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DU SITE
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Autobiographie
de Carl Rogers
Lectures
plurielles
Collection
"Savoirs et rapport au savoir"
Éditions
L'Harmattan
(2003) ISBN: 2-7475-5663-8 (21
€)
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Dernière de
couverture
Lectures
plurielles
Psychologue,
thérapeute, chercheur, pédagogue,
formateur... Carl Rogers, l'auteur du
Développement de la personne ou de
Liberté pour apprendre, fut un des grands
penseurs de notre temps. Théoricien de
l'autodirection, il n'a cessé de questionner
l'apprentissage autonome et l'évolution
personnelle, en se demandant comment une personne
extérieure pouvait accompagner ou faciliter
ces processus. En 1967, il témoignait,
à travers son Autobiographie, de son
parcours et de ses engagements. Édité
en France en 1971 chez l'Épi, l'ouvrage a
rapidement été
épuisé.
En hommage à
un auteur qui a marqué plusieurs de ses
membres, le collectif « Savoirs et rapport au
savoir » de l'Université Paris X
Nanterre réédite ce texte,
accompagné d'une série d'analyses qui
poursuivent un double but : réactualiser la
pensée de Rogers et approfondir la
conceptualisation de la notion de rapport au
savoir. Les autobiographies offrent, en effet, une
occasion unique et passionnante de comprendre,
à travers ce qu'un auteur choisit d'afficher
de lui-même, comment et pourquoi se construit
son rapport au savoir, en situant ses
théorisations dans une histoire propre qui
les éclaire et leur donne sens.
Sont donc
présentées ici, outre
l'Autobiographie, six analyses croisées,
appuyées sur des conceptualisations
psychosociales et psychanalytiques, en lien avec le
contexte socio-historique dans lequel vécut
Rogers. Ces analyses montrent en quoi les choix de
vie et les développements théoriques
peuvent être considérés, aussi,
comme des réponses aux conflits psychiques
qui traversent tout individu en
général et Carl Rogers en
particulier, et comment l'individu s'empare de ce
qui le prédétermine (conditions
extérieures, influence familiale,
références culturelles, etc.) pour
construire ces réponses.
Introduction aux
travaux de l'auteur, l'ensemble permet par ailleurs
de saisir quelque chose d'une pensée «
vivante », en train de s'élaborer, en
réponse à des questions
anthropologiques fondamentales. C'est donc, aussi,
un travail épistémologique, qui
contribue à montrer ce que le savoir peut
apporter au développement de chaque
personne.
Ont contribué
à cet ouvrage
Jacky Beillerot,
Claudine Blanchard-Laville, Philippe Carré,
Françoise Hatchuel, Gérard
Jean-Montcler, Nicole Mosconi.
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Table des
matières
Autobiographie,
de C. R. Rogers Texte
intégral
I. Qui
suis-je
II Mon
enfance -
Mes parents - Mes
frères et ma première école -
Douze ans, et la campagne - Études et
travail.
III.
Premières années à
l'Université -
Voyage en Chine -
Malade six mois - Fiançailles.
IV. Les
années new-yorkaises
Mariage -
Études au Union Theological Seminary - Et au
Teachers College
- Une année
à l'Institut de Guidance
infantile
V. Les
années à Rochester
Trois récits
- Quelques relations - Premiers cours au Teachers
College - Conflit avec les psychiatres - Professeur
à l'Université d'État de
l'Ohio
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VI.
Départ pour Chicago
La mise sur pied du
Centre de Conseil Psychologique - Activités
professionnelles à Chicago - Période
de détresse personnelle - Une perspective
qui s'élargit
VII.
Wisconsin
Départ pour
Madison - Je quitte le département de
psychologie - Un groupe de recherche - Voyage au
Japon - Une année stimulante - Le Western
Behavioral Sciences Institute.
VIII. Le sens de
ma carrière.
Un certain
isolement. - De l'indépendance - À
l'avant-garde de la pensée -
Découvrir le sens - Deux aspects de ma
personne - Une stratégie personnelle. -
Avoir de l'influence et « faciliter » -
Le plaisir d'écrire - Être
vulnérable - Diversités des centres
d'intérêt - La chance et une certaine
assurance
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Lectures
plurielles
Carl Rogers,
psychothérapeute
par Claudine
Blanchard-Laville
Rogers, ou la
construction d'un rapport au savoir
par Jacky
Beillerot
.
Rogers : la
mère rigide, la patiente psychotique et la
vraie compagne
par Nicole
Mosconi.
