Pour une
politique de civilisation Edgar Morin
Editions
arléa (diffusion Seuil) ISBN: 2-86959-580-8
(2008) 5 € Dernière de
couverture Ce petit
livre traite de problèmes dont nous faisons
l'expérience quotidienne, et qui concernent
notre vécu concret. II s'agit des
déficiences et des carences de notre
civilisation et, par là-même, de nos
besoins et de nos aspirations, qui ne sont pas
seulement monétaires. Il s'agit de
régénérer la vie sociale, la
vie politique et la vie individuelle. Dans les campagnes,
les quartiers, un peu partout dans le pays, se
créent de nombreux mouvements
régénérateurs, mais ils
restent isolés, dispersés. D'où cet
ouvrage, qui propose non un programme, ni un projet
de société, mais qui définit
une voie. Pour prendre sens,
ce texte est inséparable d'une
réforme intellectuelle et d'une refondation
politique. Un système qui n'a pas en lui les
moyens de traiter ses problèmes est
condamné soit à la régression
voire à la mort , soit, en se
dépassant lui-même, à la
métamorphose. En refusant la
régression, en résistant à la
mort, oeuvrons pour la
métamorphose. Table des
matières Introduction Les gigantesques
défis Les maux de
civilisation La difficile prise de
conscience Les résistances
collaboratrices Politique de
civilisation Les impératifs d'une
politique de civilisation La politique de
régénération Le nouvel emploi Politique de
résistance, de restauration éthique
et d'espérance Un passage <<La
politique de civilisation reprend l'aspiration
à plus de communauté, de
fraternité et de liberté, qui fut
à la source du socialisme au siècle
dernier, tout en y reconnaissant, cette fois, la
difficulté anthropologique et sociologique.
Aujourd'hui, l'aspiration est moins naïve,
mais son ampleur incite à une oeuvre
historique de longue haleine, qui devrait se
confondre avec l'aventure humaine : c'est une
tâche essentielle pour améliorer les
relations entre humains, depuis les relations
interpersonnelles jusqu'aux relations à
l'échelle de la planète. Aujourd'hui, on
isole les problèmes du chômage, de
l'emploi, de l'exclusion hors de leur contexte et
on prétend les traiter à partir d'une
logique économique close. Il faut au
contraire les considérer au sein d'une
grande problématique de
société et partir des besoins de
civilisation qui, d'eux-mêmes, exigent de
nouveaux emplois. Il ne suffit pas de partir d'un
« social » qui mettrait entre
parenthèse le civilisationnel. Bien entendu, il ne
s'agit pas, à l'inverse, de réduire
ni de dissoudre toute politique dans la politique
de civilisation ; les problèmes classiques
de gouvernement demeurent, mais ils y sont
désormais liés. Bien entendu
également, une politique de civilisation
doit développer et utiliser tous les aspects
positifs des sciences, des techniques, de l'Etat,
du capitalisme, de l'individualisme, etc. Il s'agit
d'investir sur la recherche et sur la mise en
action des énergies douces (solaires,
éoliennes), de promouvoir les voitures
électriques ou
semi-électriqùes, de miser sur de
nouvelles méthodes bioécologiques ou
biogénétiques pour assainir les
cultures, de miser sur les nouvelles
générations d'ordinateurs
intelligents, capables de modifier leurs logiciels
; en bref, nous devons envisager et encourager un
nouvel âge de la technique, où
celle-ci dépasse-rait son âge barbare
actuel (mécanique, déterministe,
hyperspécialisé,
chronométré), qui, en permettant son
humanisation, permettrait, via la
réhumanisation des administrations et des
entreprises, la réhumanisation de la vie
quotidienne. Enfin, si nous
partons des problèmes français, nous
ne devons oublier ni leur singularité, ni
leur généralité : les
problèmes fondamentaux de civilisation qui
affectent la France sont aussi ceux de l'Europe et,
plus largement, ce sont les problèmes qui,
dans le monde, se trouvent posés partout
où il y a eu « développement
» c'est-à-dire
développement de notre civilisation ,
et ils se poseront tôt ou tard partout
où on est « en cours de
développement ». p. 41