PLAN
DU SITE
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Une
séance de cours ordinaire
«
Mélanie tiens passe au
tableau...»
Claudine Blanchard-Laville
(sous la direction de )
Édition l'Harmattan
(2003) ISBN:
2-7475-3921-0 (22€)
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Dernière de
couverture
«
Mélanie tiens passe au tableau...» Ce
sont les mots prononcés par un enseignant de
mathématiques à la minute 41 de son
cours en classe de cinquième à propos
de la multiplication des fractions.
Cet
événement est étudié
à la loupe par une équipe de huit
chercheurs et chercheuses. Différentes
interprétations possibles sont
proposées, selon la mise en place du projet
didactique du professeur dans cette séance
de cours, et selon les modalités
d'interaction qu'il établit avec les
élèves et le climat qu'il installe
dans l'espace de la classe. Sous le feu de ces
regards croisés, les
phénomènes
d'enseignement/apprentissage se
révèlent dans toute leur
complexité.
Le mode de travail
qualifié de codisciplinaire qui a permis
d'articuler ces différentes approches, ainsi
que les conditions qui ont favorisé sa mise
en oeuvre sont aussi analysés.
Au-delà de la richesse de ce dispositif pour
la recherche, ce style de travail devrait
intéresser tous/tes les formateurs/rices et
tous/tes les enseignants/es qui aujourd'hui sont
largement confrontés/es aux
difficultés du travail en
équipe.
Pierre BERDOT,
Claudine BLANCHARD-LAVILLE, Sylvain BROCCOLICHI,
Alain BRONNER, Philippe CHAUSSECOURTE,
Françoise HATCHUEL, Nicole MOSCONI,
MarieLise PELTIER-BARBIER.
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Table des
matières
PROLOGUE
INTRODUCTION
PREMIÈRE
PARTIE: « POURQUOI MÉLANIE ?
»
UN
DÉCOUPAGE TEMPOREL DE LA SÉANCE EN
FONCTION DES TÂCHES DES
ÉLÈVES
La trame de la
séance
Les épisodes
et les diverses périodes de la
séance
MONTÉE
DRAMATIQUE
RÉPONSES
À « POURQUOI MÉLANIE ?
»
Réponse
d'Alain Bronner
Réponse
de Marie-Lise
Peltier-Barbier
Réponse
de Sylvain Broccolichi
Réponse
de Nicole Mosconi
Réponse
de Françoise Hatchuel
Réponse de
Pierre Berdot, Claudine Blanchard-Lavilli et
Philippe Chaussecourte
RÉFLEXIONS
CODISCIPLINAIRES À PROPOS DE CES
RÉPONSES
DEUXIÈME
PARTIE: TROIS PERSPECTIVES SUR LA
SÉANCE.
UN REGARD
DIDACTIQUE
L'organisation
didactique de la séance
L'organisation
mathématique de la séance
Les
phénomènes didactiques dans la classe
de mathématiques
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RITUELS ET
DIFFÉRENCIATION
Une gradation dans
les interactions avec les
élèves.
La tonalité
générale de la
séance
L'épisode 1
: prise en main de la classe : le rapport au
féminin
L'épisode 2
(min 33 à 49) : Charles et
Mélanie
Quelques questions
pour terminer
ANALYSE
CLINIQUE
Tonalité
générale de la séance : «
La dramaturgie ».
Analyse du premier
épisode: « En coulisses...
»
Analyse du
deuxième épisode: « Duos
à l'avantscène »
Étude
microanalytique : « Zoom sur Charles et
Mélanie »
Étude des
aspects de proxémique
TROISIÈME
PARTIE: À PROPOS DU DISPOSITIF DE RECHERCHE
CODISCIPLINAIRE
DE LA
CODISCIPLINARITÉ
Les
enjeux
Les dispositifs mis
en place et leur intérêt
Le dispositif
d'élaboration psychique
TÉMOIGNAGES
CODISCIPLINAIRES
POSTFACE
ÉLÉMENTS
BIBLIOGRAPHIQUES
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Des passages
<<L'interaction
avec Mélanie est tout d'abord typique d'un
phénomène que je qualifie de
perturbation didactique. Mélanie a vu la
procédure qu'elle suggérait,
c'est-à-dire prendre les calculs deux
à deux, écartée par
l'enseignant sans aucune explication: "oui on
pourrait" dit-il, "mais on a vu qu'on
pouvait faire... qu 'est-ce que tu vas faire avec
les numérateurs ? Audrey
dis-lui". En sens inverse, la stratégie
didactique du professeur est perturbée par
Mélanie. Le professeur présente alors
un long discours méthodologique sous forme
d'un flot de questions à la fin de la minute
45. Il semble vouloir recentrer
l'élève sur la procédure
visée et écarte toutes les
déviations possibles.>> (p.30)
<<Ainsi, lorsque le professeur invite
Mélanie au tableau, cette
élève a déjà eu un
rôle important au cours de la leçon,
rôle contrasté, puisque d'une part
elle a donné deux réponses correctes
à des calculs qui cependant ne lui ont pas
valu l'approbation du professeur et d'autre part
elle s'est fait réprimander de
manière plus ou moins ironique par le
professeur sur son attitude et ses
étourderies.
