Temps des
crises Michel
Serres Editions Le
Pommier. ISBN:
978-2-7465-0453-0
(2009) 10 € Dernière de
couverture Que
révéle le séisme financier et
boursier qui nous secoue aujourd'hui? Si nous vivons une
crise, au sens plein, du terme, aucun, retour en
arrière n'est possible. Il faut donc
inventer du nouveau. Or, le nouveau nous submerge!
En agriculture, transports, santé,
démographie, informatique, conflits, des
bouleversements gigantesques ont transformé
notre condition comme jamais cela n'était
arrivé dans l'histoire. Seules nos
institutions n'ont pas changé. Et voici l'une de
ces ruptures profondes: notre planète
devient un acteur essentiel de la scène,
politique. Qui, désormais,
représentera le Monde, ce muet? Et
comment? Michel Serres
montre que nous sommes encore les acteurs de notre
avenir. Michel
Serres, de l'Académie française,
est l'auteur d'essais, dont Le Contrat naturel et
Le Tiers-Instruit (François Bourin), «
Le Grand Récit» (Hominescence,
L'Incandescent, Rameaux et Récits
d'humanisme), Le Mal propre et La Guerre mondiale
(Le Pommier). Il propose une vision du monde qui
associe les sciences à la
culture. Table des
matières Définitions
du mot crise Chapitre premier
SIx ÉVÉNEMENTS Des
nouveautés millénaires La crise
globale Chapitre deux
LES CHOSES DU MONDE Jeu à deux
et jeu à trois La
Biogée Le dit du
Monde Chapitre trois
LE SAVOIR ET LES CONDUITES Avenir des
sciences Deux
serments Des sorties de
crise ? Un passage <<Pour
éviter de traiter les questions vraies, si
difficiles, notre société se
réfugie, comme on sait, dans la
représentation et le spectacle : de la
terreur, de la pitié, d'une part, avec des
morts et des cadavres, pour lester de réel
et de grave des répétitions vaines;
du pain et des jeux, de l'autre, pour susciter
l'intérêt. Elle se drogue alors
à la question : qui va gagner ? Sans cesse
reprise, celle-ci lance et promeut un temps
haletant, celui d'un suspense toujours
recommencé. Qui va gagner, aux
élections, à la meilleure vente, au
football, aux médailles des Jeux...?
Curieuse attente d'une issue que tout le monde,
pourtant, connaît à l'avance : gagne
toujours le plus riche, aux jeux Olympiques aussi
bien qu'au foot et aux élections. Le tableau de Goya
représente deux adversaires, torse nu, en
train de se battre. Qui va gagner? se demandent,
anxieux, lesdits toxicomanes. Quand Hegel met aux
prises le Maître et l'Esclave et qu'il donne,
assez vite, le résultat de leur lutte
l'Esclave devient le maître du Maître
, il oublie, philosophe éloigné
du monde, il oublie, dis-je, de dire où se
déroule le conflit : en place de
Grève, dans la clairière d'une
forêt, sur un ring de sumo ? Plus
réaliste, parce qu'obligé par son
mode pictural de représentation, Goya en
peint la place : il plonge les pugilistes dans des
sables mouvants. À chaque coup porté
s'enfoncent les pugnaces, progressivement. Genoux,
cuisses, hanches, épaules... et la bouche,
bâillonnée d'une poire d'angoisse,
essaiera, ensablée, de crier au secours...
Aucun des deux, évidemment, ne se sauvera de
la compacité dure et dense de
l'enlisement. Le jeu à
deux qui passionne les foules et qui n'oppose que
des humains, le Maître contre l'Esclave, la
gauche contre la droite, les républicains
contre les démocrates, telle
idéologie contre une autre quelconque, les
verts contre les bleus..., disparaît en
partie dès lors que ce tiers intervient. Et
quel tiers ! Le Monde soi-même. Ici, la lise;
demain, le climat. L'eau, l'air, le feu, la terre,
flore et faune, l'ensemble des espèces
vivantes... ce pays archaïque et nouveau,
inerte et vivant, que, plus loin, j'appelle la
Biogée. Fin des jeux
à deux; début d'un jeu à
trois. Voilà l'état global
contemporain.>> p.37 Commentaire Un livre d'actualité
à lire.