<Que nous disent les jeunes enseignants
qui sortent de formation ? Ils se félicitent
d'un certain nombre d'apports dont ils ont pu
bénéficier. Mais ils déplorent
:
- de recevoir une formation qui ne les traite
pas suffisamment en adultes voire qui les
infantilise
- de vivre une grande distorsion entre les cours
théoriques et la pratique de classe.
- de suivre certains enseignements tout à
fait déconnectés des problèmes
qui sont les leurs.
- d'avoir, surtout chez les professeurs des
écoles stagiaires, un emploi du temps
très surchargé qui ne leur permet pas
la réflexion et le travail personnel
nécessaires.
- d'être écartelés entre un
nombre considérable de modules.>>
Des liens forts entre théorie et
pratique.L'analyse des pratiques.
<<Assurer le lien entre théorie et
pratique, c'est d'une part organiser des
enseignements qui soient véritablement
préparatoires aux interventions des
stagiaires en classe ; c'est d'autre part organiser
des séminaires d'analyse des pratiques
d'enseignement des stagiaires qui permettront que
s'expriment des demandes d'apports
théoriques : ceux-ci prendront tout leur
sens s'ils ne sont pas plaqués au
préalable, s'ils prennent pour point de
départ une situation vécue. Un cours
théorique sur la violence pourra être,
en soi, passionnant, mais il peut ne pas
répondre aux attentes, éventuellement
angoissées, des stagiaires. L'analyse de
situations vécues permettra de proposer une
série d'approches des
phénomènes de violence en faisant
appel à des praticiens de terrain, mais
aussi à des psychologues, des sociologues,
à des spécialistes de toute une
série de disciplines. Dans ce cadre, il me
paraît important de faire appel à
l'expérience dont disposent les mouvements
pédagogiques et d'éducation
populaires, actuellement trop écartés
des dispositifs de formation.>>
. Interpénétration de
l'enseignement et de l'analyse des
pratiques
<<Tout ce que je viens de dire signifie
clairement qu'enseignements et analyse des
pratiques doivent s'interpénétrer.
Les IUFM décideront des répartitions
à opérer entre cours, travaux en
petits groupes et séminaires d'exploitation
des stages.>>
Analyses de pratique dans le cadre de groupes
pluricatégoriels
<<Tous les stages devront être
désormais, systématiquement, suivis
de temps d'analyse et de réflexion ; ils
donneront lieu à des séminaires de
mise en commun, avec la participation des
différents groupes de formateurs de l'IUFM.
Ces séminaires réuniront les
maîtres par spécialité afin
qu'ils puissent approfondir les problèmes
spécifiques qui seront les leurs. Les
stagiaires pourront exprimer là leurs
inquiétudes, livrer leurs interrogations et
confronter leur expérience avec celle des
acteurs du terrain.>>
Groupes de suivi de la formation
disciplinaire
<<Pour les futurs professeurs de
lycées et collèges, seront mis en
place des groupes de suivi de la formation
disciplinaire, chacun d'eux étant
confié à un formateur de la
discipline qui assure le suivi du groupe et la
liaison avec les autres formateurs de l'IUFM ou les
intervenants extérieurs. Ces groupes
constitueront l'un des lieux
privilégiés où se travaillera
la liaison théorie-pratique. Ils
s'inscrivent dans une dynamique où les
stagiaires sont collectivement et individuellement
acteurs de leur formation.>>
. Le mémoire professionnel
<<Parmi les éléments de la
validation de la formation, le mémoire
professionnel joue un rôle absolument
décisif. Il est fondé sur
l'expérience de terrain lors des stages, et
il instaure de manière structurée une
réflexion sur la pratique de classe. Ce
mémoire professionnel (dont la
réalisation connaît parfois,
actuellement, des dérives, soit pas son
caractère exclusivement ou excessivement
théorique, soit par son aspect de simple "
rapport de stage ") doit, en effet, constituer
essentiellement une réflexion
structurée à partir des stages
suivis, témoigner des capacités
d'analyse et de problèmatisation à
partir de l'expérience vécue. Il
donne lieu non pas à une compilation de
documents mais à un travail de
rédaction, véritablement mis en
forme, d'une trentaine de pages au maximum, ainsi
qu'à une soutenance orale. Deux semaines
seront libérées pour que le stagiaire
se consacre pleinement à la rédaction
de ce mémoire. Ainsi il ne verra plus toute
son année obérée par la
nécessité de rédiger à
tout moment des fragments de mémoire. Un
texte précisera très prochainement ce
qui est attendu du mémoire professionnel.
Celui-ci s'imposera à tous les stagiaires de
l'IUFM.>>
La formation continue du jeune
enseignant
<<Le passage du savoir disciplinaire
savant au savoir enseigné dans le premier et
le second degré est source de nombreuses
questions, mais la prise de conscience de la
réalité " élève " est
sans doute un des aspects de l'entrée dans
le métier qui risque le plus de
désorienter le nouvel enseignant et qui
justifie plus que tout autre, que lui soit
proposé une continuité de formation
dès la sortie de l'IUFM.
Il est clair, en effet, que l'une des
priorités consiste à aider le jeune
débutant à passer d'une connaissance
théorique de " l'élève virtuel
" à la prise en charge
d'élèves réels aux
caractéristiques multiples.>>
. <<C'est pourquoi, me fondant sur
l'observation commune selon laquelle la
première année d'exercice d'un
nouveau métier, et dans une moindre mesure
la seconde, sont encore des moments
d'apprentissage, j'ai décidé de
proposer aux enseignants nouvellement
nommés, dans le cadre de leur service et
dès l'année scolaire 2002-2003, une
formation d'une durée minimale de trois
semaines au cours de leur première
année d'exercice et de deux semaines au
cours de la seconde année. Cette
décision, qui vient en appui du plan
pluriannuel de recrutement des enseignants, n'est
pas exclusive des formations déjà
offertes dans des situations spécifiques.
Elle s'ajoute bien évidemment à
l'effort déjà consenti pour la
formation continue.>>
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