Eh oui,
pourtant elle tourne disait
Galilée à propos de la
terre.
Eh oui, elle tourne
la société des hommes. Il y
a bien quelques accrocs ici ou là
mais qui n'arrêtent pas son
mouvement. Même un séisme au
Japon, une guerre en Lybie, une crise
financière, rien n'arrête le
flux. Et pourquoi ?
Parce
qu'il existe entre les hommes un accord
tacite, un contrat non-écrit :
quoiqu'il arrive, la vie continue, doit
continuer. Et pour cela ils se font
confiance.
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Une confiance absolue des
individus envers les autres.
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Nous ne pourrions
vivre le temps d'un instant si nous
n'avions cette confiance presque aveugle
dans le monde qui nous entoure et les
autres. Une profonde certitude. Et aussi
une confiance en nous-mêmes car
quoiqu'on en dise et sauf cas
extrême, les individus que nous
sommes, au plus profond des
inquiétudes, finissons toujours par
aller à la boulangerie chercher
notre pain quotidien
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Mais s'agit-il ici
de confiance ?
Ce
sentiment n'est-il pas simplement provoqué
par la nécessité relationnelle,
fonctionnelle ?
D'un point de vue
utilitaire, je compte sur les autres comme
ils comptent sur moi. Ceci n'a rien
à voir avec la confiance qu'on
accorde ou qu'on retire,
celle-là qui engage. Celle aussi
dont on peut abuser. Dans le premier cas,
Kant nous dirait qu'il ne s'agit
pas de confiance mais plutôt
d'actions mues par nécessité
ou par intérêt au mieux par
devoir. En aucun cas de la confiance comme
vertu.
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Que
faut-il entendre par là ? Cela qui fait que
par cette disposition à faire confiance que
l'on trouve chez tel ou tel individu, nous en avons
plus d'estime pour lui. Il devient plus grand. La
méfiance le diminue.
Donner
ou accorder sa confiance n'est pas calcul. Elle se
donne sans assurance, mais se gagne au moyen
d'expériences et se retire si elle est
déçue, abusée. C'est une vertu
fragile, hésitante, inquiète parfois.
Elle n'est jamais assurée sinon elle est
crédulité, naïveté. Elle
croît à proportion des assurances
données.
Mais donner sa
confiance ne peut attendre. Elle est un pari.
Une croyance en l'autre. L'enseignant qui la
donne à l'élève,
l'éducateur au jeune mal dans sa peau,
l'assistant à l'handicapé, le
patron au salarié. Tous se sentent
honoré de la confiance accordée et
vont tenter de la mériter. De s'en rendre
digne.
Il
arrive qu'elle soit déçue mais
elle est un préalable si nous voulons
faire société. Une
société qui serait fondée sur
une concurrence acharnée d'individus
méfiants les uns vis-à-vis des autres
ne peut être viable.
Aujourd'hui
faire confiance demande un effort de la
volonté, "The will to believe" de William
James. De la volonté pour croire, sinon le
sculpteur Pygmalion n'aurait pas donné vie
à sa statue.
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