Dernière de
couverture
Elèves
intenables, classes difficiles, enseignants en
souffrance: les réalités sont
là et, même s'il faut éviter de
sombrer dans un catastrophisme qui ferait le jeu de
tous les fatalismes, on ne peut rester insensible
à des phénomènes qui se
banalisent.
Pour y faire face,
à côté des nécessaires
évolutions institutionnelles, Jacques
Lévine a imaginé, voilà plus
de trente ans, la formule du « Soutien au
Sou-tien ». Inspiré des groupes Balint
utilisés avec les médecins et les
travailleurs sociaux, il s'agit de rencontres entre
éducateurs qui acceptent de «
déposer ce qui leur fait problème et
de chercher ensemble des remèdes ».
Au-delà d'une simple « analyse de
pratiques », ce travail débouche sur
l'ouverture à une parole qui permet de
penser « l'autrement que prévu »
et donne les moyens aux adultes d'entendre ce qui
se passe vraiment avec leurs élèves.
« Pen-ser les souffrances d'école pour
les dépasser » est possible... Cet
ouvrage le montre à merveille à
partir de nombreux exemptes.
Mais on trouvera
aussi dans ce livre, conçu par Jacques
Lévine avant sa mort en collaboration avec
Jeanne Moll, un énoncé
particulièrement clair des principes, des
repères, des méthodes et des
conditions de réussite d'une formule qui
devrait se développer. Elle permet, en
effet, aux enseignants, rééducateurs
ou psychologues d'inventer ensemble les moyens pour
que les enfants et les adolescents
déstructurés retrouvent une place
à l'École et de la signification
à leurs apprentissages.
Philippe
Meirieu
Docteur en
psychologie, psychanalyste, Jacques
Lévine a fondé l'AGSAS en 1993
ainsi que la revue Je est un Autre. Sous ce
même titre, en collaboration avec J. Moll, un
ouvrage sur ses travaux a été
publié chez ESF éditeur.
Jeanne
Moll, docteur en sciences de
l'éducation, a enseigné en
lycée puis à l'IUFM de Strasbourg.
Elle est actuellement présidente de l'AGSAS
et rédactrice en chef de sa revue annuelle
Je est un Autre.
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Table des
matières
Remerciements -
Introduction
1. Qu'est-ce que
le Soutien au Soutien ?
Objectif
général
Création et
développement des groupes
2. Le Soutien au
Soutien : un miroir interrogateur pour penser
l'« autrement que prévu »
Comment naît
un groupe de Soutien au Soutien et comment s'y
organise le travail de la pensée ?
Face à des
enfants en non-adhésion scolaire, quelle
fonction assure le cadre du Soutien au Soutien ?
... .
Le refus de «
changer de corps » par fidélité
aux vécus de souffrance
Quatre saisons dans
la vie de Lucie
L'enseignant pris
au dépourvu face aux provocations des
élèves
3. Le Soutien au
Soutien : un lieu et une méthode pour
redynamiser la croissance
Du temps
arrêté au développement
à long terme
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La notion de
changement de sphère
d'appartenance
Le S au S, lieu
d'écoute tripolaire au service de la
croissance
La circulation de
la parole et ses effets
D'où
viennent les effets modificateurs ?
4. Le Soutien au
Soutien : une formation à la relation
Pas de formation
sans lieu de parole partant des problèmes du
terrain
En quoi le S au S
est-il une relation d'humanisation ?
Vers la
découverte du « temps intérieur
»
Un lieu de
réparation des corps en danger d'être
cassés
Penser les
souffrances d'école pour apprendre à
les dépasser
Le S au S :
à la fois « parent symbolique » et
« enfant à élever »
Conclusion
Vision d'avenir :
genèse et évolution du Soutien au
Soutien . . . .L'AGSAS
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Un passage
<<La pédagogie
traditionnelle part du principe qu'il suffit de
demander à un enfant, qui a des
particularités A, une histoire A, une
famille A, d'aller vers l'exigence scolaire B, pour
qu'il se soumette à B. Nous voyons
aujourd'hui que, lors-qu'il le fait sans y
être prêt, c'est au prix d'un
vécu artificiel des apprentissages, de
l'école et de lui-même, dont les
conséquences sont très
lourdes.
Former à la
relation implique donc qu'on associe l'enseignant
à une réflexion de fond, sur ce qui
fait dysfonctionner la machine scolaire (le «
faire la classe à la classe » sans
être institutionnellement outillé pour
s'occuper de chacun) et qu'on les autorise à
utiliser pleinement les expériences de
« rénovation pédagogique»
qui, depuis 1923 (Freinet), sont en cours, mais
avec trop peu de retentissement. Expériences
qui impliquent d'apprendre à insérer
les relations individuelles dans un cadre collectif
du type « classe-communauté de
chercheurs » et pédagogie
institutionnelle... par lequel est indiqué
le désir de société et de
citoyenneté que l'on veut faire
prévaloir.
Du même coup
se pose le problème du statut de
l'enseignant en formation initiale et continue. Il
ne doit plus être condamné à
n'être qu'un applicateur, prisonnier des
programmes et des us et coutumes. La formation doit
le préparer à assumer le rôle
de « co-fabricant » avec l'institution
d'une nouvelle école, la distinction
étant faite entre le court terme, où
il s'agit de faire le moins de gâchis
possible avec l'outillage qu'on a actuellement et
la préparation du long terme, dans le
maximum d'inventivité.
L'expérience
des groupes de S au S ou Balint-Enseignants montre
que deux sortes de situations qui, toutes deux,
partent du terrain, ont une véritable valeur
formatrice: d'une part, les sujets d'insatisfaction
les problèmes précis sur
les-quels l'enseignant bute dans sa pratique et
pour lesquels il doit pouvoir faire sans honte
l'aveu qu'il ne sait pas comment les
résoudre (la relation, cognitive ou
affective, à tel élève,
à tel parent, à tel collègue)
et, d'autre part, les satisfactions ce
à quoi il pense être en mesure
d'apporter des réponses.>>
p.114
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Commentaire
Un livre qui s'appuie sur
une expérience rigoureuse et
prolongée. Il devrait être une
base de réflexion pour tous ceux qui
s'occupent de formation
d'enseignants.
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