Vers une
pédagogie institutionnelle
adaptée Sylvie
Canat Champ social
Editions ISBN: 978-2-913376-82-3 (2007) 17
€ Dernière de
couverture Collection
Recherches Les troubles de
l'enfant et de l'adolescent L'école peut
être le lieu de cristallisation de
difficultés comportementales et de
situations de handicap scolaire. Avec la loi du 11
février 2005 (participation et
citoyenneté des personnes
handicapées) les acteurs du
pédagogique et de l'éducatif se
mobilisent encore plus ou autrement autour des
questions mais force est de constater l'ampleur et
la complexité de la tâche en fonction
des problématiques des élèves
rencontrés. Cet ouvrage propose
une lecture des troubles du compotement et du
caractère et de ses expressions dans le lien
éducatif et pédagogique. Les enfants
troublés demandent une attention très
particulière car ce type de présence
au monde et à l'institution
déstabilise encore plus les professionnels
que tout autre type de handicap. Quelles lectures
institutionnelles et subjectives du trouble
scolaire et psychique peuvent aider l'enseignant
à comprendre et à installer une autre
pratique ? Quels besoins. scolaires
spécifiques et quelle attention
particulière requièrent les enfants
souffrant de troubles du comportement et du
caractère ? L'auteur
élabore des propositions
psychopédagogiques dans le cadre d'une
pédagogie qu'elle nomme «
Pédagogie Institutionnelle Adaptée
aux besoins particuliers des élèves
troublés dans leur rapport à
l'école et à institution en
général. Après une
longue expérience dans le
médico-social, Sylvie Canat est
actuellement Maître de conférences en
Sciences de l'éducation et membre d'une
équipe de reche "esthétique en
éducation et psychanalyse" à
l'Université Paul Valéry (Monpellier)
. Table des
matières Préface de
Serge Boimare Introduction de
Jacques Pain - Ouverture I
L'échec scolaire et la
répétition d'un échec
psychique originaire Constats
Gaïa et la
question de l'origine La mémoire
et le processus Freudien de
stratification En classe
La colère
Le traitement du
« dehors » selon Freud La greffe du
signifiant Observations
Le père de
Gaïa II Les
abysses de l'homme Problématique
L'archaïque et
l'originaire freudiens L'originaire pour
Piera Aulagnier Des
états-limites aux sujets-limite L'originaire dans
la théorie des sujets-limite Reconstruction
après-coup de l'archaïque et
l'originaire Gaïa et
l'école III
Panorama des saillances subjectives
écorchant l'horizon des savoirs et
propositions pédagogiques La
démotivation scolaire La classe ne fait
pas communauté La
répétition IVVers une
pédagogie institutionnelle
adaptée Les origines de la
Pédagogie Institutionnelle Adaptée
Le contre-transfert
comme outil de la PIA Une formation
adaptée pour les enseignants
spécialisés Pour conclure
Notes Bibliographie
Un passage <<La
motivation de l'élève dépend
de cette équation psychique dont les
inconnues sont en lien avec: le rapport à
l'espace, au temps, à l'autre et à la
communauté, au langage, au corps et aux
sensations. . Le rapport
à l'espace de l'élève:
l'articulation entre un « dedans » et un
« dehors » ; entre espace privé
(son chez-soi) et espace public (la classe) ; entre
« ici » et « ailleurs » ..
. Une situation,
vécue par une élève que je
nommerai Julie, éclairera ce premier
rapport. Julie, une
élève en grandes difficultés
montre bien le lien entre échec scolaire et
rapport à l'espace. J'avais ce pressentiment
qu'elle ne pouvait « habiter » son corps,
qu'elle était constamment diluée dans
l'espace, s'épanchant en présence de
l'autre ou d'événements survenant sur
le lieu de la classe. Je n'avais aucune preuve par
rapport à cela jusqu'au jour où un
événement mit à jour ce que je
ressentais à son contact depuis quelques
mois. 10 h 30, l'heure de
la récréation. Les
élèves se précipitent dehors.
Jeux, cris, bagarres envahissent d'ordinaire la
cour de récréation. Mais, ce jour est
différent. Toutes les têtes
renversées en arrière, regardent les
cimes des arbres. Celles-ci sont habitées
» par des jardiniers suspendus dans les
feuillages. La scène est fascinante sauf
pour Julie pour qui, elle prendra plutôt
l'aspect d'une scène d'horreur. Les scies
commencent à grincer le long des cimes, les
enfants s'écartent du centre de la cour et
vont s'abriter quelques mètres plus loin
sous le préau, attendant avec impatience la
fin de cette chanson lugubre. Les scies
s'arrêtent, les ouvriers descendent de leur
perchoir et un grand fracas accompagne la chute de
la cime sur le sol. Au même moment, Julie
tombe à même le sol et hurle « ma
tête, ma tête est coupée ».
Sur une quarantaine d'élèves, elle
fut la seule à avoir une telle
réaction. Certes, il y eut un peu d'angoisse
ou de colère chez les enseignants à
voir se dérouler cette scène sur un
temps de récréation. Mais aucun
enfant ne fut pris de panique à part Julie.
Elle était à même le sol et ne
pouvait se relever malgré nos demandes
insistantes. À écouter ses propos, sa
tête avait été coupée
comme les cimes des arbres. Je me suis accroupie
près d'elle et je l'ai redressée avec
mon propre corps. J'ai senti que là encore,
il n'y avait pas d'écart entre la perception
de son corps et ce qui l'entourait. Elle put ainsi
se relever avec pour ainsi dire ma propre enveloppe
corporelle. La frayeur passée, elle put
retourner en classe. Mais pendant quatre à
cinq semaines, la récréation fut
problématique et tout un travail de «
coupure et de distanciation » par rapport aux
arbres fut à
faire.>>
p.73 Commentaire Un livre
très intéressant permettant de se
faire une idée sur l'aide qu'on peut
apporter aux élèves en
difficulté