Pour entrer dans
le XXIe siècle Edgar
Morin Editions du
Seuil. Col. Essais 518. ISBN:
2-02-063874-6
(2004) 8,5 € Dernière de
couverture Ce livre,
publié pour la première fois en 1981
sous le titre Pour sortir du xxe siècle,
solde sans concession les comptes du siècle
écoulé. L'an 2000 est derrière
nous, mais nous ne savons jamais ce qui arrive :
comment voir, savoir, prévoir ? Que croire,
qui croire, peut-on croire encore ? Nous savons
désormais que nous ne sommes pas à
l'aube d'un âge d'or mais au coeur de
l'âge de fer, dans l'ère non des
Lumières mais de la préhistoire de
l'esprit. Dans ce siècle qui vient de
s'achever, crise, progression, régression et
révolution se sont mêlées et
ont été à la source de toutes
les mutations. Nous devons enfin accepter que notre
mode de pensée nous aveugle plus qu'il ne
nous éclaire, qu'il mutile, fragmente et
dissocie le réel. N'est-il pas vital, pour
entrer dans le XXIe siècle, de
réviser nos méthodes de pensée
et nos conceptions ? Edgar
Morin Sociologue du
contemporain (L'Esprit du temps), témoin
politique (Autocritique, Introduction à une
politique de l'homme), penseur des problèmes
fondamentaux des sciences de l'homme (Le Paradigme
perdu), soucieux d'une connaissance apte à
saisir la complexité du réel (La
Méthode 1, 11, 111, IV et V), Edgar Morin,
directeur de recherche émérite au
CNRS, fait confluer ses expériences et ses
analyses dans ce livre. Table des
matières Préface
Introduction
Dans la nuit du
siècle
Le défi
du politique 1. La
révision des 2000 Voir ?
Voire La
détresse informationnelle Sur-information,
sous-information,
pseudo-information-Le
pouvoir d'information-Information
et idéologie-L'ouverture
à l'information-Les
conditions de production de
l'information-L'information
totalitaire Conclusion : De la nécessaire et
insuffisante information Les maux des
mots Les maîtres
mots-Droite/Gauche-Capitalisme/Socialisme-Fascisme/Antifascisme-L'enjeu
et la bataille des
mots-Conclusion
: Pour des moindres mots La
déroute idéologique L'inconnu de la
connaissance Les illusions de
la désillusion Les
insuffisances de l'expérience Conclusion : La
révision des 2000 2. L'immunologie
idéologique La clôture
et le froid La
sur-défense : protection contre
contamination et
récupération Mécanismes
de rejet :
La
disqualification-La
diversion-L'indignation L'autoprotection
du noyau dur L'ultime
défense Le
problème des zones aveugles La
secondarisation du principal L'autorégénération
idéologique Conclusion 3. Savoir penser
sa pensée Entre Charybde
et Scylla : entre mutilation et
confusion-De
l'homme mutilé/dissocié à la
politique
unidimensionnelle-De
la sociologie mutilée aux politiques
mutilantes-La
politique envahie et
envahissante-Contre
les maîtres mots-Au-delà
des disjonctions et
confusions-L'alfrontement
de l'ambiguité-Rationalité
et rationalisation-L'aveuglement Les grandes
dérives L'entropie et
l'écologie des
idées-La
mémoire et la pensée
historisée L'aspiration
à la complexité Le besoin politique
d'une pensée
complexe-Le
besoin et l'existence d'une science de
l'autonomie-L'auto-examen L'art de penser
ou stratégie 4. Comment
savoir? Le «
révisionnisme » L'historisation L'historisation
généralisée D'une
méthode critique non
autocritique Comment savoir
? Le jeu de la
vérité et de
l'erreur 1. Le jeu de
l'erreur et de la
vérité L'erreur
d'ignorer l'erreur « Errare
humanum est » La
biodégradabilité de la
vérité Erreurs et
vérités politiques Les conditions
de la lutte contre l'erreur : la discorde, la
déviance, la règle du
jeu Du risque des
libertés Sous le «
masque de la liberté » Le
sphinx-Apprendre
d'eux La mauvaise
nouvelle : la révolution
réactionnaire
L'un,
l'autre, le tiers L'échec
de la révolution du xxe
siècle 2. La mission de
l'intellectuel La
définition
difficile-La
sociologie difficile L'après-guerre
des intellectuels La
faillite-Lantenac De la possession
de vérité au combat contre l'erreur
. L'autoréflexion
de l'intellectuel Exil et
praxis
Le
renversement de la vapeur La recherche des
idées
génériques Le
recommencement-La
« mission >> 3. Que croire ?
Que faire ? Que croire ? Qui
croire ? Faut-il croire Que
faire ? Conclusion : le
pari Où va le
monde ? L'interdépendance
passé/présent/futur Le siècle
des crises. Le siècle en crise
Régression
dans la progression et progression de la
régression Le futur perdu
La crise de
l'humanité L'âge de
fer planétaire L'hypothèse
hégémonique et l'Europe
L'agonie
Nouvelle
naissance et révolution Nuit et
brouillard Réveiller/Éveiller
l'humanité Arrêter la
méga-mort La folle
violence La
méta-violence Résister
et changer Chacun où
il se trouve... est dans la lutte entière
L'itinérance Semer. S'aimer Un passage <<Mécanismes
de rejet: La disqualification La disqualification
de l'idéologie adverse, et par
conséquent, de ses arguments, de ses
porte-parole, de ses appuis, est l'arme imparable
de l'idéologie close : tout ce qui vient de
l'adversaire, tout ce qui appuie une idée
adverse ne mérite même pas
d'être examiné. L'adversaire est
dans l'erreur, voire le mensonge. Tout ce qu'il
énonce suscite donc automatiquement le rejet
intellectuel et moral. Le rejet intellectuel prend
la forme du dédain, du mépris :
l'idée adverse est sotte, confusionnelle,
insane ; on démontre aisément qu'elle
repose sur des contradictions, des paralogismes, de
l'ignorance et, bien sûr, de la «
mauvaise foi ». Ici, le mépris moral se
mêle intimement au mépris
intellectuel. Étant donné que toute
pensée honnête ne peut que confirmer
notre propre idée, tout ce qui la conteste
ne peut qu'être présumé
malhonnête. Le saut est franchi dès
que la moindre critique est perçue comme
ignominie : « Vous êtes un menteur, et
vous le savez », phrase de partout
lancée et qui anéantit sur place le
bazooka ennemi. De 1920 à
1940, il était évident à la
majorité des intellectuels bourgeois qu'un
intellectuel ne pouvait être communiste que
par bêtise ou bassesse. Après la
Seconde Guerre mondiale, c'est l'anticommunisme
qui, dans ces mêmes milieux, apparut stupide
et ignoble. Dès lors, la moindre critique du
stalinisme se disqualifia
d'elle-même. Le rejet de
l'adversaire par disqualification fait rejaillir
son indignité sur tous arguments,
idées, faits qu'il pourrait avancer. Ce qui
permet à l'idéologie de
pulvériser toutes les positions de
départ de ce qui pourrait
l'atteindre.>> p.96 Commentaire Un livre qui synthétise bien
la pensée d'Edgar Morin; Une pensée que tous
les enseignants devraient connaître.