<<A
vous tous, chers marraines et parrains,
Ainsi que nous l'avons
évoqué lors de nos courriers
précédents, dans notre pays la
violence a déjà coûté la
vie à des centaines de honduriens, en
particulier chez les enfants et les jeunes. Des
bandes de jeunes organisées ont semé
la terreur dans les grandes villes. Les causes
fondamentales de ces problèmes trouvent leur
origine dans l'extrême pauvreté,
l'absence d'opportunités,
l'indifférence et la
discrimination.
Nos
autorités suprêmes répondent en
réformant des lois et en les orientant sur
la répression et non sur la
prévention ou la réhabilitation. Les
grandes campagnes publicitaires de
sensibilisation
de la population
hondurienne visent à promouvoir les
poursuites judiciaires et la peine de mort. Au
cours de ces deux dernières années,
des jeunes considérés comme des
criminels ont trouvé la mort dans des
prisons surpeuplées lors d'incendies dont
les causes n'ont pu, jusqu'à présent,
être élucidées et sans que les
enquêtes n'aboutissent.
En réponse,
la réaction ne s'est pas faite attendre et
ces bandes, ont adapté leur stratégie
à la situation : elles ont pris leur
revanche en tuant des passagers d'autobus et en
commettant des assassinats. A la suite de quoi, on
a assisté à l'apparition de groupes
qui assassinent les criminels et leurs chefs, qui
se tuent entre eux, ou bien que la police
exécute...
De plus, nous
subissons l'influence de groupes encore plus
violents, originaires de pays voisins, qui viennent
s'installer chez nous et bien sûr, dans les
quartiers populaires, là où l'on ne
fait pas grand cas de la vie.
Nous sommes
très tristes de constater qu'un grand nombre
de nos jeunes sont menacés, que ce soit par
les membres de ces bandes qui cherchent à
les enrôler, ou encore par la police, car le
seul fait d'être jeune et de vivre dans ces
quartiers les expose à être
soupçonnés de délinquance ou
de faire partie d'une bande.
C'est ainsi que,
récemment, nous avons perdu l'un de nos
jeunes, José Francisco, qui n'avait que 15
ans et qui au prix de nombreuses difficultés
réussissait enfin à se sortir de sa
difficile situation. Confondu avec un autre jeune
de son quartier, il a été
enlevé devant l'église, sous l'oeil
de nombreux témoins. Avec des fusils
braqués sur lui à bout portant, il a
été obligé de monter dans une
voiture en compagnie d'un autre voisin ressemblant
lui aussi au chef d'une bande organisée.
Tous deux ont perdu la vie.
Or, José
Francisco n'aurait jamais pu faire le moindre mal
à quiconque, car il était timide et
très effacé. Son seul tort,
c'était de vivre dans l'extrême
pauvreté avec sa mère, ce qui les
obligeait à habiter dans l'un de ces
quartiers où seule commande la culture de la
mort. Sa mère, une personne courageuse,
humble et simple, a perdu l'un de ses enfants sans
pouvoir comprendre la raison de cette
tragédie.
Telle est la vie
dans nos quartiers : faire face à la mort
est notre lot quotidien. Nous avons pourtant la
conviction que cela doit changer et que notre
combat pour sauver nos enfants et nos jeunes, doit
continuer. Malgré notre douleur, c'est
l'enthousiasme et l'espoir d'une vie juste pour eux
qui doivent nous faire
avancer>>
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