Les lois de la
parole Conversation avec
Camille Jacqueline
Légaut Editions
Erès (2004)
2
éme édition.
ISBN:
2-7492-0205-1
(8 €) Dernière de
couverture Une jeune femme
interroge l'analyste : « Qu'est-ce que c'est
que cette histoire de lois de la parole
? À travers
une série d'entretiens, cet ouvrage tente de
répondre de façon accessible mais
rigoureuse aux questions qui en découlent :
qu'implique l'usage de la parole ? En quoi
l'altérité, le désir,
l'accès au sexuel sont-ils directement
consécutifs à l'engagement dans la
parole ? L'auteur met ainsi
en évidence comment des lois organisent
notre parole, lois qui étaient
déjà présentes dans la
tradition religieuse, et qui valent plus que jamais
aujourd'hui, en notre époque de crise des
repères. Jacqueline
Légaut est psychiatre et psychanalyste
à Grenoble. Elle est membre de l'Association
lacanienne internationale. Table des
matières De
l'incontournable des lois de la
parole 9 Les Dix
Commandements 22 I,e
domicile subjectif 32 I:
accès au sexuel 44 Le corps
sexué 56 Le
transfert 67 Lorsqu'on
s'arrête 78 Le prix
à payer 90 Le
consentement 101 Un passage <<C :
Pourquoi avoir attribué la
responsabilité de ces effets à une
figure divine ? Pourquoi a-t-il fallu concevoir que
quelqu'un était là, qui organisait
tout à son idée ? J : C'est encore un
des effets inhérents à la parole, car
il est inconcevable de parler sans s'adresser
à quelqu'un. C'est impossible, inimaginable.
Le fait même de parler, de penser, est
complètement pris dans les aléas
d'une adresse à quelqu'un à qui,
d'office, on suppose un certain nombre d'attentes.
Pas moyen de parler à qui que ce soit sans
être pris automatiquement dans ces
réseaux de suppositions qui vont gouverner
les moindres propos que l'on articulera, la
façon de les amener, de les énoncer.
C'est précisément cela que nous
appelons le transfert. C : Mais alors, la
psychanalyse est complètement prise dans ce
que tu appelles le dispositif religieux
? J : Oui et non.
Ça, c'est vraiment le point
essentiel. Oui dans la mesure
où sur un divan tu fais une
expérience de parole. De ce fait, tu es
d'emblée dans ce processus qui
t'amène à supposer un certain nombre
d'attentes, d'avis, de souhaits de la part de ton
analyste. Ça, c'est vraiment un temps
absolument incontournable. Petit à
petit, tu es amenée au bout d'un moment
à t'apercevoir que toutes ces suppositions
que tu fais à l'endroit de ton analyste, et
auxquelles tu crois « dur comme fer »,
ces sortes de certitudes que tu avais posées
d'emblée comme évidentes, rien en
fait ne t'y autorise. Et non seulement rien ne t'y
autorise, mais tu prends conscience petit à
petit que ce sont tes propres attentes, tes propres
désirs les plus intimes que tu lui as
prêtés, et que tu es amenée
progressivement à te réapproprier. Tu
t'aperçois que cette figure apparemment
familière, connue, à laquelle tu
pensais t'adresser initialement, laisse peu
à peu place à un point
d'interrogation auquel tu ne peux pas
répondre, car il n'est rien d'autre que ce
manque originel singulier que creuse depuis
toujours pour chacun le fait de parler. C : Au fond, tout
ce que nous prêtons à autrui vient de
choses que nous ne reconnaissons pas comme nous
appartenant. J : Oui, tout
à fait. C : C'est ce que tu
désignes lorsque tu dis que chacun reste
foncièrement « sur sa planète
». J : Oui, et c'est
là, encore une fois, l'occasion de souligner
l'importance de ces lois de la parole qui viennent
médiatiser une sorte de terrain commun, dont
tu entends bien qu'il n'a rien à voir avec
toutes ces suppositions que l'on fait
inéluctablement à l'égard
d'autrui.>> p.68 Commentaire Un livre simple, facile
à lire, sous forme de dialogue. Il permet de mieux
comprendre les fonctions de la parole.