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Mathématiques et sexualité  

Extrait de l'entretien avec le Professeur Jacques Riguet 

 

 Voir l'entretien complet avec le Professeur Jacques Riguet        

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- N: Mais comment voyez-vous ça pour vous-même ?

- R: ...... Enfin, je dis fixation à la mère ...... je pense que ça n'a pas été tellement mon cas, mais je le vois surtout chez mes collègues, si vous voulez ... enfin, ça me paraît être une chose assez fréquente chez les scientifiques en général et chez les mathématiciens en particulier ... moi ? ... il y aurait peut-être un livre à écrire et qui serait "Mathématiques et sexualité" (rires) ...

-N: Qu'est-ce qui vous fait penser à ça ?

- R: (rires) ... oui, du reste ... à un certain moment, je me suis demandé s'il n'y avait pas quelque chose en mathématiques de privilégié, à savoir que: un problème, c'est résolu ou c'est pas résolu, n'est-ce pas; il y a une sorte de guillotine, une espèce de couperet, une espèce d'instant où, d'un seul coup tout se dénoue, n'est-ce pas ? Je ne dirais plus ça maintenant, c'est pas tellement vrai, mais enfin on a quand même l'illusion ... on a quand même l'impression de ça, que finalement c'est un petit peu comme ... faire l'amour, si vous voulez, finalement; vous parvenez à accomplir l'acte sexuel ou vous n'y parvenez pas, n'est-ce pas ? Il y a vraiment un instant où ... on pourrait essayer d'établir une espèce de parallélisme entre l'accomplissement de l'acte sexuel et la résolution d'un problème. En fait, bien sûr, je crois que c'est quand même assez superficiel ça, parce que d'abord on résout jamais d'un seul coup un problème, il a fallu beaucoup de tentatives, beaucoup d'échecs pour y parvenir et puis quand on regarde d'un petit peu plus près l'acte sexuel, là aussi il y a beaucoup à dire et il y a quand même tellement de facteurs qui interviennent dans son accomplissement que ...Est-ce que cet instant guillotine existe ou non ? Là aussi quand on y regarde d'un petit peu plus près ... cette discontinuité qui semble être parallèle entre la discontinuité du non résolu et du résolu ou bien de l'acte sexuel non accompli et accompli, quand on y regarde d'un petit peu plus près, cette discontinuité est beaucoup moins brutale qu'il ne semble. Néanmoins, il y a quand même là quelque chose et quelque chose qui est plus marqué en mathématiques qu'ailleurs ...

- N: La guillotine, le couperet ... Qu'est-ce que c'est que cette guillotine, ce couperet ... ?

- R: ... oui, enfin, je crois que mes comparaisons sont très mauvaises ... guillotine ou couperet, non, ... il faudrait, je ne sais pas, il faudrait trouver d'autres termes parce qu'au contraire, c'est quelque chose qui n'est pas sinistre comme une guillotine mais au contraire très réjouissant ... c'est plutôt une pièce dans l'obscurité puis une fenêtre que l'on ouvre d'un seul coup et les rayons du soleil qui viennent inonder la pièce; c'est plutôt ça, n'est-ce pas ? Non, enfin quelque chose de très discontinu, de très soudain ... et il y a quand même du point de vue physiologique une certaine analogie entre l'extrême tension que vous avez quand vous êtes à la recherche d'un problème et, une fois la solution trouvée ... ce relâchement. C'est tout à fait parallèle à ce qui se passe dans l'acte sexuel ... avec, peut-être aussi ce léger sentiment de tristesse qui l'accompagne de savoir que maintenant que le problème est résolu, il y a quelque chose de perdu aussi ...

Je crois que ... il y a une très jolie formule que je peux vous citer ... je pense que vous la connaissez: c'est celle de Simon STEVIN qui étudiait un équilibre qui était obtenu par un triangle dont l'hypoténuse reposait sur le plan, et un collier de boules. Ce collier était posé sur le triangle. C'était à l'époque où on faisait des recherches sur le mouvement perpétuel.

Il y avait des gens qui cherchaient encore à construire des machines produisant le mouvement perpétuel et une de ces machines était justement ceci: un triangle rectangle, donc un côté plus incliné que l'autre et le collier devait tourner indéfiniment parce que la pente était plus raide d'un côté que de l'autre et STEVIN en faisait le calcul pour voir quelles étaient les forces qui s'exerçaient à droite et à gauche. Mais lorsqu'il eût résolu le problème, il éprouva une certaine tristesse car il se disait: la merveille n'est plus la merveille ... il avait détruit une certaine illusion ...

Voilà, et alors je crois que, dans l'acte sexuel, il y a un petit peu de ça aussi, une certaine tristesse parce que, je ne sais pas, inconsciemment on se dit peut-être, finalement est-ce que je vais parvenir à avoir autant de plaisir, autant de jouissance en recommençant une nouvelle expérience, c'est ça.

Il y a quand même un certain parallélisme, mais tout ce que je vous dis là, ce n'est pas dégrossi du tout, c'est un petit peu comme ça me vient, mais il y aurait quelque chose à tirer de là, je crois. Et je crois quand même que les mathématiques ont une position privilégiée, parce que dans les autres sciences, c'est quand même moins net, c'est-à-dire que la solution vient par morceaux, si vous voulez, elle ne vient pas comme ça d'un seul coup ...

 

 

 

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