<<Les
représentations en classe de
français
Qu'est-ce que
"les " représentations " ?
Quels que soient la
notion abordée, le texte ou l'auteur
présenté, le livre lu ou
manipulé, chaque individu a dans la
tête, à la première seconde,
des images positives ou négatives : il ne
part ni entièrement vierge ni tout à
fait neutre. La verbalisation de ces images par
chacun donne un aperçu de l'état des
représentations du groupe, de "là
où on part" .
Comment faire
émerger les représentations des
élèves en classe?
On peut utiliser
diverses méthodes, divers exercices. En
voici un exemple : " Autour d'un mot ".
Dans un premier
temps, le mot LECTURE est inscrit au centre du
tableau par le professeur et les
élèves " volontaires " - l'ordre de
passage n'est pas imposé mais il est
obligatoire au moins une fois - vont écrire
autour tous les termes qui leur viennent à
l'esprit : pas plus d'un mot, mais on peut
écrire plusieurs fois; le respect du calme
est demandé.
Les consignes sont
données au fur et à mesure,
répétées - le professeur peut
jouer le jeu, selon ses relations avec la classe et
inscrire un mot pour montrer l'exemple ou pour
s'inscrire dans le groupe. Ce qui est écrit
par les uns et les autres n'est pas commenté
: ce sera fait après ensemble.
Ex de consigne :
vous venez ajouter au tableau les mots auxquels
vous fait penser le mot " lecture ".
Dans un
deuxième temps, quand l'inspiration semble
tarie, chacun à tour de rôle souligne
les mots qu'il lui plaît d'associer à
"lecture" ; on peut souligner plusieurs fois mais
toujours un seul terme à la fois.
Ex de consigne :
Comme vous semblez ne plus avoir de mots à
ajouter, vous allez venir souligner ceux qui vous
plaisent vraiment, ceux que vous associez, vous, au
mot "lecture".
Dans un
troisième temps, chacun peut aller rayer le
ou les mots qu'il n'aime pas voir associés
au mot lecture et recommencer autant de fois qu'il
le veut.
Ex de consigne :
Vous allez maintenant barrer les termes que vous
détestez voir associés à la
lecture ou que vous ne voulez pas lui voir
appliquer.
Le temps de
l'exercice ne doit pas excéder 10 à
15 mn suivant l'importance numérique de la
classe.
Que faire de ces
représentations ?
Ces va-et-vient
terminés, se dessine, alors, une image
positive de la lecture avec les mots
soulignés et une image plus négative
avec les mots barrés. Il est vraisemblable
que le négatif l'emportera pour les
élèves alors que des enseignants en
formation dessineraient un tableau positif, avec le
même exercice . Cette image est "exacte",
à cet instant seulement, puisqu'elle n'est
pas stable. En effet, les études faites
montrent que les représentations
évoluent, lentement le plus souvent : elles
changent avec les lectures, les discussions, les
échanges, le travail que l'on peut faire sur
elles - les enseignants ont parfois des stages qui
leur permettent ce travail ...
L'origine
socio-culturelle du public scolaire induira un type
de comportement. Pour les plus " favorisés
", la lecture ne pose pas de problème ; ils
s'intéressent au contenu du cours,
possèdent des livres et en discutent. Les
élèves de milieux
défavorisés ou d'origine
étrangère n'ont pas de
représentations positives de la lecture dans
le milieu familial, où on lit peu ou pas et
où les livres sont des objets rares. Entre
ces deux extrêmes, la moyenne des
collégiens et lycéens, le plus grand
nombre, considère l'étude de la
langue comme une matière au même titre
que les autres, et la travailleront selon le
coefficient affecté à l'examen. Avec
toutes les nuances, au lycée, entre les
classes à dominante scientifique,
économique, technique, littéraire etc
Les enseignants de lettres déplorent
généralement le travail " scolaire "
sur les textes, dans l'indifférence ou la
passivité et les comportements de rejet face
aux activités dites intellectuelles,
abstraites. La lecture, c'est en fait "une affaire
de prof", une activité intellectuelle qui
fait peur à certains élèves
qui ne maîtrisent pas entièrement le
décodage et ne possèdent pas les
outils nécessaires à la construction
du sens du texte.
S'il est
souhaitable de faire exprimer par les
élèves leurs propres " idées
", il n'est pas question " d'interpréter "
ce qui est écrit - qu'est-ce que tu veux
dire, explique-nous
- : l'élève
est simplement reconnu comme " sachant des choses "
même si elles sont fausses, fantaisistes ou
approximatives. Il n'est pas question de souligner
les erreurs, de se " moquer gentiment ". Le
professeur et le groupe prennent en compte ce qui
s'est dit sur
la lecture dans l'exemple
ci-dessus.
L'exercice "Autour
d'un mot" peut être pratiqué dans une
classe en début d'année ou pour
débuter une séquence. Il peut porter
sur le mot définissant le thème
d'étude : roman, description, poésie,
personnage. Le choix doit être fait
soigneusement pour apporter des
éléments intéressants. Les
réactions à LECTURE ne seront pas les
mêmes qu'à LIRE, par
exemple.
Les
représentations peuvent s'exprimer à
partir d'autres types d'exercices définis
dans " Des mots plein la tête " ou dans
d'autres manuels
Le choix de la "
méthode " dépend des relations avec
la classe, de la période de l'année,
du thème d'étude, du nombre
d'élèves, de la maîtrise que le
professeur a lui-même de cette
activité
Le temps qui semble " perdu
" à réaliser cet exercice sera
bénéfique aux élèves
car une information fausse non exprimée fait
obstacle à l'acquisition de l'information
rectifiée par le professeur : il y a
interférence entre les deux. Et le temps est
alors perdu à répéter la
même chose - sous des formes que l'enseignant
essaie de varier, avec peu de chance de
succès.>>© CRDP de
Champagne-Ardenne - 1997.
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