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L'inconscient de la maison

Alberto Eiguer

 

Collection Psychisme. Editions Dunod. (2004). ISBN: 2-10-008213-2

Dernière de couverture

Pour beaucoup, la maison représente un lieu apprécié de réconfort et de sécurité. C'est aussi un lieu d'émotions fortes et de liens stables que l'on désire durables où puisse se perpétuer la lignée. Si de tels affects et vécus sont rendus possibles, c'est que la maison est représentée dans notre inconscient et que notre inconscient l'ordonne et lui donne vie.

Alberto Eiguer étudie ici cette réciprocité. II reprend des concepts comme représentation, image du corps, sentiment d'appartenance, intersubjectivité familiale, qu'il fait jouer en les réarticulant, ou il en crée d'autres comme habitat intérieur, liens de cohabitation. Dans les familles adoptives, recomposées et homoparentales, ces derniers liens permettent de refonder un lien de filiation entre des individus qui n'ont pas de liens de sang. Quelles forces animent la cohabitation ? Quels conflits, difficultés et souffrances expriment-elles qui nous aideront à mieux les traiter ? Comment véhiculent-elles la mémoire des blessures transgénérationnelles ?

En s'interrogeant sur les objets et les meubles, leur fonction, la manière dont ils sont disposés dans le logement, ou sur la circulation entre les pièces, A. Eiguer conclut à l'importance du jeu et de l'action pour la famille. L'espace se construit par le mouvement que l'on inflige aux choses et si l'on s'y plaît, c'est parce que « l'on s'y amuse comme des enfants ».

L'étude de l'intime rappellera au lecteur les virtualités de la vie commune ainsi que les drames qu'elle peut traverser. Ce livre, complété par de nombreuses illustrations cliniques, permet d'envisager sous un autre regard la construction de la maison, l'héritage, le déménagement ou les souffrances dues à la perte de son logis.

ALBERTO EIGUER est psychiatre, psychanalyste, président de la Société française de thérapie familiale psychanalytique, enseignant à l'Institut de psychologie de l'université Paris 5, habilité à la Direction de recherches en psychologie. II est l'auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels: Le pervers narcissique et son complice (Dunod), L'éveil de la conscience féminine (Bayard), La famille de l'adolescent : le retour des ancêtres (In Press). Collection PSYCHISMES fondée par Didier Anzieu.

Table des matières

PREMIÈRE PARTIE

DU CORPS DE LA MAISON

1. Le concept d'habitat intérieur

De la perception du corps à sa représentation

Introjecter la maison

Famille, maisonnée, maison

Le contexte de ma recherche

Résonances

Le corps et le groupe, organisateurs de la maison

Une peau psychique : entre le dedans et le dehors

Mémoire

Distribution des pièces et circulation entre elles

Complications

Nommer et agir

L'habitat intérieur remplit ainsi cinq fonctions

2. Autour de l'intimité familiale

L'élargissement du champ considéré comme psychique

La maison est le lieu privilégié de l'intimité

Un terrain glissant

Au coeur de la clinique

Dénis du familier et du familial

La cloison

L'appropriation

3. Objets et meubles

Ah, les beaux objets !

Posséder, disposer, exposer

De la magie au jeu

Mettre en forme et en acte

DEUXIÈME PARTIE

AMÉNAGEMENTS ET APPROPRIATIONS

4. Construire sa maison, la réparer, la modifier

Le bonheur de posséder

Promotions

Amadouer l'espace

L'aura des bricoleurs

5. Hériter

Hériter c'est retisser les liens de filiation

Hériter c'est transmettre

Comment se sentir soi-même ?

La fin du travail

6. Déménager

La dépendance n'est pas ce que l'on croit

Les épreuves Excès et désordres

L'envol de la poussière

Sans attaches Le goût du neuf

TROISIÈME PARTIE

ÉCHAFAUDER LES LIENS DE FAMILLE

7. La perte de son logis

Marges

Se réparer

Racines asséchées Le vivarium

Au-delà du déracinement

Retrouver sa maison

8. Cicatriser les blessures de la filiation

Filiation et lien filial, deux concepts complémentaires

Enfant donné-trouvé

À propos de reconstruction familiale après divorce

Déconstruction-reconstruction des liens conjugal et filial

Le grand chef

La cohabitation, enfin

Homoparentalités

Vers une filiation de proximité ?

9. Le couple, l'amour et le désamour

L'habitat, c'est le couple ?

Au bonheur des déménageurs

Emporter « ses » objets

Nouveau couple ou couple nouveau

Être à l'unisson, utopie ou idéal ?

CONCLUSIONS

Emprises

Résider pour agir ensemble Jouer

BIBLIOGRAPHIE LISTE DES CAS CLINIQUES INDEX

Un passage

<<Selon les recherches en urbanisme, les villes semblent avoir été spontanément bâties d'après le modèle de notre corps et de ses fonctions, comme si les habitants avaient projeté leur représentation. On cite la ville de Paris avec ses « deux poumons" représentés par les bois de Boulogne et de Vincennes. De même, chaque ville a un centre « névralgique », un coeur où sont censées avoir lieu les activités de décision qui animent la cité. L'analogie avec le cerveau peut être soutenue. On peut comparer les connections nerveuses et vasculaires avec les voies de circulation, dont la fonction est de relier des secteurs et de faciliter les échanges culturels, économiques, les approvisionnements, etc. Toutefois les voies de circulation vont aussi séparer les parties de la ville, comme par exemple la Seine en rives droite et gauche, qui ont des activités et des esprits différents, ou les Grands Boulevards, en une partie centrale commerçante et en une plus extérieure, artisanale, ou encore le Boulevard Périphérique. Celui-ci rappelle une peau. La difficulté que l'on trouve à traverser à pied les axes cités n'explique pas ces divisions mais, de fait, ces axes deviennent une institution séparatrice dans notre esprit. Mobilisent-ils le sentiment de l'étrange rattaché au dehors et à d'autres, des inconnus, qui se trouvent loin ? Dans notre anatomie, c'est aussi le cas des nerfs et des vaisseaux sanguins : ils « connectent », « conduisent » soit des substances nutritives, soit un courant électrique, tout en cloisonnant les muscles et les autres organes.

À l'intérieur de la maison, les activités se développent pareillement dans des endroits plus ou moins précis en se rattachant à des fonctions corporelles déterminées : alimentation, excrétion, repos, sexualité, sommeil. On repère un secteur d'activités « diurnes » (préparation et prise des repas, lecture, réception), partie plus proche de l'entrée, et un secteur d'activités « nocturnes » les plus intimes (chambres, salles de bains, wc), qui est plus éloigné. Ainsi cette distribution sert-elle à faciliter entre autres nos fonctions corporelles, cela est vital pour nous ; en même temps ces fonctions ont une influence sur l'agencement des espaces par la façon dont notre psychologie se les représente.>> p.8

Commentaire

Un livre "lisible", malgré la théorie psychanalytique sous-jacente. Il renvoie à bien des situations de tous les jours avec des vignettes cliniques qui illustrent ce qui est dit.

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