PLAN
DU SITE
|
Les profs
suicident la France
Sociopathologie
du corps enseignant
Patrice
Ranjard
Col. Sciences
Humaines Editions Robert Jauze (2003)
ISBN: 2
86214 050 3
(25
)
|
|
Dernière de
couverture
Après de
longues années à travailler en vain
à introduire le changement dans le
système, l'auteur dresse ici un constat sans
complaisance de ce que sont aujourd'hui
l'Éducation nationale française et le
monde des enseignants.
Le collège
est un échec parce qu'on a voulu y maintenir
l'enseignement du lycée d'autrefois.
Responsables: les enseignants et anciens
élèves du secondaire qui ont
tellement peur d'être rapprochés du
primaire. Tous les remèdes à ces
échecs sont restés vains parce que
les enseignants n'appliquent pas les lois. Leur
statut leur donne une quasi-toute-puissance sur le
système et l'ensemble de leurs syndicats,
nourri d'une solidarité corporatiste quasi
obligatoire, exerce un énorme pouvoir de
blocage. Sans oublier leur espèce de
paranoïa, qui leur permet de faire
naître dans l'opinion un sentiment de
culpabilité (surtout chez les journalistes),
culpabilité qu'ils régulent
eux-mêmes au mieux de leurs
intérêts.
L'auteur montre
quels sont les enjeux des enseignants, ce qu'ils
défendent en vérité en
refusant tout changement de leur activité,
derrière des théories
pédagogiques simplistes. Leurs
privilèges en temps, leur privilège
de travailler seuls, de ne dépendre de
personne, jamais d'interdépendance et, dans
leur classe, le Pouvoir, sans contrôle. Enfin
le privilège de ne pas être
responsable des résultats de son travail, ni
individuellement ni collectivement.
Étrange
paradoxe d'un système composé de
citoyens entièrement à part qui a
pour mission de préparer les citoyens
à part entière de demain...
L'auteur
Patrice Ranjard
n'est ni un
enseignant aigri ni un théoricien
anathémisant du haut de sa chaire.
Enseignant, parent d'élèves,
chercheur à l'institut national de recherche
pédagogique, formateur à l'Institut
de formation et d'études psychosociologiques
et pédagogiques, aujourd'hui
psychothé rapeute, il a pu mesurer avec
précision, de l'intérieur comme de
l'extérieur, l'ampleur des problèmes
que connaît notre système
pédagogique et de ses ravages dans notre
société, au détriment de ce
qui est l'avenirdu pays: sa jeunesse.
Ce souci d'alerter
l'opinion l'a conduit à publier deux
ouvrages qui ont suscité la controverse en
France comme à l'étranger: Les
enseignants persécutés (en 1984, dans
la même collection), consacré à
une étude critique du monde des enseignants,
et L'individualisme, un suicide culturel (en 1997),
qui montre que le projet d'établissement
n'existe nulle part parce qu'il est incompatible
avec la mentalité des
enseignants.
|
Table des
matières
Introduction
Chapitre premier:
Au-dessus des lois
Chapitre 2 : Leurs
armes : statut, paranoïa et
solidarité
Chapitre 3 : Leur
temps
Chapitre 4 : Leur
olympienne solitude
Chapitre 5 : Leur
pouvoir de juger
Chapitre 6 : Leurs
compensations relationnelles
Chapitre 7 : Leur
non-responsabilité
Chapitre 8 :
Culture nationale et Éducation nationale
Conclusions
Annexe
|
Un passage
<<Les
redoublements
Avant toute
orientation, la menace permanente, celle qui
commence en octobre du cours préparatoire,
c'est le redoublement. Dans notre système
rigide d'années successives, redoubler est
la seule solution proposée à un
élève qui est jugé incapable
de suivre avec profit l'année suivante. Pour
rattraper un retard, tout ce qu'on sait lui
proposer, c'est de refaire tout le trajet? Imaginez
un adolescent qui construit un modèle
réduit de navire ancien. Parvenu au
gréement, il est incapable de
réaliser le haubanage des mâts.
Quelqu'un lui fait remarquer qu'il a inversé
le mât de misaine et le mât d'artimon.
Que fait-il? Il démonte les deux mâts,
les remet en bonne place et continue. Notre
système scolaire lui aurait dit
« Jette cette
maquette à la poubelle, achètes-en
une autre et recommence tout ». Avec un tel
système, l'adolescent abandonne les
modèles réduits et s'installe devant
la télé. Ce déni de tout
acquis '` au cours de l'année est un frein
à la motivation d'apprendre.
Et cette
absurdité est uniquement due à la
rigidité des années fixes
numérotées, elle-même due
à l'emploi du temps horaire, lui- fi
même dû aux privilèges en temps
des enseignants. Si on ne
comptait pas par
années, si les élèves
n'étaient pas enfermés dans leur
groupe toute l'année pour toutes les
disciplines, le redoublement aurait disparu. Mais
alors les enseignants n'auraient peut-être
plus autant de demi-journées « libres
».
Il faut savoir
aussi que la façon dont l'administration
gère les effectifs d'élèves
donne une prime à l'établissement qui
fait redoubler. Les postes d'enseignement
étant attribués en fonction du nombre
d'élèves présents dans
l'établissement, il est évident que
les collèges ont tout intérêt
à allonger le séjour des
élèves : les quatre années de
collège en cinq ans, c'est souvent la norme.
« L'an prochain, il nous faut tant de
redoublants en sixième pour sauver nos
quatre classes ». Un collège qui
réussirait à améliorer
vraiment les apprentissages des
élèves de sorte qu'ils fassent les
quatre années en quatre ans verrait diminuer
ses effectifs... et il en serait puni par des
suppressions de postes.>> p.96
|
Commentaire
Après
nous avoir livré un livre fort
intéressant "Les enseignants
persécutés" cet auteur nous
présente un pamphlet adressé aux
parents! Il est parfois instructif de lire ce genre
de littérature pour percevoir les
représentations que l'on peut avoir de nous
et de notre institution.
|