Une chose est commune
à tous les jeunes :
ils agissent
avant de parler, ils sont sur leur planète,
dans leur monde, ils veulent du pèse et des
meufs, être flashion, être des
mecs
Bref, certains sont plus formatés
par lécran de la télé,
les séries Américaines, MCM Pop et la
console Nintendo quélevés par
leurs parents
Quand ceux-ci ploient sous leur
propre malheur ou leur acharnement au travail.
Comme pour cette question dobjet, ne croyez
pas que je fais une critique de la
télé, je vous pose une vraie
question, celle des identifications du sujet
envahi par les écrans dimages qui
bougent, et dans lesquelles il prend sans le
savoir, en deçà des mots, les images
de son corps et de son être.
En
fin de mon livre « Le deuil de
lAutre » je découvrais
cette évidence avec laquelle le
travail des « psy » comme des
praticiens sociaux (et des enseignants)
doit faire. Un homme ne devient pas homme
dans un monde où la communication
circule via les images qui bougent,de la
même manière que dans un
monde où lentrée vous
était médiatisée par
un ancien prêtre, curé,
maire, instituteur,
médecin
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Un être
humain, pas une machine à regarder qui
parle. La réalité sociale pour
l'enfant est aujourdhui dabord
virtuelle le plus souvent avant
dêtre humaine. Ne se voit-il pas
dabord dans lécran plus que dans
le miroir du regard de ses parents ? Il se voit ;
il est celui qui est dans le carré
magique.
Limage
provoque en lui des sensations de sons et
de couleurs que la réalité
peinera toujours à lui donner. Il
agit avant de pouvoir penser ce qui lui
arrive. Il est touché affectivement
par des sentiments que le plus souvent il
nas pas vécus
Il est
seul en luimême dans cette
image de lhomme dont il est
fasciné, quil est et que pour
certain nul autre ne vient contredire ou
entamer.
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Dans
ce contexte, la relation dobjet prend toute
son importance, soulignant la véritable
résolution anthropologique que nous font
vivre ces nouvelles technologies, créant un
monde où lhomme ne devient pas un
homme, où lhomme ne fabrique pas de
lhumain par les mêmes voies imaginaires
de la société davant cette
ère du numérique.
Transmission des questions
de l'humain
Nest-ce
pas à nous, praticiens de
lhomme social,
dinventer et
délaborer, de mettre
à disposition ces nouveaux
chemins doedipisme, de
transmission des questions de
lhumaine condition, si
nécessaires aux
adolescents pour sortir de
laliénation aux
liens illusoires que notre
civilisation a
produit?
La
culture sélabore
à travers les productions
dobjets, objets de
reconnaissance dans lesquels
chacun se mire et voit
lautre. Regard
croisé qui alimente un jeu
de rôle entre Europe et
Afrique au travers des
fétiches, totems pour
lun, image publicitaire
pour lautre. De là,
une confusion de
représentations où,
au nom de la modernité,
léphémère,
lauto-engendrement,
loriginal
sopposeraient à
tradition, loriginel
ancestral, le culte des
anciens.
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Les enfants du
ciel, happés par ici maintenant du
consumering, voient leur accès à la
condition humaine passer par les paradigmes de
limage publicitaire. La chose
médiatique leur préfabrique les
modèles existentiels contemporains.
Certains, croyant échapper à la
contingence généalogique, en tirent
la jouissance dune maîtrise hors
transcendance. Pris dans la fascination du
miroir télévisuel comme espace de
lien social, cette éjection de la
filiation les conduit à de réelles
souffrances. Faute dune mort inscrivant le
sens de la vie, ces souffrances
salimentent dune violence
persécutrice par manque dobjets
à partager entre jeunes et
vieux.
De nouveaux objets
transculturels?
Cette
rupture est-elle le symptôme dune crise
de civilisation ouvrant sur de nouvelles formes
daffiliation? Par quels chemins
seffectuent ces transformations? Au Nord
comme au Sud, à travers le monde, se
fabriquent ces nouveaux objets
transculturels.
Lhomme
est le seul animal à produire un savoir sur
sa propre nature. Si tant est quil parle,
avec linvention de sa parole, il ne peut pas
faire autrement que de sautoproduire, que de
sauto-penser.
Chacun de nous
en reçoit de lAutre les savoirs sur
son être singulier et collectif. Chacun de
nous sen fait ou non sujet, dans ou hors sa
culture.
Afrique et
Occident
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Les
modalités culturelles
à travers lesquelles
lhomme se produit comme
tel, sont radicalement
différentes entre
lAfrique et
lOccident.
En
Afrique, le savoir
sapprend parmi les
frères au nom des
ancêtres morts qui
détiennent
lêtre de
lindividu. Les groupes sont
organisés dans les langues
pour ne pas laisser de prise aux
combats rivalitaires des
frères, dont la mise est
cruciale pour la transmission de
ce que cest
quêtre un homme ou
pas. Les totems font figure
dimmuables.
En
Occident, le savoir
sapprend du Père;
pour quy naisse le sujet
dune parole dont il est
sensé être
responsable.
Les
figures de lIdéal,
qui nexistent pas en
Afrique, au niveau de ce que
lhomme devrait toujours
améliorer la situation de
ses sens, ces idéaux sont
des objets au potentiel
dautant plus ravageur, que
figurant lhomme, ils ont
force de loi dans la
langue.
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Processus de
désaffiliation
Dans
une société où
lhomme se construit malgré
lui au travers des images mouvantes dont
il se vante, nous sommes, à la
lumière de cette lecture,
amenés à penser que le
malaise du sujet dans notre civilisation
nest pas là où on le
croit.
Certes
les anciennes coutumes sont en
décrépitudes. Mais
cest moins la perte de ces
repères et traditions qui
déshumanisent nos enfants dans les
villes, que le processus massif de
désaffiliation mis à
luvre du fait de
labsence de lecture des
légitimités contemporaines
qui se sont inventées. Les jeunes
acceptent quelques autorités quant
aux savoirs sur lhomme, mais ce ne
sont pas celles dantan, ce sont
celles des lieux qui les touchent en
masse, ces lieux "nouveaux " de la
civilisation et de la langue que sont les
médias dimages mouvantes :
cinéma, presse et
télévision. Parmi eux, la
publicité fait figure
dicône sans transcendance,
où lêtre de
lhomme est érigé dans
la possession des objets comme marque de
valeur exclusivement comptable.
Lidée de bien ou de mal y est
réduite aux affres des joies et
souffrances individuels. Par excellence,
la publicité comme processus
iconique itératif, est les lieux
envahissants et anonymes doù
les enfants tirent leurs réponses
sur lhumaine condition rivée
aux jouissances du corps par le moyen des
objets et de largent. Rien de plus
égarant ou affolant, dautant
plus que ces images mouvantes ont un poids
kinesthésique important
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«
Je prie les choses les choses
mont pris
elles
me posent, elles me donnent un
prix
je
prie les choses, elles comblent
ma vie
cest
plus « je pense » mais
« jai » donc je
suis
jenvie
ce que les autres
ont
je
crève de ce que je
nai pas
le
bonheur est
possession
les
super marchés mes temples
à moi
»
Goldman
Jean-Jacques, « Les choses
», 2001, album Chansons pour
les pieds
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