Dans les
aéroports, aux stations de taxi, à la
poste, dans divers lieux publics, il y a encore des
barrières, des balises pour canaliser la
file de ceux qui attendent leur tour
Il y a
aussi de plus en plus, non pas des malins ou des
impulsifs comme autrefois, mais des personnes qui
font le choix délibéré de
sauter par-dessus les barrières, de
dépasser, de se faire servir en premier, des
gens qui ne supportent pas la frustration
d'attendre. Ce n'est pas le retour à la loi
de la jungle, qui était celle du plus fort
et d'une hiérarchisation dans les rapports
de force, mais l'avènement d'une culture de
l'imprévisible, de
l'à-peu-près, du " puisque j'en ai
envie, pourquoi se priver
" Depuis
quelques années domine la loi de
l'opportunisme.
I
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Il y a, me semble-t-il, une
désocialisation galopante qui
crée, renforce une
insécurité latente, une
négation de l'autre qui le
réduit à un obstacle mineur,
à une gêne à
écarter
L'égocentrisme
aveugle, le réactionnel excessif,
sans commune mesure avec
l'élément
déclencheur, le passage à
l'acte visant à réduire,
à détruire au besoin
l'autre, quand il n'entre pas dans ma
demande, la violence soudaine, surgissant
sans prévenir, quand la
réalité ne se modèle
pas à mon désir : tout cela
prend le pas sur la civilité
minimale, sur le relationnel, sur le
respect, sur l'attention à autrui,
sur l'autocontrôle nécessaire
pour accepter des satisfactions
différées, pour gérer
des refus, pour digérer des
frustrations ou pour accepter des
différences.
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Face à ces dérapages, il y
a le risque de recourir au sécuritaire,
à la force, au repliement défensif et
à la protection "privée" ou à
la punition réactionnelle.
Une punition trop souvent confondue avec une
sanction. Une sanction, c'est une réponse
justifiée, privative, adaptée
à la nature d'une transgression. La punition
est une privation aggravée, amplifiée
par la subjectivité, les peurs de celui qui
l'applique. C'est pour cela qu'elle est
vécue, la plupart du temps, comme injuste et
qu'elle se révèle
inopérante.
Nous
sommes dans un temps de transition, à
la recherche de nouvelles valeurs, de
nouvelles références, pour
pouvoir continuer à vivre ensemble
sans trop nous détruire ou nous
violenter.
Les transgressions que nous constatons dans
tous les domaines de la vie personnelle, familiale
ou sociale devraient nous alerter sur l'urgence de
redéfinir des règles minimales de vie
en commun. Et peut être d'avoir le courage
d'apprendre à communiquer (mettre en commun
) autrement à partir d'un enseignement de la
communication relationnelle qui pourrait être
proposé à l'école, dès
la maternelle.
Il y aura un jour dans
les écoles des enseignants relationnels qui
transmettront les base d'une communication non
violente centrée sur le respect de soi et de
l'autre.
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