Souffrance en
France La banalisation
de l'injustice sociale Christophe
Dejours Collection Points;
Editions du Seuil ISBN:
2-02-039915-6 Dernière de
couverture Les Français
souffrent et ne le disent pas. Comment faisons-nous
pour tolérer le sort des chômeurs et
des « nouveaux pauvres » ? Et comment
parvenons-nous à accepter sans protester des
contraintes de travail toujours plus dures, dont
nous savons pourtant qu'elles mettent en danger
notre intégrité mentale et
psychique? Christophe Dejours,
spécialiste du travail, découvre
à l'origine de ce consentement silencieux la
peur et la honte. Il révèle comment,
pour pouvoir endurer la souffrance sans perdre la
raison, on se protège. A la lumière
du concept de distorsion communicationnelle de
Jürgen Habermas et de celui de banalité
de Hannah Arendt, il met au jour le processus qui
fonctionne comme un piège. Alors la
souffrance devient pensable. Et l'injustice sociale
banalisée... CHRISTOPHE
DEJOURS Psychiatre, psychanalyste, professeur
au Conservatoire national des Arts et
Métiers et directeur du Laboratoire de
Psychologie du travail. Table des
matières I - Comment tolérer
l'intolérable ? II - Le travail entre
souffrance et plaisir 1 - La crainte de
l'incompétence 2 - La contrainte à
mal travailler 3 - Sans espoir de reconnaissance 4
- Souffrance et défense III - La souffrance
déniée 1 - Le déni
des organisations politiques et syndicales 2 -
Honte et inhibition de l'action collective 3 -
Émergence de la peur et soumission 4 - De la
soumission au mensonge a) Le maniement de
la menace b) La
perplexité des cadres IV - Le mensonge
institué 1-La
stratégie de la distorsion
communicationnelle . 2 - Le mensonge
proprement dit 3 - De la
publicité à la communication
interne 4 - L'effacement
des traces . 5 - Les
médias de la communication
interne 6 - La
rationalisation V - L'acceptation du
<<sale boulot>> 1-Les explications
conventionnelles a) L'explication
par référence à la
rationalité stratégique b) L'explication
par référence à la
criminologie et à la
psychopathologie 2 - L'explication
proposée: la valorisation du mal a) Le mal dans les
pratiques ordinaires de travail b) Enrôler
les braves gens 3 - Le ressort de
la virilité VI - La rationalisation du
mal 1- La
stratégie collective de défense du
« cynisme viril » 2-L'idéologie
défensive du réalisme
économique 3 - Le comportement
des victimes au service de la
rationalisation 4 - La science et
l'économie dans la
rationalisation 5 - « Sale
boulot », banalité du mal et effacement
des traces VII -
Ambiguïtés des stratégies de
défense 1-L'aliénation
2 - Virilité versus travail 3 - Retour sur
les stratégies collectives de défense
. 4 -
Réversibilité des positions de
bourreau et de victime 5 - Retour sur le
mal VIII - La banalisation du
mal 1-Banalité
et banalisation du mal. 2 - Le cas Eichmann. 3 -
L'analyse des conduites d'Eichmann du point de vue
psychopathologique 4-L'analyse des conduites
d'Eichmann du point de vue de la psychodynamique du
travail 5 - La stratégie défensive
individuelle des « oeillères
volontaires » 6 - Limites des
stratégies défensives et crise
psychopathologique 7 - Banalisation du mal:
l'articulation des étages du
dispositif. IX - Requalifier la
souffrance 1- La
virilité contre le courage 2 -
Dé-banaliser le mal X - Souffrance, travail,
action Bibliographie Index
thématique - Index des auteurs Un passage <<La
reconnaissance du travail, voire de l'uvre,
le sujet peut la rapatrier ensuite dans le registre
de la construction de son identité. Et ce
temps se traduit affectivement par un sentiment de
soulagement, de plaisir, parfois de
légèreté d'être,
d'élation même. Alors le travail
s'inscrit dans la dynamique de l'accomplissement de
soi. L'identité constitue l'armature de la
santé mentale. Pas de crise
psychopathologique qui ne soit centrée par
une crise d'identité. C'est ce qui
confère au rapport au travail sa dimension
proprement dramatique. Faute des
bénéfices de la reconnaissance de son
travail et de pouvoir accéder ainsi au sens
de son rapport vécu au travail, le sujet est
renvoyé à sa souffrance et à
elle seule. Souffrance absurde qui ne
génère que de la souffrance, selon un
cercle vicieux, et bientôt destructurant,
capable de déstabiliser l'identité et
la personnalité et de conduire à des
maladies mentales. De ce fait, il n'y a pas de
neutralité du travail vis-à-vis de la
santé mentale. Or cette dimension «
pathique » du travail est massivement
sous-estimée dans les analyses sociologiques
et politiques, avec des conséquences
théoriques que nous envisagerons plus
loin.>> p.41
l
Voir: La
souffrance au travail : origines et manifestations