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Présentation du livre:

"Transformer la violence des élèves"

Cerveau, Motivations et Apprentissage

Daniel Favre

 

             Enseignant chercheur qui a développé au cours de sa carrière une double compétence validée par un doctorat d'État en Neurosciences et un doctorat en Sciences de l'Éducation.

 

             Extrait d'une interview de l'auteur : Dans quel contexte ce livre est-il né ?

             " Ce sont les réactions de mes étudiants, des enseignants ou des formateurs que j'avais en formation ou celles des différents publics que je rencontrais lors de mes conférences, qui m'ont amené à penser qu'il y aurait un intérêt (et donc un besoin à combler) pour un livre qui associerait des connaissances précises sur le cerveau, une approche psychologique de la violence, et les dimensions pédagogique et éducative du métier d'enseignant. Sachant que la mission d'éducation est maintenant centrale dans le métier d'enseignant, et intervenant depuis 1983 dans la formation des enseignants, j'étais bien placé pour repérer les compétences que ceux-ci devaient développer pour résoudre les problèmes que peuvent poser une trentaine de jeunes non spécialement motivés par le contenu du cours ou de la leçon. Si j'ai autant tardé pour rédiger ce livre, c'est parce que je voulais valider par des recherches expérimentales les grilles de lecture qu'il contient (trois systèmes de motivation, pensée dogmatique / pensée non dogmatique, empathie / contagion émotionnelle / coupure par rapport aux émotions, la violence comme une addiction…) : plus de douze ans furent nécessaires… "

             L'organisation de ce livre constitue une réponse à la question suivante : Comment l'explorateur né, équipé pour apprendre toute sa vie, que constitue tout être humain au début de sa vie, peut-il devenir dépendant des stimulations que procure la violence et rechercher dans la domination ou la soumission ce qu'il ne peut trouver à travers les apprentissages ou la rencontre transformative avec les autres ?

             La démarche proposée se veut logique. Pour faire en sorte que les jeunes restent principalement motivés par l'apprentissage, il faut d'abord comprendre comment fonctionne le cerveau dans toutes ses dimensions, cognitive mais aussi et surtout affective. Comment s'enracinent les peurs, celle de faire des erreurs, celle de l'étranger ? Comment se fabriquent des besoins, comme le besoin d'être le plus fort ou celui d'obtenir le plaisir dans l'instant ?

 

             Dans une première partie donc, les bases biologiques de l'agressivité et de la violence chez l'homme sont abordées pour mieux comprendre le fonctionnement de notre cerveau, de nos motivations et ainsi mieux repérer comment l'éducation peut développer la capacité à réguler sa propre agressivité car il ne pèse aucun déterminisme biologique condamnant les êtres humains à la violence.

             Dans une seconde partie sont présentés des résultats issus de nos recherches sur la violence chez les adolescents et sur les risques de glissement de la violence expérimentée précocement vers une forme d'addiction à la violence. Ces recherches montrent également que la formation d'enseignants à l'école primaire en zone d'éducation prioritaire comme au collège peut contribuer à la prévention de la violence. La formation des enseignants visant à rapprocher la didactique et la socialisation a été évaluée par la mesure du score en empathie chez leurs élèves. L'empathie correspond, en effet, au lien social élémentaire entre les humains, dès que celui-ci disparaît survient la peur et rapidement s'ensuit la violence. Développer l'empathie telle que nous l'avons redéfinie pourrait devenir un objectif pédagogique de l'École.

             Dans une troisième partie sont décrits les six points-clés de la formation des enseignants qui ont permis une réduction de la violence chez les élèves.

1 - Le développement d'une " sensibilité épistémologique ", pour que les enseignants puis leurs élèves parviennent à percevoir les modifications, depuis la pensée dogmatique vers la pensée ouverte, lorsque l'individu accepte de se laisser déstabiliser par la nouveauté dans les apprentissages et par autrui quand il diffère de soi.

2 - Le travail sur la relation à l'erreur, visant à décontaminer l'erreur de la faute en la faisant sortir du registre moral, pour éviter de démotiver les élèves dans leurs apprentissages.

