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Violences; de la réflexion à l'intervention

Sous la direction d'Armand Touati

 

Editions Presses Universitaires de France (2004) ISBN: 2-9515924-3-4 (21 €)

Dernière de couverture

Le début du XXIe siècle est marqué par un envahissement de l'espace public par des conduites individuelles et collectives destructrices. Des attentats du 11 septembre aux conflits qui ensanglantent la planète, des multiples agressions aux conflits entre personnes, un mouvement apparaît irrépressible. Mais la violence n'est-elle pas un phénomène récurrent dans l'histoire de l'humanité ? Ne faut-il pas distinguer dans les violences, les éléments dynamiques, l'affirmation vitale de la destructivité brute ?

L'anthropologie nous apprend que la violence est une constante à travers l'histoire et les cultures. Le fait de vivre en société est à la fois cause et réponse. La biologie souligne les mécanismes qui rendent possibles les violences mais laisse entière la question de la liberté et de la responsabilité. Des affrontements dans la famille aux violences institutionnelles jusqu'aux structures éducatives, les professionnels s'interrogent sur les dispositifs qui permettent non pas d'éradiquer les violences mais de construire des possibilités de dépassement. Agir sur les causes sociales ne dispense pas de mieux comprendre les parcours individuels. La médiation apparaît au cœur des interventions qui renouent le fil d'une parole et donnent un sens partagé au trauma. Reconnaître les violences comme une constante dans la civilisation engage les chercheurs et les praticiens des sciences de l'homme à fonder des interventions en mesure de les transformer.

Armand Touati, Françoise Héritier, Blandine Kriegel, Michel Maffesoli, Pierre Karli, Suzanne Robert-Ouvray, Yves Morhain, Thierry Goguel d'Allondans, Jean-François Gomez, Eugène Enriquez, Max Pagès, Guy Roustang, Patrick Tacussel, André Rauch, Serge Tisseron, Michel Fize, José Guey, Christophe Niewiadomski

Table des matières

Introduction. Armand Touati

I - Anthropologie, biologie, philosophie...d'une constante à la responsabilité ?

Les fondements de la violence. Analyse anthropologique . Françoise Héritier

La violence est-elle une composante de l' être humain ? Blandine Kriegel

Le Spectacle de la Violence. Michel Maffesoli

L'agressivité :fatalité ou responsabilité ? Pierre Karli

II - De la famille à la cité

Conflits familiaux et bientraitance .Suzanne Robert-Ouvray

Violences de jeunes et médiation . Yves Morhain

Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Violences et sexualités. Thierry Goguel d'Allondans

La violence et la pitié : simple comme un verre d'eau ? Jean-François Gomez

III - Pulsion de mort, domination et régression.

Caractéristiques spécifiques de la pulsion de mort dans les sociétés contemporaines et les organisations modernes. Eugène Enriquez

La violence politique, mutations sociales et crises régressives. Max Pagès

Violences de la mondialisation : quelles alternatives ? Guy Roustang

L'esprit de la violence. La figure inaliénable du Mal. Patrick Tacussel

Le sport et la violence. André Rauch

IV - Écouter, transformer, accompagner

Des images violentes à la violence des images. Quelle prévention ? Serge Tisseron

En finir avec la violence des jeunes . Michel Fize

Folies de violences.José Guey

Violences, approche biographique et travail de groupe. Christophe Niewiadomski

Un passage

<<De la haine à la destructivité

Dans les phénomènes de violence, nombre d'adolescents mettent en scène une destructivité comme pour constituer l'objet dans la haine, considérant qu'elle est la conséquence de carences objectales qui ont jalonné leur parcours. Le film de Kassovitz (1996), qui reprend l'expression familière "j'ai la haine" utilisée par nombre d'adolescents révoltés, donne une image représentative de cette thématique ; non pas la haine de quelqu'un ou de quelque chose, mais expression de la haine à l'état pur. Elle semble sans objet précis souligne Richard (2001) "ou bien tellement prégnante qu'elle peut concerner, dans sa rage, tous les objets possibles et peut être par excellence, le sujet, haineux de lui-même".

La projection de la haine sur l'autre leur paraît légitime, en tant que réponse à des attaques dont ils se sentent victimes. Dans le mouvement même de leurs conduites violentes et de leur rejet d'un lien intersubjectif, ces adolescents cherchent paradoxalement un interlocuteur dans la négativité. La haine n'est donc pas nécessairement négative dans la mesure où elle est encore une défense, un dernier rempart avant l'effondrement psychique . Elle peut être réparatrice et constitue pour certains jeunes une expression positive de la violence et de la négativité lorsque la pulsion de mort est tempérée en haine pour l'objet, assurant en quelque sorte la consistance de celui-ci. De cette manière, celui qui hait, construit son identité et peut échapper au morcellement, à la désunion ; la haine maintient "en vie sociale", "en vie de relation" (Bastianelli, 1999). Si elle peut être fondatrice, la haine peut aussi basculer dans la destructivité. Des événements peuvent fragiliser, voire annihiler ce dépassement de la haine et le jeune violent peut mettre en jeu la vie d'autrui comme la sienne propre.

De plus en plus fréquemment, les rivalités de bandes se manifestent à travers des comportements de violence qui prennent des aspects archaïques d'une extrême brutalité, sous l'effet du narcissisme des petites différences et de la contagion affective (Freud, 1921). Le sentiment d'envie qui ouvre la porte à la pulsion de destruction est de plus en plus fréquemment observé chez les jeunes agresseurs ou meurtriers dans le cadre de missions d'expert judiciaire-psychologue. Le regard de l'autre, insupportable, au cœur de la violence narcissique de ces jeunes des banlieues est perçu comme offensant, destructeur et vient persécuter le sujet, le mettant en état de réaction paranoïaque, de lutte pour sa propre survie (Lesourd, 1998). À la différence du conflit qui "se noue dans la rencontre de forces antagonistes", la violence vise "à préserver l'intégrité narcissique d'un sujet se sentant menacé" (Marty, 2001).

Pour peu qu'interviennent certains facteurs traumatiques, l'impulsion devient incontrôlable. "Agressivité rendue libre [...] appelant une décharge" (Balier, 1988) qui ne serait liée à aucun investissement libidinal, le processus du passage à l'acte consiste à prendre au plus court et de prendre de court - le sujet tout autant que l'autre - et revêt le sens d'un franchissement, d'une transgression, d'une effraction. Manifestation de la désintrication pulsionnelle, le passage à l'acte, dans un court-circuit temporel, s'attaque à la réalité externe pour contreinvestir une réalité interne qui déborde le sujet.>>Yves Morhain p.77-78

Commentaire

Livre de réflexions sur les multiples aspects de la violence, par des spécialistes connus.

 

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