Un déni
du conflit devenu théorie
pédagogique
par
Françoise Hatchuel
C. R. Rogers,
une construction dans un rapport au
savoir
par
Gérard Jean-Montcler
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Passages
Autobiographie
de carl Rogers
<< Quand je
ne trouvais rien d'autre, je lisais
l'encyclopédie ou le dictionnaire. Je me
rappelle encore certains essais pour obtenir une
information sexuelle de cette manière,
aboutissant toujours à une impasse au moment
crucial.
Ces lectures me
rendaient coupable, bien souvent. Lire était
échapper à ma part de travail
ménager ou oublier, délicieusement,
tout ce qu'on m'avait dit de faire. Avoir son nez
dans un livre, sauf peut-être le soir,
n'était ni bien, ni pratique, ni du travail
sérieux. (Des années plus tard,
devenu professeur de faculté, il m'arrivait
de me sentir vaguement coupable parce que
j'étais assis, en train de lire un livre, le
matin).
Je trouvais que mes
parents faisaient plus attention au frère
qui me précédait qu'à moi. Ce
sentiment dut être assez fort, puisque je me
rappelle avoir construit une théorie, selon
laquelle j'étais un enfant adoptif. (Ce
n'est que des années plus tard que je
découvris la banalité de ce
fantasme). Comme on aurait pu s'y attendre, il y
avait beaucoup de rivalité et
d'hostilité entre ce frère, mon
aîné
de trois ans, et
moi. Nous n'en étions pas moins des
camarades qui allions à l'école
ensemble et partagions bon nombre
d'activités. Celui dont j'étais le
plus proche dans la famille était mon
frère cadet Walter. Lui et John, mon plus
jeune frère, avaient deux ans de
différence entre eux et respectivement cinq
et sept ans de moins que moi. Malgré cette
différence d'âge nous formions un
solide trio. J'avais vis-à-vis de mon
frère aîné, Lester, un
véritable culte du héros, bien que la
différence d'âge entre nous fut trop
grande pour que nous puissions passer beaucoup de
temps ensemble. Je me souviens de mon orgueil quand
le journal mentionna qu'il avait obtenu le score le
plus élevé, au bon vieux test
d'intelligence de l'Armée, à Camp
Grant, pendant la première guerre
mondiale.
Je ne
fréquentais pratiquement personne en dehors
de la famille, mais je ne me rappelle pas que cela
m'ait gêné en quoi que ce soit. Notre
vie familiale me suffisait. Je me souviens juste
d'une bataille à coups de poing à
l'école primaire. J'étais mort de
peur mais fis de mon mieux et terminai à peu
près match nul..>> p. 10-11
Lectures
plurielles
<<À
cet égard, le matériel que constitue
cette autobiographie présente un
précieux avantage : étonnant
mélange d'honnêteté et de
rationalisation, il nous donne à voir de
façon parfois quasi transparente à la
fois les contraintes intérieures du jeune
homme qu'a été Rogers et les
solutions qu'il adopte peu à peu pour les
affronter, dans un texte où lucidité
et déni se répondent dans une sorte
de dialogue particulièrement
intéressant pour l'analyse. Certaines
constructions de phrases, qui montrent l'exacte
limite de ce que Rogers peut dire de
lui-même, sont à cet égard tout
à fait significatives.
Dès la
première lecture, deux points apparaissent
comme particulièrement frappants : d'une
part, ce que l'on peut considérer de prime
abord comme un refus obstiné de s'enraciner
où que ce soit ; d'autre part, et de
façon a priori paradoxale pour «
l'inventeur de la non-directivité »16,
un rapport à la notion de leadership moins
limpide qu'il n'y parait. Nous verrons alors en
quoi la non-directivité, ou plutôt l'
« autodétermination »17,
c'est-à-dire le refus de prendre des
décisions pour autrui, peut constituer une
réponse aux questionnements profonds du
jeune Carl, notamment dans sa relation aux autres
et son refus du conflit, trop culpabilisant pour
lui, en lui permettant de se dégager un
territoire autonome sans risque d'empiéter
trop sérieusement sur celui
d'autrui.>> p.160 Françoise
Hatchuel
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Commentaire
Livre ayant un
double intérêt. Celui de nous faire
mieux connaître la vie d'un des grands
pédagogues de notre époque qui nous
a, tous, plus ou moins influencés. Ce
"grand homme" est comme nous avec son histoire
personnelle, ses faiblesses, ses
difficultés, ses moments douloureux de
dépression et aussi de plaisir et de
recherche.
Son
intérêt est également de nous
montrer comment sa pensée
pédagogique, ses théories, son style
de thérapie sont intimement liés
à son histoire personnelle. Comment, en
définitive, il n'y a pas de symbolisation
pure mais qu'elle est toujours liée à
l'imaginaire.
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