3 - L'établissement d'une relation d'autorité, décontaminée de la domination-soumission, et qui contribue à l'affermissement d'autrui.

4 - L'éducation à l'affirmation de soi non-violente, à l'empathie et au renoncement à la manipulation. Un effet attendu de cette éducation est le développement du " langage intérieur ", celui-ci permettant de remplacer les automatismes par la régulation consciente des comportements.

5 - L'utilisation de dispositifs d'apprentissage susceptibles de favoriser de façon synergique la transmission des savoirs et le développement des savoir-faire démocratiques. Il s'agira ici de rapprocher la didactique et la socialisation des élèves, ce qui demande de savoir gérer de manière non-violente les conflits et les frustrations, inévitables et nécessaires dans une société.

6 - La nécessité d'un changement de valeurs pour permettre à un sujet potentiel d'émerger et pour renoncer à l'affaiblir par la violence ou la manipulation. La prévention de la violence débouche donc sur l'identification des valeurs qui favorisent cette prévention et nécessite de les distinguer de celles qui s'y opposent.

             Une des raisons du succès relatif des recherches présentées dans ce livre en terme de prévention de la violence, réside dans la démarche qui a été faite avec chaque établissement expérimental pour associer les parents d'élèves et ainsi permettre à ceux qui l'ont souhaité de devenir les alliés des enseignants pour éduquer ces êtres en devenir que sont les élèves.

 

Voici ce qu'en pense une lectrice :

             " … pour vous dire à quel point votre livre m'a intéressée et passionnée. Je suis enseignante en lettres dans un collège ZEP de la ville de Saint Etienne de Rouvray(76) et depuis quelques années je délaisse souvent la littérature pour m'enrichir des publications en sciences de l'éducation. Mes 14ans d'ancienneté dans mon établissement me font penser qu'on ne peut enseigner là efficacement et avec plaisir qu'en soumettant à une profonde réflexion notre pratique quotidienne. Etant plutôt littéraire de formation je n'avais jusqu'à présent jamais abordé d'ouvrages tels que le votre. J'espère en avoir saisi l'essentiel…

… -Que peut-on engager comme action, demande de formation pour que les enseignants pensent à et puissent se former suffisamment pour répondre au mieux à certaines situations? ( Hier après midi un des élèves les plus en rupture scolaire a violemment brutalisé une maman à l'intérieur du collège après que celle-ci lui a administré une gifle, pensant qu'il était responsable du coup de pied qu'elle avait reçu....Je me prépare avec tristesse et résignation à affronter le 3ème conseil de discipline en 2 mois- j'y siège en effet depuis plusieurs années, soucieuse de trouver les moyens de transmettre aux familles les paroles qui leur permettront de continuer à croire en notre système.)

…Je souhaite que votre ouvrage soit lu par beaucoup de simples enseignants comme moi et que les prochaines propositions de lois nous offrent la possibilité de nous former intelligemment à tous les aspects de notre métier. Votre ouvrage me permet à nouveau pour quelques temps de croire qu'on peut encore faire évoluer nos pratiques et en persuader nos collègues avant que la chaudière ne nous explose à la figure:je souhaite longue vie à la formation proposée à Montpellier et MERCI 1000 fois de votre contribution à notre quotidien. "

 

             Actuellement et quand la violence n'est pas le premier obstacle à dépasser, diverses applications sont effectuées dans plusieurs établissements secondaires, en commençant au début avec les points-clés 1, 2 et 3. Les effets chez les élèves sont observables quelques semaines plus tard, diminution de l'absentéisme, des sorties de classe pour indiscipline, des passages à l'infirmerie, des demandes de dispenses en EPS… et l'augmentation de demandes d'exercices supplémentaires par les élèves et l'amélioration des résultats scolaires aussi. Côté enseignants, s'engager dans une telle démarche amène à se remotiver pour le métier et à prendre plaisir à résoudre ensemble les problèmes et les difficultés que pose inévitablement la mise en place de ce changement de rapport aux savoirs et avec les élèves. Un sens nouveau peut ainsi être co-construit en diminuant l'écart entre valeurs personnelles et comportements professionnels.

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