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Rapport au savoir et didactique

sous la direction de Sylvette Maury et Michel Caillot

 

Col. Education et sciences. Editions Fabert (2003) ISBN: 2 907 164 65 1 (20 €)

Dernière de couverture

L'expression du "rapport au savoir" est aujourd'hui largement répandue dans les milieux francophones de l'éducation, à travers les discours des chercheurs, des professionnels, voire des politiques. Cette notion intéresse les travaux des didacticiens des disciplines car elle se trouve au coeur des processus d'apprentissage de élève.

Le but de l'ouvrage est de présenter à la fois les diverses entrées (sociologique, psychanalytique, anthropologique) concernant cette notion élaborée dans le monde francophone mais souvent mal vulgarisée, et l'usage qui peut en être fait par les chercheurs en didactique.

Le chapitre introductif retrace brièvement l'histoire de l'émergence du concept dans les didactiques et illustre son utilisation dans ce champ. On trouve ensuite les contributions d'auteurs français et québécois, a l'origine des théorisations de la notion ou ayant largement contribué à son développement : C. Blanchard-Laville, B. Charlot, Y Chevallard, P. Jonnaert et M. Larochelle. Leurs textes est complétés par celui de P. Clanché, qui apporte le regard de l'anthropologue de l'éducation,

Cet ouvrage devrait inéresser particulièrement les formateurs, les maîtres en formation ou en exercice ainsi que les chercheurs en éducation et les didacticiens des diverses disciplines. II devrait égaiement constituer un ouvrage de référence sur le"rapport au savoir" pour les étudiants en sciences de l'éducation.

Éducation et science

Une collection dirigée par Sylvette Maury

Agrégée de mathématiques, professeur à l'Université des Sciences et Techniques du Languedoc à Montpellier, auteur de nombreux articles en didactique des mathématiques, Sylvette Maury est aujourd'hui professeur de sciences de l'éducation à la Sorbonne, Université Rene Descartes - Paris 5 -

La collection Éducation et science s'adresse à tous les publics intéressés par les problèmes de l'éducation, aux différents professionnels de l'enseignement et de la formation, mais aussi aux personnes désireuses de mieux connaître et comprendre ces problèmes. Les champs de l'éducation et de la formation sont vastes, aussi la collection pourra-t-elle comprendre, à côtéd'ouvrages traitant de l'enseignement, d'autres qui concernent la famille, le travail, les loisirs, etc.

Sylvette Maury et Michel Caillot sont Professeur de sciences de l'éducation à la Facultés des Sciences Humaines et Sociales-Sorbonne (Université René Descartes-Paris V). Ils sont respectivement spécialistes de didactique des mathématiques et de didactique des sciences expérimentales et collaborent au sein du laboratoire Éducation et Apprentissages (EDA).

Table des matières 

Avant-propos

 1. Quand les didactiques rencontrent le rapport au savoir, par Sylvette Maury et Michel Caillot

1. Introduction

2. Au début des didactiques

3. Autour des nombres décimaux

3.1. Un nombre décimal comme un couple d'entiers

3.2. Un décimal = un entier!

4. Les didactiques face aux « rapports au savoir »

5. Approche anthropologique des savoirs

6. Des rapports personnels au savoir

6.1. Dimension privée - dimension publique du rapport au savoir

6.2. Le rapport au savoir sur la foudre

7. Le rapport à « l'apprendre »

8. Conclusion; Références bibliographiques

 2. La problématique du rapport au savoir par Bernard Charlot

1. Le rapport au savoir: question ancienne, notion nouvelle.

2. La problématique psychanalytique le savoir comme objet de désir

3. La problématique sociologique: du social comme position au social comme position, histoire et activité

4. Le rapport au savoir : une question pour la didactique ? Références bibliographique

3. Rapport au savoir et socialisation à la cité scientifique, par Marie Larochelle

1. De la mise en boîte des vivants

2. La classification : une question d'ontologie

ou de négociation ?