Quelles raisons
peuvent pousser le professeur à envoyer au
tableau cette élève-là,
à ce moment-là de la séance?
J'en distinguerai deux, l'une, d'ordre didactique,
relative à l'avancée du temps
didactique, l'autre plus liée à la
gestion de la classe. (p.38)
La multiplicité des « piques » que
l'enseignant lance à Mélanie durant
la séance filmée suggère qu'il
ne rate pas une occasion d'épingler ce par
quoi cette élève pèche. Dans
cette perspective, l'envoi au tableau ne
constitue-t-il pas le plus sûr moyen de
mettre en défaut publiquement une
élève récalcitrante ? (p.42)
Pour répondre à cette question, il
nous faut regarder ce qui s'est passé avant
que l'enseignant interroge Mélanie. Charles,
l'élève modèle, est
passé au tableau. Il a eu « un trou
» mais a fini par se rattraper. L'enseignant
est tout de même en danger. L'enregistrement
de son cours lui a été
présenté comme destiné
à être utilisé en formation
d'enseignant-e-s. On peut donc imaginer qu'il a
à coeur de faire une leçon
modèle, qui plus est devant une «
charmante dame », puisque c'est ainsi que la
personne qui filme a été
qualifiée par un élève puis
par l'enseignant. Or cette leçon
modèle a manqué mal tourner. On peut
donc dire que le narcissisme professionnel
(Hatchuel, 1997) de l'enseignant est en danger, et
qu'il a besoin de réassurance. (p.47)
Nous dirons en premier lieu que, si nous
considérons le registre professionnel du
professeur, nous sommes frappés par le fait
que Mélanie a ostensiblement «
exhibé » tout au long de la
séance son relâchement corporel
malgré les remontrances de l'enseignant, et
ce, devant la caméra, au cours d'une
leçon qui se veut modèle. Pour nous,
c'est qu'elle ne veut pas montrer qu'elle «
suit » et qu'elle s'implique dans la
résolution des exercices....... Sa
résistance se décline sur un double
niveau résistance au jeu didactique formel
du professeur vis-à-vis duquel il faudrait
surtout témoigner que l'on fait
allégeance, ce à quoi, passivement,
Mélanie se refuse; résistance
à la relation d'emprise du
professeur, forme de relation dont nous montrerons
qu'elle structure le transfert didactique de cet
enseignant. (p.51-52)
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Commentaire
Ce livre est la
suite des travaux de Claudine Blanchard-Laville et
de son équipe. Il a plusieurs
intérêts. Celui de montrer l'apport
d'un véritable travail d'équipe
codisciplinaire dans la recherche comme sans doute
dans l'enseignement; en cela il peut inspirer les
enseignants, pour les T.P.E. Il montre, d'autre
part, comment, sur un même fait (l'appel au
tableau d'un élève dans un cours) des
regards différents peuvent être
apportés, chacun se justifiant dans un plan
donné. Ce livre met également en
évidence la complexité de la
réalité et les diverses
interprétations qu'on doit avoir sur elle
pour l'approcher quelque peu, ainsi que la
tolérance nécessaire vis-à-vis
de ceux qui ne pense pas comme nous.
Ce livre montre,
d'autre part, comment on peut enrichir la
"didactique classique" par une approche plus
complexe incluant des dimensions sociale, groupale,
inconsciente...qui amène à
créer de nouveaux concepts comme celui de
"transfert didactique".
Voici quelques
passages de textes d'auteurs de ce livre, de
formation différente (didactique, sciences
de l'éducation, clinique,
mathématique, sociologie) illustrant ces
propos. Évidemment cette juxtaposition de
simples phrases enlève l'argumentation et la
complexité des positions de chacun ainsi que
le travail commun de dialogue lui
succédant.
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