Les
poupées russes L'objet
intermédiaire dans la construction de
connaissances Nathalie
COLOMBELLE
L'objet
" poupée russe "
utilisé en thérapie d'enfant permet
de représenter au patient un moment
d'insécurité vécue, en le
figurant de façon reconnaissable (une petite
représentation humaine) et en favorisant
l'appropriation par identification (" cette
poupée c'est moi ") : le petit patient
dépasse ainsi la " période de crise "
en conservant tous les bénéfices ("
la nouvelle personne que je suis, plus
complète que la précédente
mais toujours fidèle à
moi-même ").
Ainsi
représentée, l'émotion
liée à l'expérience difficile
est appréhendée, reconnue et
acceptée. L'objet " poupée russe "
par sa composition même, permet des allers et
retours dans le temps (aller rechercher la petite
poupée au cur de l'individu) qui
rassurent l'enfant sur la permanence de ce qu'il
est (" je porte en moi toutes mes poupées
russes ") et lui permettent de manipuler (toucher
concrètement) ce qu'il va devenir (la plus
grande poupée russe).
La relation entre
professeur et élève peut, elle aussi,
s'appuyer sur les " poupées russes " pour
surmonter l'angoisse due à la situation de
construction des connaissances. La genèse
de la vie émotionnelle
Le tout petit
enfant, prisonnier d'un corps qu'il ne
maîtrise pas, est envahi de sensations
intenses et surprenantes. Le bébé,
amoureux de l'homéostasie (équilibre
intérieur rassurant) voit son fragile
équilibre se rompre à tout moment
(faim impérieuse, froid, bruit soudain,
etc.) et ne trouve pas de moyen pour
rétablir l'harmonie. Il appelle alors
à l'aide, crie, gesticule et parfois tombe
malade. Autant de signaux émis par le petit
d'homme (éminemment sociable) vers ses
aînés (potentiellement
secourables).
L'adulte, ainsi
sollicité, perçoit intuitivement le
sens caché du signal (il doit avoir faim)
mais opère un tour de magie fascinant : il
parle d'émotion ! Père ou mère
abordent le berceau avec des mots de bonheur (" tu
es content ! ") ou de tristesse (" tu es
malheureux ? ") et posent sur le comportement
de l'enfant une signification humaine structurante
qui voudrait dire : " Je
comprends ce que tu me dis parce que j'ai
le code universel " l'émotion ",
qui me permet de comprendre le
désagrément causé par
le froid même quand je n'ai pas
froid en même temps que toi !
"
Ainsi
enveloppé par le " sens " l'enfant,
rassuré, s'en remet à l'adulte qui
contient le débordement sensoriel
éprouvé. Les deux protagonistes
ouvrent là un échange qui durera
toute la vie et s'enrichira chaque jour davantage.
L'enfant, devenu grand, dispose alors d'une
importante bibliothèque d'émotions et
peut, à son tour, décoder les
sensations de son propre enfant pour le faire
entrer lui aussi dans le monde de "
l'émotion parlée ".
La sensation,
revêtue d'un " habit symbolique " (le sens
que l'adulte lui donne) devient une entité
à elle seule, un objet communiquant, une
portion de l'histoire émotionnelle de
l'enfant, sa première petite poupée
russe ! D'autres poupées, plus complexes,
plus grandes, viendront envelopper la petite qui
restera pourtant toujours au cur de
l'individu. Le modèle
de la thérapie
Lorsque l'enfant,
devenu grand ou pas, se retrouve submergé
par des sensations démobilisatrices
(douleur, angoisse
), il ne trouve pas
toujours, seul, le chemin qui le raccorde à
ses émotions. Ainsi privée de sens,
la sensation devient intolérable !
L'accompagnement humain, la présence active
et bienveillante d'un individu conscient de la
tâche qu'il accomplit (le thérapeute
par exemple), permettent de rejouer la scène
première : " Je
comprends ce que tu ressens ; essaye
toi-même de te souvenir de
l'émotion qui t'anime,
derrière la douleur (l'angoisse,
l'inconfort, etc.), et rejoins moi au pays
de " l'émotion parlée : va
rechercher la " poupée russe " qui
a un jour rencontré cette
émotion et retrouve ce qu'elle t'a
enseigné"
De
façon plus générale,
la thérapie basée sur les "
poupées russes " permet au jeune
patient de voyager dans le temps (le sien
et celui de la thérapie) : en
anticipant (" plus tard je serai, je
ne serai pas
") ou en
régressant (" avant,
j'étais, je n'étais
pas
").
L'intérêt
majeur de ce dispositif réside dans
les " transitions " c'est-à-dire
dans la manipulation qui est faite du
passage d'une poupée à
l'autre
le phénomène
de maturation en sorte ! La situation
d'apprentissage comme modèle de
déséquilibre
Lorsqu'il apprend,
où plutôt lorsqu'il consent à
apprendre, l'enfant s'expose à une
insécurité importante : celle de la
remise en question permanente. En effet, loin de se
compléter harmonieusement au fil du temps,
les différents niveaux d'apprentissage
s'entrechoquent, s'opposent et se défient
parfois.
