l'originalité profonde du système finlandais.

une classe unique dans une école rurale

             Là-bas on a décidé, voilà longtemps maintenant de mettre radicalement l'élève, mieux l'enfant, au centre du système. Cette formule aujourd'hui si décriée en France par certains tenants du marche arrière toute n'a jamais été réellement mise en pratique. Mettre l'enfant au centre du système cela veut dire d'abord le considérer dans sa globalité. Alors que dans les nouveaux programmes français du primaire on cherche à faire entrer tous les élèves dans un même moule, quitte à recourir aux vieilles méthodes de " bourrage " si justement dénoncées il y a déjà 80 ans par Célestin Freinet, on a compris en Finlande que c'est en prenant réellement en compte la diversité des enfants et leurs besoins particuliers que l'on pourrait permettre à chacun d'exprimer toutes ses potentialités.

 

 L'impression première du visiteur

             C'est pourquoi l'impression première qui saisit le visiteur étranger dans un établissement finlandais, c'est la décontraction, naturelle et non provocante, des élèves. On veille à ce que chacun puisse avoir le sentiment d'être lui-même à l'école tout comme à la maison. Du coup les élèves se sentent chez eux à l'école et évoluent dans un environnement chaleureux et détendu, du jardin d'enfant jusqu'au lycée. Les relations entre les élèves et les adultes sont empreintes d'affabilité et d'une grande proximité. Les professeurs ne cherchent pas à dresser un mur d'autorité entre eux et leurs élèves. L'autorité découle naturellement du fait que chaque élève sent que le professeur est là pour l'aider dans un processus de croissance globale, dont l'acquisition des savoirs fait bien sûr partie mais qui ne s'y résume pas.

Travail en groupe décontracté dans un cours d'histoire

 

  La formation des enseignants

             Chaque professeur a bénéficié d'une formation pédagogique poussée. La connaissance approfondie des processus d'apprentissage, fait que l'on a résolument tourné le dos au cours magistral. On sait que tout apprentissage ne peut se faire que s'il a un sens pour l'élève. Aussi cherche-t-on avant tout à le mettre en activité, à solliciter sa curiosité, à développer son autonomie et à favoriser ses initiatives. Autonomie et initiative… Certains se souviennent que cela fait désormais partie des compétences fondamentales à acquérir par tous les élèves français au cours de leur scolarité obligatoire. Mais quel espace a-t-on laissé réellement pour cela ? Les tenants du tout disciplinaire se sont employés à réduire systématiquement les champs nouveaux ouverts par de précédentes réformes et dans beaucoup de collèges, les IDD, pourtant en principe toujours en vigueur, ne sont plus qu'un lointain souvenir… Et la dernière circulaire de rentrée ne les mentionne même plus !

 

 Les établissements

             Un autre trait caractéristique du système finlandais est la très grande autonomie laissée aux établissements. Les professeurs sont recrutés localement (par les municipalité et les chefs d'établissement), les programmes nationaux peuvent être largement adaptés aux réalité du terrain, et les chefs d'établissement ont une grande latitude pour définir et mettre en œuvre une politique éducative. Pour autant là-bas les différences de réussite entre les écoles sont bien plus réduites que dans d'autres pays où, comme en France, le centralisme est encore très poussé. Les finlandais ont compris que l'on avait tout à gagner à faire réellement confiance aux acteurs de terrain, car ce sont eux qui savent le mieux quelles sont les caractéristiques, les besoins et les attentes de leur élèves.

Ruée vers la bibliothèque de classe en cours de finlandais

 

Invitation au voyage

             Certains trouveront peut-être le tableau que j'ai brossé du système finlandais excessivement euphorique. Je les invite à faire eux aussi, avec ouverture d'esprit et sans a priori, le détour par un pays qui a su, en trente ans de réformes ininterrompues, passer d'un système inégalitaire, sélectif, élitiste et hypercentralisé à une école entièrement nouvelle fondée sur des valeurs d'équité, de respect des différences et d'autonomie.

             Peut-être alors rêveront-ils eux aussi de voir la France se détourner des querelles stériles, des schémas de pensée binaires, pour édifier sur un sujet aussi crucial que l'éducation un consensus qui permette d'avancer, sans à-coups ni brusque changements de cap, dans une direction mûrement réfléchie, pour le bénéfice de tous les élèves. Ne risquons-nous pas sinon de ne plus être en mesure de relever les défis de demain ?

