Parents
et enseignants vivent des temps
difficiles, souvent enfermés dans
leurs représentations hâtives
des uns et des autres ou des peurs
stériles, face à une
société qui ne leur dit plus
qui ils sont, ni ce qu'elle attend
d'eux
et dont ils semblent attendre
tout.
Dommage,
car dans le même temps, ma pratique
l'atteste, jamais la communication entre
eux n'a revêtu tant d'importance
pour les enfants et les adolescents.
Devenus malgré eux " traits d'union
" entre ces adultes qui se parlent si peu,
ils crient leur besoin de les voir enfin
se rencontrer.
De la
cohérence entre eux dépend
pour une large part l'attitude des
élèves dans les
apprentissages.
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Mieux : à
mon sens, la rencontre entre parents et enseignants
est devenue l'un des premiers leviers du
désir d'apprendre, notamment chez les
collégiens et les lycéens.
Or, je
repère trois freins actuels à cette
rencontre :
- une
évaluation et une remédiation
fragiles : les enseignants peinent à
répondre à la seule question des
parents et des élèves, " comment
faire en sorte qu'un " 7 " en histoire, au mois
de novembre, se transforme en un " 9 " en
décembre puis en un 12, en janvier ? "
Repérer les points d'appui et besoins
réels, définir des objectifs
précis avec des échéances
de remédiation
C'est-à-dire
dépasser le constat et apporter des
réponses concrètes.
- la solitude des uns et
des autres qui taisent leurs peurs
réciproques de " ne pas être
à la hauteur " et de ne pouvoir
répondre aux attentes de leurs
interlocuteurs, jugées inaccessibles.
- des rôles en
constante redéfinition, alors que
l'horizontalité a pris le pas sur la
verticalité transmissive, dans une
société où "
négocier " remplace souvent "
éduquer ". Insécurisés,
parents et enseignants se trouvent tendus entre
l'injonction faite aux enfants de " naître
autonomes " et, pour eux, celle de transmettre
malgré tout.
Communiquer, pour
les parents et les enseignants, supposerait que
leurs peurs soient reconnues et
dépassées. S'affirmer et se
reconnaître à sa place, afin de
solliciter l'autre dans ses compétences,
sans confusion de la personne et de son rôle.
Loin de l'infantilisation ou du
misérabilisme, développer une
confiance en sa légitimité et une
estime de soi fondée sur des
réalisations co-validées.
Du
côté de l'institution, il s'agit de
redéfinir la place des parents en prenant en
compte les enjeux du XXIème siècle :
donner une place réelle à leur parole
et à celle de leurs enfants.
Cela passe en
premier lieu par la formation des enseignants aux
compétences psycho-sociales et au
positionnement professionnel, dont une approche
spécifique de la relation avec les
parents.
La clé se
trouve aujourd'hui du côté des adultes
: décideront-ils que la réussite des
jeunes et leur implication dans la
société relèvent du non
négociable ou bien se cantonneront-ils dans
une attitude de repli auto-protectrice ?
Dirons-nous jamais
assez, aujourd'hui, l'impératif d'une
co-éducation qui suppose de part et d'autre
humilité et maturité ?
Afin qu'enfants et
adolescents voient se développer leur
désir d'apprendre, enfin autorisés
à valider les différentes
étapes de leur parcours en devenir.
©Brigitte PROT, mars
2013
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