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DU SITE
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Les secrets de
famille
Martine
Lani-Bayle
Editions Odile Jacob
ISBN:
978-2-7381-1994-0
(2007) 22,50 €
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Dernière de
couverture
Pourquoi
avons-nous parfois le sentiment d'être le
jouet d'une histoire qui nous dépasse et
nous ramène plusieurs
générations en arrière
?
Serions-nous,
à notre insu, porteurs de secrets anciens
qui auraient été tus dans la famille
?
Mais si nos
ancêtres nous marquaient certes bel et bien,
mais pas comme nous le pensons ?
Et si cette
transmission, dite « de
génération en
génération », n'était pas
ce que l'on croit ? Et si nous la pensions à
l'envers, si elle n'était pas dans ce qui
nous est dit, ou dans ce qui nous est tu ou
refusé, mais dans ce que nous en percevons
et faisons ?
Une étude
passionnante, fouillée et très
illustrée, sur le poids que l'on prête
aujourd'hui aux ancêtres et à leurs
secrets.
Martine
Lani-Bayle Psychologue clinicienne, professeur
en sciences de l'éducation, Martine
Lani-Bayle enseigne à l'université de
Nantes.
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Table des
matières
PRÉLUDE:
Un pas en avant, trois pas en
arrière
La chute - Les
contresens du temps - Il faudrait qu'on en cause -
L'angle mort du passé
CHAPITRE
PREMIER: L'omerta : ce qui passe sans le
dire
Les dires du
passé - Je pose x et je retiens y - La
« petite muette », les « taiseux
» (pas dicible) - Passé sous silence
(pas audible) - Point aveugle (pas visible) - Pour
oublier ou l'antimémoire (pas
mémorable)
CHAPITRE 2
La scordatura : ce qui est mal
dit
Biffures,
décalages et autres tricheries : quand le
dire est détourné - Quand le dire est
proscrit - Quand le dire est rendu obligatoire et
transparent - Quand la mémoire est
trafiquée, blanchie,
remplacée
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CHAPITRE 3 Ce
qui passe malgré tout
Est-ce savoiable ?
- Le su de l'insu - L'ignorance en héritage
- La contagion du non-savoir -
INTERMÈDE
: Sens interdit
CHAPITRE 4
Vestiges et vertiges de la transmission
En amont :
l'innombrable poussée des ancêtres -
Un choix réducteur orienté - Le
chemin des restes - L'arbre des
générations - « Je suis
pêcheur de père en fils... » -
Bonne pioche ? - L'amorce temporelle du
récit ancestral - Vers l'aval : une descente
déjà amorcée
CHAPITRE 5 La
trace
Le contexte comme
prétexte - L'avant-mémoire - De
l'arbre à la pyramide - D'OEdipe à
Hermès
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CHAPITRE 6 Une
maille à l'endroit,une maille à
l'envers
Le règne de
l'ordre - Un renversement inédit - Une
perspective en forme de sablier - «
Raconte-moi des grands-parents... » - «
Dessine-moi des grands-parents... » -
INTERMÈDE
: Avec tache
CHAPITRE 7 Trois
formes de passage en écriture
L'histoire de vie
généalogique -L'histoire de vie
générationnelle - L'histoire de vie
générante
CHAPITRE 8 Ces
photos qui nous racontent le temps
L'éclairage
des ombres - Quand le voir devient savoir - La
photo et la vie : une tradition séculaire
pour un art jeune - La photo de la vie - La vie
antérieure de la photo
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CHAPITRE 9
Comment mettre en oeuvre un relais entre
générations ?
De mère en
fille - Questions et autres découvertes - La
naissance de l'alliance - En guise de transmission
de génération en
génération - Une forme de
délégation des savoirs entre
génération. - De ventre à
ventre : la poursuite d'un anneau
INTERMÈDE
: Point de vue
sur ce passé
qui nous regarde - Et de l'autre
côté ?
Post-scriptum
« Quoi de neuf
au musée ? » - Du gène à
la gêne - Une démarche en trois temps,
trois générations - Une genèse
de lien social
EPILOGUE -
TERMINOLOGIE - PETITE BIBLIOGRAPHIE IINDICATIVE -
INDEX DES PRINCIPAUX THÈMES -TABLEAUX ET
ILLUSTRATIONS
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Un passage
<<Passé
sous silence
(pas
audible)
Tout comme le
secret, le silence censé le maintenir est
biface. Ce sont les silences qui font la musique ;
sans eux, il n'y aurait que cacophonies. La parole
prend sens si elle se donne à être
retenue et si les silences qui parfois la creusent
se donnent à être respectés.
Ceux-ci peuvent être nécessaires, ils
ne sont pas toujours souffrants. La
réflexion comme l'histoire ont besoin de
temps pour se faire : quand elles apparaissent sur
le coup, elles ne sont que rarement cons-truites.
D'ailleurs, tout n'a pas à entrer dans un
récit. Choisir de dire, c'est aussi pouvoir
choisir de taire, si cela ne concerne que son
vécu intime. Choisir, mais non subir ou
être victime, bien sûr. Tout est une
question d'humanité. Rendre la parole et le
récit obligatoires après une
souffrance est une façon de les tuer. La
parole comme son écoute sont une
conquête. De toute façon, dire est
aussi une façon de taire. Et
réciproquement. Le pire étant sans
doute de dire sans être entendu. « Ils
n'ont pas parlé, ils n'ont pas
raconté... », a-t-on fait procès
aux revenants rescapés de crimes de guerre.
En est-on aussi sûr ? Peut-être ont-ils
parlé, au moins un peu, après quelque
silence de récupération. Mais
pouvait-on entendre ce qu'ils disaient ?
Se dire sans cesse
que tout ce que je raconte ici est faussé
par ce que je ne raconte pas. Ces notes ne servent
que des lacunes », remarque Marguerite
Yourcenar dans les Mémoires d'Hadrien.
Ainsi, quand il accroche, on « retient »
le dire, non pas dans le sens de « garder en
mémoire », mais dans le sens de
l'« empêcher », créant ce
silence tant reproché. « Je ne veux pas
le savoir » en est la tacite motivation. Car
dire réactive la souffrance de ce qui est
évoqué, la faisant sortir de son
passé pour la remettre au présent, le
temps, au moins, du récit et de son
écoute. Alors le silence est
convoqué, pour apaiser ou pour tromper,
parfois pour faire « comme si ne pas ».
Comme si ce qui n'est pas dit n'avait pas eu lieu,
le silence effaçant l'acte. Pour autant, le
silence est important aussi, pour que les mots ne
viennent pas trop tôt ou forcés, pour
ne pas imposer et figer une représentation
de ce qui s'est produit et qui ainsi, ne pourra
même plus prendre le temps d'être
pensé.>> p.
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Commentaire
Un livre important sur la
transmission de génération en
génération; transmission dont on n'a
pas toujours conscience des effets.
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