Dernière de
couverture
Par quel processus
transformons-nous nos perceptions en informations?
Comment construisons-nous ce que nous _ appelons
nos "connaissances"? Quelles connaissances
avons-nous des notions essentielles comme le temps
ou la mort en science et dans notre vie? Comment
nous structurent-elles?
Utilisons-nous les processus
des organismes vivants qui structurent leur
fonctionnement et leur identité par suicide
de leurs productions surabondantes?
Jean-Pierre Mendiburu nous
invite ici, depuis son double regard, fondé
sur une longue pratique de scientifique et de
psychothérapeute, à revisiter les
fondements de notre vie psychique et de notre
appétence cognitive et affective. À
partir d'analogies avec les organisateurs du
vivant, il suggère un modèle des
dysfonctionnements psychiques. Il propose une
attitude thérapeutique qui consiste à
faire proliférer les domaines
inexploités de chaque personne. La pratique
montre que cette dynamique est souvent apte
à faire dépérir le domaine
pathologique par un processus identique à
celui de l'évolution darwinienne.
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J. Pierre Mendiburu
a
été chercheur scientifique en
physique théorique et expérimentale
(Collège de France, CNRS et CERN) entre 1967
et 2003, plus particulièrement dans le
domaine des constituants de la matière ; il
a dirigé des thèses, notamment dans
le traitement du signal et dans la
calorimétrie électronique. Il est
également auteur de plusieurs articles
scientifiques dans l'Encyclopédie
Universalis.
Parallèlement,
à partir de 1976 il a suivi plusieurs
formations à la psychologie humanise
(Analyse bioénergétique,
Thérapie psychanalytique, Rebirth), une
formation à la Gestalt à l'Ecole
Parisienne de Gestalt (EPG) de 1992à 1993 et
de 1993 à1999, l'enseignement du Centre
d'Intervention Gestaltiste de Montréal
(CIG). Il exerce comme Gestalt-thérapeute
dans la région d'Annecy/ Ferney-Voltaire,
superviseur et anime des groupes d'exercice de la
pratique professionnelle.
A seulement une
soixantaine d'années, il cumule ainsi 35 ans
de recherche scientifique et 25 ans de pratique
thérapeutique, une manière de doubler
le temps.
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Table des
matières
Introduction
Chapitre 1 Du ressenti
à l'information
Nos
organisateurs
Un exemple, la
lecture
Etanonni n'est ce
pas
Les directions
organisatrices
L'environnement
domestique
La vie de nos
sens
Conclusion
Chapitre 2 La construction
de la connaissance scientifique
Le cadre de
l'observation
Le cadre de
l'expérimentation
Le cadre de la
théorisation
Le critère
de Popper
La première
révolution
La deuxième
révolution
La
fascination
Conclusion et
hypothèse de synthèse
|
Chapitre 3 Le temps un
leurre organisateur?
Les abstractions
"ad hoc"
Le concept de
temps
Est-ce qu'on mesure
le temps?
Les principes de la
mesure
Les instruments de
mesures
Le temps de la
cosmologie
Critique du
concept
Le temps comme
outils d'organisation
Conclusion
Chapitre 4 La mort, un
organisateur de la vie
Le temps et la
mort
La mort
gèrre-t-elle le vivant?
L'heurre de
vérité: la mort
Chapitre 5 La sculpture de
notre personnalité
psychologique
La sculpture du
passé
La sculpture du
présent
La sculpture des
anticipations
Notre adaptation
à la finitude
L'attitude
évolutionniste
Conclusion:
Inquiétude, espoires et
interrogations
|
Un passage
<<Un exemple, la
lecture
Parmi les nombreux exemples qui peuvent illustrer
ce partage de compétences entre les modes
global et séquentiel, je vais prendre un des
plus édifiants : la lecture. Nous allons
passer un moment pour en disséquer le
fonctionnement, décomposer les
ingrédients et les étapes du
processus intellectuel qui vous conduit à la
compréhension de ce texte que vous
êtes en train de lire.
Si vous regardez cette page comme le ferait notre
E.T. naïf et curieux, vous n'y verrez qu'un
morceau de papier, noirci de petits dessins
régulièrement disposés. Pour
apprendre à lire, notre ami va devoir se
familiariser avec une hiérarchie à
plusieurs niveaux de codage pour accéder
à la compréhension globale du texte ;
nous allons décomposer ces
niveaux.