Ainsi,
l'apprentissage de la marche n'est-il pas, pour
l'enfant de 12 mois, la pénible
conscientisation que la position à quatre
pattes (si durement acquise) n'est pas une fin en
soi et qu'il faut renoncer à tous les
savants ajustements posturaux propres au " 4 pattes
" pour se lancer dans l'équilibre incertain
de la position verticale ? Peut-être
l'oublie-t-on trop souvent mais il faut une belle
dose de positivisme et de confiance pour se dire,
à un moment pareil, " allez ! tout ce
travail n'a servi qu'à m'en donner encore
davantage, je croyais avoir vaincu mon
immobilité de bébé et
voilà que je réalise qu'il me faut
découvrir encore autre chose
"
Il semble que
l'apprentissage (scolaire et autre) comporte, lui
aussi, son lot de désillusions et que le
beau rêve de réussite ne soit en fait
que perpétuellement repoussé à
un temps futur.
Cette
difficulté, pour l'enfant, à saisir "
l'objet apprentissage " (ce qu'il a effectivement
et concrètement appris et qui
désormais l'enrichi) s'illustre alors
parfois par un sentiment d'insuffisance (" je
n'y arriverai pas ") où d'annulation
des compétences (" je n'ai rien
compris ").
Dans bon nombre de
situations, l'angoisse provoquée par le
changement (rupture de l'homéostasie) est
l'élément le plus difficile à
surmonter que l'apprentissage en lui-même (en
tant qu'intégration de données
nouvelles). Les
poupées russes et la construction des
connaissances
Le
modèle didactique de la
construction des connaissances
(voir article " la
transmission des
connaissances
" et schéma ci-contre )
décrit différents
modèles (par progression
régulière, par
progression par paliers, par
progression avec
déconstruction
préalable).
La
poupée russe peut alors
servir d'enveloppe
à ce moment de " conflit +
régression ", servant
de passage entre la
conception initiale (état
de départ, que l'enfant
connaît) et la nouvelle
conception (état
désiré par le
professeur mais inconnu pour
l'enfant ).
La
poupée russe contient
ainsi la dose d'angoisse
suscitée par le changement
en une forme figurative qui
permet à l'enfant de
garder le lien humain entre
:
La "
poupée " a ceci d'avantageux
qu'elle peut être touchée,
manipulée, regardée et
décortiquée par l'enfant qui
possède alors pleinement son
apprentissage et éprouve enfin
l'agréable sensation de "
maîtrise ".
L'accompagnement
de l'enfant en situation d'apprentissage
passe donc par la gestion de ses
émotions. Mais qui gère quoi
? Est-ce à l'accompagnant
d'absorber les émotions de l'enfant
? à l'enfant de tout contenir ? ou
au contraire de tout déverser sur
l'adulte ?
La poupée
russe vient aussi faire tiers dans ce
délicat dialogue entre l'adulte et l'enfant,
permettant de créer un " espace autre " au
sein duquel il s'agit de traiter " l'émotion
parlée " c'est-à-dire de
s'intéresser aux mots qui vont
décrire les émotions de chacun : ce
que j'envoie, ce que je reçois, ce que je
comprends, ce que je pense que l'autre veut
émettre, ce que je me refuse à
recevoir, etc. soit l'ensemble des intentions et
suppositions qui peuvent naître de la
rencontre de deux
individus.
L'enfant
redevient alors acteur,
propriétaire de ses
sensations et de ses
émotions, à
distance de la terrible relation
de dépendance et tout
près du respect de la
rencontre, la vraie, celle entre
deux humains désireux de
laisser l'autre " en mouvement ".
L'enfant est à nouveau
vivant de cette dynamique de
changement qu'est la croissance
(de la petite poupée
à la moyenne puis à
la grande) mais aussi de
l'apprentissage comme
enrichissement
perpétuel. Nathalie COLOMBELLE,
psychologue, 61 rue des
Noës, 10300 Sainte-Savine tél/fax :
03-25-46-78-39 <<jai
une petite fille qui va avoir 3 ans, qui a eu un
problème à la
naissance(hémiplégie)elle ne marche
pas encore mais fait du 4 pattes, ne se sert pas
comme il faut de son bras gauche. Ayant
remarqué quelle aimait jouer avec des
matiochkas, et en cherchant un site, je vous ai
trouvée. Je ne pensais pas que ça
pouvait être si bénéfique de
jouer avec les poupées russes. Je vais donc
imprimer votre article pour mon fils et ma belle
fille et faire cadeau les matrichkas à
Julie, ils seront très heureux de faire qq
chose de plus pour leur fille. Bien quil y
ait kinésithérapie et
psychomotricité, notre ville ne propose pas
grand chose pour ces enfants. Merci à
vous.>> <<Bonjour,
j'utilise en art-thérapie les poupées
gigognes de bien des façons. c'est
très bien ce que vous faîtes. Je suis
basée à Nantes. >> <<Bravo pour
l'utilisation des poupées russes dans les
therapies. Je m'apprette à les utiliser en
team-building dans leur aspect croissance dynamique
en vue d'un developpement personnel à
venir.C'est en cherchant le site marchand pour
commander des matiochkas que je suis tombée
sur votre approche.>> <<bonjour, Je
suis enseignante spécialisée,
j'utilise beaucoup les matriochkas, et une partie
de ma thèse porte sur ce upport. Souhaitez
vous que l'on échange à ce
sujet?>> Martine
Commentaires
.
ce que je
suis ce
que je suis " entrain d'apprendre
" ce
que je vais être