L'écrit,
l'école et
l'illettrisme J.-M.
Besse Editions Magnard
(1995) Dernière de
couverture Après plus
d'un sciècle de scolarisation obligatoire,
où en est-on des pratiques effectives de la
lecture et d'écriture dans nos
sociétés? Comment expliquer
l'existence de cet important pourcentage d'adultes
en grande difficulté dans le maniement de
l'écrit, qu'on désigne sous le terme
d'illettrés? L'illettrisme
dérange, inquiéte: il intéroge
notre rapport à la culture, à
l'école, à l'écrit. Les
travaux de recherche sur ces publics adultes
amènent à remettre en question
certaines de nos idées sur la
spécificité de l'écrit, ses
usage, son apprentissage, son évaluation, sa
pratique. L'école n'a t-elle pas une
part de responsabilité face à ses
difficultés actuellement rencontré
par des adultes qui l'ont fréquentée
de longues années? Où situer cette
responsabilité? Quelles pistes de
réflexion et d'action s'ouvrent au
système éducatif pour tenter de
prévenir, dans son propre champ de
compétence, l'illettrisme? Jean-Marie
Besse; Directeur de recherche en psychologie
à l'université Lumière
à Lyon 2 et Directeur du S.LM.E.F. (Service
commun Interdisciplinaire pour les Métiers
de l'Education et de la Formation), s'est
spécialisé dans les problèmes
de psychologie de léducation et
de la
formation. Table des
matières L'illettrisme LA «
DÉCOUVERTE » DE L'ILLETTRISME A QUI LA
FAUTE COMPRENDRE POUR
AGIR L' appropriation de l'
écrit L'ÉCRIT DANS
LA SOCIÉTÉ L'ENTRÉE
DANS L'ÉCRIT S'APPROPRIER
L'ÉCRIT L'école et
l'écrit PRENDRE EN COMPTE
L'APPROPRIATION DE L'ÉCRIT FACILITER
L'ACTIVITÉ D'INTELLIGENCE DE
L'ÉCRIT L'ÉCOLE,
L'ÉCRIT ET LA VIE SOCIALE BIBLIOGRAPHIE Un passage <<Une
expérience de plus de dix années de
recherches auprès de ces adultes m'a
amené à définir
progressivement, puis à retenir, plu-sieurs
principes qui constituent la base des travaux de
notre équipe : le fait que
l'illettré ait connu, contrairement à
l'analphabète, une première
expérience de scolarisation et que cette
dernière n'ait abouti qu'à un
échec en lecture-écriture constitue
entre eux une différence notable, puisque
cette expérience initiale risque
d'être associée, chez
l'illettré, à un souvenir douloureux
: une demande de travail avec lui qui pourrait
réactiver ce vécu d'échec, par
exemple du fait d'un type d'activité
rappelant l'école, ou de l'attitude de
l'évaluateur, pourrait nous cacher ses
compétences réelles en l'amenant
à une certaine forme d'inhibition
; un adulte
qui a passé au moins cinq années
à l'école a certains savoirs et
savoir-faire sur l'écrit ;
l'évaluation devra plutôt prendre la
forme d'un entretien individuel où l'on
s'intéresse à ce que le
présumé illettré dit de son
histoire, de son existence au quotidien, de son
rapport à son métier, à
l'écrit, que d'un test ou d'un examen de
type scolaire ; lors de cet
entretien, l'évaluateur cherchera à
estimer les capa-cités du sujet comme
lecteur et comme scripteur sur la base de
situations dans lesquelles il s'agit de travailler
sur de véritables écrits sociaux,
complexes ;
l'évaluateur se préoccupera davantage
d'étudier la manière dont cet adulte
a organisé les compétences dont il
dispose et ses représentations sur
l'écrit que la liste de ses manques ou de
ses déficits, car il s'agit de trouver des
points d'appui pour une remise en route vers
l'utilisation de l'écrit ; pour
analyser les compétences de ces adultes, il
ne suffit pas de se laisser guider par son
intuition, il importe d'avancer sur la base
d'hypothèses, à partir d'un
modèle provisoire de compréhension de
ce que l'on recherche : une réflexion
théorique est donc indispensable.
L'évaluateur ne se contente pas
d'enregistrer des réponses à des
questions préétablies, il interagit
avec son interlocuteur en l'amenant à
expliciter ses réponses et son
raisonnement. C'est donc bien une
rencontre singulière qu'il s'agit
d'instaurer, entre une personne qui a ses
particularités, son rapport personnel
sou-vent douloureux à l'écrit, et un
« évaluateur » actif, qui essaie
d'instaurer une relation de confiance et s'efforce
de mettre à jour des compétences
parfois ignorées de l'illettré
lui-même ! Le bilan de cette rencontre est
exprimé en termes de profil de
capacités et non pas en résultats
chiffrés comme il advient avec un test de
niveau de lecture ou d'écriture.>>
p.81 Commentaire Un livre de réflexion
sur l'illettrisme à partir d'une
enquête scientifique