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DU SITE
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Psychanalyse du
net
Michael
Civin
Préface
de Sylvain Missonnier
Traduit de
l'américain par Emmanuelle
Ertel
Editions
Hachette Littérature (2002) ISBN:
2-01-235630-3 (20 €)
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Dernière de
couverture
Internet est
désormais présent au coeur de notre
vie professionnelle et privée. Surfer sur le
Web, échanger des mails, chatter s'exprimer
dans un forum ponctuent de plus en plus notre
ordinaire
Cette intrusion
massive intrigue et bien souvent inquiète.
Internet constitue-t-il une menace ou
étend-il simplement nos capacités,
comme tout autre outil ? Comment le Net
brouille-t-il masculin et féminin dans un
mode asexué de genre technologique ?
Pourquoi tant de personnes en viennent-elles
à préférer les cyber-relations
aux relations en face à face ? Comment dans
le monde du travail, ces cyber-relations
agissent-elles sur les individus mais aussi sur
l'entreprise elle-même?
Au siècle
dernier, Sigmund Freud a traqué la
présence masquée de l'inconsient dans
les lapsus les actes manqués et les mots
d'esprit de la vie quotidienne Au début de
ce millénaire orchestré par les
machines à communiquer, Michael Civin
inaugure la psychanalyse des relations humaines
médiatisées par Internet
Michael Civin,
psychanalyste
et psychothérapeute, consultant
auprès d'entreprise, est professeur de
psychologie à l'université Adelphi.
Il dirige également la clinique du Baldwin
Council Against Drug Abuse.
Ouvrage traduit
avec l'aide du CNL
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Table des
matières
Préface de
Sylvain Missonnier
Avant-propos
1. Le masculin, le
féminin et l'e-mailien - nouvelles
conceptions de la relation
2. L'interface de
Janus : les relations par Internet du nouveau
millénaire
3. Nettoyer le
réseau de la perception
4. Entre chair et
pensée : la substance des relations par
Internet
5. Entre deux
existences : sur les vicissitudes du cyberespace
comme espace potentiel dans les
entreprises
6. Au point repos
d'un monde en mutation
Lexique
Bibliographie
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Un passage
<<Sortir
de soi
La manière
dont notre vie se dessine aujourd'hui, à
l'interface de Janus, est en grande partie
déterminée par des
phénomènes paradoxaux. Les gens
tentent, avec le cyberespace, de concilier ou non
des parties conflictuelles, voire
irréconciliables, d'eux-mêmes. Parmi
ces expériences, notons le sentiment que
partagent la plupart de se trouver
irrémédiablement seuls tout en
étant connectés à d'autres ;
de constituer, avec les autres, des entités
singulières et, en même temps,
interchangeables et redondantes ; et de
posséder, dans leurs rapports avec les
autres, des personnalités
fragmentées, de manière à la
fois séquentielle et simultanée, mais
néanmoins stables et structurées. Les
internautes peuvent se trouver impliqués,
dans leurs relations, mais sans que cette
implication se manifeste de la même
façon. Pour certains, l'investissement
s'accompagne d'un repli presque total qui les coupe
de tout autre contact humain significatif. Ils
optent pour une réalité insulaire et
limitée, dans l'univers pourtant infini de
la machine ; ils résident à toute
heure du jour et de la nuit dans le monde
créé et éclairé par
l'écran d'ordinateur. Leurs liens les plus
importants, les plus précieux
s'établissent par le biais d'un texte
désincarné qui représente
d'autres êtres humains, à la fois
instantanément présents et en
réalité absents. Pour d'autres,
l'engagement dans le cyberespace leur permet de se
libérer d'une angoisse de persécution
insurmontable qu'ils éprouvent dans la vie
réelle, parce qu'ils se sentent
entravés par des relations qui leur
paraissent plus contraignantes que satisfaisantes,
plus inquiétantes que gratifiantes.
Ceux-là, qui constituent des exemples de
repli paranoïde, peuvent enfin trouver dans le
cyberespace des possibilités
illimitées de se vivre dans toute leur
complexité. Cette forme de relation
cybernétique donne à certains la
force de retourner par la suite dans le monde
réel, avec ou sans leurs partenaires du
cyberespace ; d'autres choisissent de rester dans
le monde le plus exaltant qu'ils aient connu, sans
être gênés par son
côté virtuel.
On a là
l'illustration d'un des paradoxes de la vie
contemporaine. D'un certain point de vue, ceux qui
s'investissent dans ces relations semblent avoir
renoncé à tout contact humain et
choisi, à la place, une
réalité plus insulaire et
circonscrite. Jour après jour, ou plus
souvent nuit après nuit, ils glissent dans
un monde éclairé essentiellement par
la lumière de l'écran de
l'ordinateur, un monde où les seuls sons
audibles sont le cliquetis des touches, le
ronronnement du disque dur et le sifflement du
modem, où le contact physique passe
uniquement par le clavier et la souris, et
où les autres êtres humains n'existent
que dans l'unidimensionnalité
désincarnée des lettres qui
s'alignent sur la surface de l'écran. Un
monde, enfin, dans lequel les gens ne peuvent avoir
de contacts physiques avec ceux qu'ils contactent
ni connaître ceux avec qui ils font
connaissance. D'un autre point de vue, le
cyberespace permet à ces personnes de se
libérer d'une existence où leur
identité est réduite et assaillie par
un monde qui les limite et les menace, qui les
enferme dans des relations insatisfaisantes avec
d'autres personnes également
entravées. Le cyberespace leur offre des
possibilités infinies d'être elles
mêmes et, fortes de cette
multidimensionnalité, elles
découvrent des relations d'une richesse
qu'elles n'auraient peut-être jamais connue
autrement. C'est ici que le paradoxe se fait jour :
le cyberespace constitue à la fois un monde
de l'unicité et de l'isolement et un monde
de richesse personnelle et de complexité
intersubjective.>>p.61-63
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Commentaire
Les livres qui
font réfléchir sur les relations par
Internet ne sont pas légion! Celui-ci nous
prépare au monde de demain dans un esprit
non sectaire, en montrant toute la
complexité de cette nouvelle
communication.
Voir
également
http://www.journaldunet.com/itws/it_tisseron.shtml
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