Une étape essentielle de notre initiation
à la lecture consiste à
différencier chaque petit signe par sa forme
et l'associer à un son (phonème).
Dans notre culture commune, chacune de ces lettres
n'est pas signifiante d'autre chose que d'un son;
elle n'est pas spécifiquement signifiante
d'un signifié quelconque.
Généralement ces phonèmes ne
sont même pas prononcés mais
gardés en mémoire. Pour transformer
ce que nous voyons sur cette page en texte
intelligible, nous avons appris à suivre une
organisation conventionnelle : de gauche à
droite, sur chaque ligne, et de haut en bas pour
passer d'une ligne à l'autre.>> p.
18
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Commentaire
de
Marie-Françoise
Bonicel
Un ouvrage dé-routant et d'une pensée
originale étayée par une
argumentation trempée dans la rigueur
scientifique: l'auteur a nourri sa réflexion
autant de son long parcours de scientifique en
physique, que de son itinéraire vers la
psychothérapie puisant à plusieurs
sources, même si l'axe
Gestalt-thérapie en constitue la colonne
vertébrale désormais. Il est alors
légitime que cet itinéraire de vie
infléchisse largement sa manière de
faire, de raisonner et de dire.
Il fait donc ici des ponts entre les
différents champs de la connaissance,
sciences " dures " et " sciences tendres ", (je
préfère l'expression sciences tendres
utilisées en Belgique que sciences molles
comme en France) soucieux en permanence de prendre
en compte une complexité des
phénomènes et ouvert " à une
culture vivante " où " l'imagination est
plus importante que le savoir " (Einstein).
Il nous montre que nous disposons " d'organisateurs
de la pensée " qui animent notre
activité cérébrale quelque
soit notre activité psychique, avec une
alternance de simplification et de complexification
en s'appuyant sur la notion d'analogie pour faire
des rapprochements entre les activités
psychiques apparemment très
éloignées. Il éclaire sa
démonstration d'exemples très
pédagogiques. En s'appuyant sur Darwin ou
sur le biologiste-poète, Ameisen, il voyage
dans le concept et l'expérience du temps, et
notamment dans la phase de la mort qui est au
cur de la construction du vivant dans les
sciences biologiques ... Il observe aussi -et c'est
très original - les envahisseurs que sont
les outils des nouvelles technologies ou d'autres
engins domestiques qui par leur caractère
éphémère, nous renvoient
à notre précarité et à
ce titre pourraient à terme, influer sur
notre système
neuro-végétatif.
Nous faisant voyager dans la manière dont
nous appréhendons le fonctionnement du
monde, à travers deux modes alternatifs,
séquentiel et global, il en explore les
mécanismes dans le processus de la lecture
de façon très éclairante,
enrichissant ainsi les perspectives des
pédagogues et des enseignants. De ces
différentes démonstrations, il
suggère une hypothèse qu'il valide au
regard de sa pratique professionnelle de
thérapeute : " faire proliférer les
domaines inexploités de chaque personne ",
plutôt que de s'acharner à la
réduction du noyau pathologique.
Je vois là, une application
transférable à notre pratique
d'enseignant, de formateur, et même de
consultant quand nous sommes sollicités pour
intervenir dans une institution malade : faire
croitre ce qui est en jachère chez l'enfant,
l'adulte ou la structure, plutôt que de
lutter seulement contre ce qui dysfonctionne. Son
souci du cadre est aussi un élément
à prendre en compte dans nos pratiques
éducatives.
Il s'agit là d' une application directe de
ce que préconisait un sage oriental " faire
croitre la lumière, plutôt que lutter
contre l'obscurité " ainsi que la
grand-mère de Jacques Salomé qui
assurait d'expérience que " nous sommes
pauvres de ce que nous ne savons pas que nous avons
".
Entre deux démonstrations, l'auteur ouvre
aussi des fenêtres sur l'histoire des
sciences, sur le rôle de l'intuition, et
soulève la question des conséquences
morales soulevées par l'immensité
présente et à venir d'une science
triomphante.
Un livre d'ouverture, invitant à la
curiosité et à l'usage
immodéré de notre imaginaire dans un
cadre rigoureux.
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