3. De la mise en boîte d'un objet hybride

4. De la mise en boîte des élèves

5. Conclusion; Références bibliographiques

4. Approche anthropologique du rapport au savoir et didactique des mathématiques, par Yves Chevallard.

1. Rapports personnels, rapports institutionnels

2. La relativité institutionnelle de la connaissance

3. Formation, disciplines, contre-assujettissements

4. Pathologie du rapport à la connaissance

Références bibliographiques

5. Perspectives curriculaires contemporaines et changements des rapports aux savoirs, par Philippe Jonnaert

1. Introduction

2. Clarifier le concept de compétence

3. Clarifier un paradigme épistémologique

4. Compétences et socioconstructivisme

5. De nouveaux rapports aux savoirs

6. Conclusion Références bibliographiques

6. La didactique et les rapports aux savoirs le point de vue de l'anthropo-didactique, par Pierre Clanché

1. Didactique et « rapport au savoir »

2. Leffet « âge du capitaine » : quel est le rapport ?

3. Lancrage anthropologique du didactique : l'arrachement .

4. Rapport au savoir : croyance ou erreur ?

5. Bi-focalisation de la scène

6. Culture, contexte et coutume

7. La situation

8. Ouvertures

Références bibliographiques

 7. Rapport au savoir et approche clinique des pratiques enseignantes, par Claudine Blanchard-Laville

1. Parcours

2. Transfert, contre-transfert et transfert didactique

3. Franck et Mélanie

4. Stéphanie ou les débuts d'un professeur de sciences physiques en collège

Références bibliographiques

Deux passages

<<Voilà l'enseignant qui vient se prêter au jeu de la demande, demande de savoir, s'entend ; mais, lui sait bien confusément qu'au-delà de cette demande de savoir lui sont adressées par la même occasion tout un tas d'autres demandes imaginaires; toutes ces demandes, il sait aussi, sans le savoir vraiment, qu'elles ne lui sont pas véritablement adressées, mais adressées à travers lui au sujet en tant qu'il a pris la place du « sujet supposé savoir » ; il sait bien aussi que ces demandes concernent l'élève en tant que sujet qui réactualise dans l'espace pédagogique des demandes façonnées, selon son mode à lui, par son passé et en particulier, structurées selon le schéma prototypique de ses demandes anciennes aux imagos parentales.

Tout en pressentant cela, il va s'efforcer de répondre ; il est payé pour cela : il va restituer tout ce qu'il sait, de son mieux ; il va même dire quelquefois qu'il se « tue » à cette tâche de restitution, mais ce faisant, il va en profiter à son tour pour glisser subrepticement et implicitement un « puisque je vous donne tout, tout ce que j'ai, puisque vous m'épuisez en me vidant de toute ma substance, alors en retour, vous allez bien m'aimer, tous, vous allez m'aimer et vous allez vous laisser séduire par moi ». Et voilà que chemin faisant, un peu à son insu, il enferme l'autre-élève dans un contrat imaginaire très complexe où l'on ne sait plus bien à la fin qui demande quoi et à qui ...

De plus, ne pouvant en vérité jamais satisfaire la demande de l'autre, dont on a vu qu'elle était exorbitante, à vouloir remplir tous les manques laissés par toutes les demandes précédentes insatisfaites, l'enseignant va se laisser charger imaginairement d'un savoir qui dépasse largement son savoir réel et qu'il ne possède pas plus que les autres : c'est le savoir à lui supposé. C'est ce savoir-là qui va asseoir son autorité, alors que son savoir réel lui donne tout juste, comme l'exprime Octave Mannoni, « un pouvoir défini », pouvoir de noter par exemple, de sanctionner, de sélectionner. Parallèlement, commence pour lui l'insupportable situation d'incomplétude narcissique : il va se laisser envahir du doute, doute sur lui, sur son savoir, sur son image, du doute de n'en pas savoir assez, de n'avoir pas ce savoir que sûrement les autres enseignants ne manquent pas d'avoir ; ceux de la classe voisine, ou mieux, de la classe au-dessus ou encore mieux du cycle au-dessus. Voilà les collègues chargés à leur tour imaginairement de posséder cet en-plus qui manque à tout le monde. Et voilà engagé le jeu indéfini de la balle qui poursuit de main en main une ronde imaginaire.>>p.150-151. Chapitre: Rapport au savoir et approche clinique des pratiques enseignantes. Claudine Blanchard-Laville

<<Se former, c'est se discipliner : l'offre de formation est offre de discipline. La chose doit être entendue aussi en un sens du mot qui est une extension de son sens premier : si « discipline » désigne très tôt la mortification corporelle que s'impose le clerc (pour se former...), il signifie aussi, en ancien français, massacre, carnage, ravage, calamité. De fait, l'assujettissement aux disciplines d'une institution de formation peut avoir sur les formés des effets profondément déstabilisants. En bien des cas, ainsi, les assujettissements auxquels x se trouve soumis dans l'institution de formation tendent à lui imposer des rapports qui, à court terme, entrent en conflit avec ses propres rapports personnels. Toute personne est la résultante d'assujettissements à une multitude d'institutions en lesquelles elle a rencontré diverses oeuvres ; ces institutions dont elle a été le sujet ont peu à peu, au fil des années, construit sa « personnalité », en lui inspirant ses manières d'être et ses manières de voir - ses rapports personnels. La personne émerge du maelstrôm de ses assujettissements passés et présents, sans se réduire jamais à aucun d'eux, on l'a déjà noté, même si tel d'entre eux apparaît dominant en tel type de situations. Ce serait donc une lourde erreur de croire qu'un élève, par exemple, est ou devrait être le sujet docile de l'oeuvre - français, mathématiques, anglais, sciences économiques et sociales, etc. - dans laquelle le professeur a reçu mission de le faire entrer. D'autres assujettissements, exogènes, antérieurs, seront peut-être vécus par lui comme plus vitaux, ou simplement comme de meilleurs garants de l'intégrité et du développement de sa personne, tandis que les assujettissements imposés par la formation scolaire seront ressentis, ponctuellement ou globalement, comme menaçant son intégrité personnelle - chose particulièrement sensible en milieu populaire.>> p.90-91 Approche anthropologique du rapport au savoir et didactique des mathématiques. Yves Chevallard

Commentaires

Livre particulièrement intéressant dans la mesure où il montre bien la complexité du rapport au savoir et donc de la didactique et de la construction des connaissances.

Il présente diverses perspectives de ce rapport au savoir, montrant la richesse de ce concept mais également la diversité de ces approches possibles. On lira avec intérêt l'essai de mathématisation des relations, interactions d'un élève avec l'objet du savoir par Yves Chevallard. La difficulté ensuite est de ne pas négliger l'une des approches énoncées, car la tentation, bien sûr, est de le faire (comme moi en présentant seulement deux passages de ce livre!).

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