Paul Robert, auteur de La Finlande : un modèle éducatif pour la France ? Les secrets de la réussite. ESF Editeur, mars 2008.

 

Un exposé en anglais sur la pratique du roller

Un vaste espace de jeu dans un jardin d'enfants
Détente entre deux cours au lycée
Pour compléter

Lire le livre passionnant de Paul Robert:

Voir:

Le profil du professeur finlandais

Une expérience de professeur français en Finlande

Avoir six ans à l’école en Finlande

Deuxième surprise : la confiance instituée comme mode de fonctionnement

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Commentaire

Réactions

<<bonjour, je voulais simplement vous féliciter sur le travail que vous avez fait, vraiment passionant et qui fait énormement réflechir !

je suis lycéenne, et j’ai un devoir qui consiste à dénoncer un défaut de notre société vu par un étranger. Graçe à vous, j’ai choisis ce sujet avec nombre d’arguments ! Merci !>>

<<bonjour, j'ai lu et regardé avec intérêt le système scolaire finlandais;je voudrai savoir s'il existe un système d'éducation similaire ailleurs qu'en finlande?ne pourrais-t-on pas se regrouper entre parents pour créer une école"finlandaise" en france?pourquoi ne pas envisager pour nos enfants la réussite et se mobiliser pour avoir droit à un système similaire sans être obliger de s'expatrier?marie-claude,maman de quatre enfants à scolarité difficile. >>

<<Pour en savoir un peu plus sur l'éducation en Finlande, je suis allée lire sur Internet. Hum! Vraiment intéressant! Des principes auxquels j'adhère facilement. Chaque élève est une personne importante. Il est dit que la Finlande respecte profondément les savoirs, mais elle respecte encore plus les individus à qui elle veut les faire acquérir. L'environnement est chaleureux et accueillant. La taille des établissements est modeste (300 à 400 élèves). De plus on vise l'apprentissage sans stress avec une liberté de plusieurs choix. Ce fut également une belle surprise de voir que les enfants sont évalués (chiffrés) seulement une fois à 9 ans, jusqu'à l'âge de 11 ans. Bien entendu, la profession des enseignants est valorisée, ceux-ci sont heureux et possèdent les moyens d'être des experts. Il n'y a pas de monde parfait mais...>>

<<Ce livre est très critiquable, c'est loin d'être une étude rigoureuse, l'auteur, engagé dans l'éducation nouvelle, nous dresse un tableau angélique et malheureusement très peu documenté allant toujours dans le sens de l'évolution qu'il souhaiterait: "J'ai découvert un pays où les élèves sont épanouis et les professeurs heureux." Peu de chiffres en dehors des évaluations PISA, l'auteur recourt sans arrêt à des expressions globalisante: l'élève finlandais, le professeur ... Aucune méthodologie, il s'agit avant tout d'un livre d'impressions, parfois à la limite de Tintin en Finlande. Je ne résiste pas non plus à une petite citation aussi permettant de mieux situer le courant réformateur agrégé autour de Meirieu: "Les écoles [finlandaises] sont de véritables communautés éducatives où l'identité professionnelle ne se fonde pas sur la critique et l'opposition systématiques,et, malgré un taux de syndicalisation de 100 %, la grève ne fait pas partie des rituels obligés de toute année scolaire.">>

<<C'est beau, ça laisse rêveur. Mais franchement, j'ai du mal à y croire, du moins dans notre pays. Je ne pense pas que les mentalités soient les mêmes en France...ce serait une révolution qui demanderait des changements en profondeur dans notre culture commune, ce qui fait que nous sommes Français.>>

<<Merci Monsieur Nimier le livre je l' ai et je l' ai lu en le faisant passé d' une personne à l ' autre et c' est vraiment passionnant de voir ce que font des nations qui a premiere vue vous paraissent endormies ou en hibernation ; mais qui avancent à pas de géant tout en montrant a l' humanite entiere le chemein de la reussite qui ne saurait etre qu' avec et dans le savoir et la science . Merci beaucoup de m' avoir oriente de m' avoir aider de m' avoir offert cette opportunité de me former .Bon courage ; Longue vie et bonne continuation pour toute l ' equipe ; ce que vous faite est formidable , merci encore une fois >>

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