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DU SITE
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La vie affective
des groupes
Max
Pagès
Editions Dunod.
Collection
Organisation et sciences humaines (1968)
ISBN:2100039954 (28 €)
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Dernière de
couverture
Les méthodes
de groupe de la psychologie sociale, " groupes de
base" ou de " sensibilisation ", méthodes
d'intervention psychosociologique sur le terrain,
intéressent, intriguent, inquiètent
tant les praticiens que les chercheurs. En
vérité, elles secouent tout
l'édifice des sciences humaines, brisent le
cloisonnement des vieilles disciplines en
permettant d'étudier comme un tout
l'édification des structures sociales, la
psychologie consciente et inconsciente de
l'individu, les conflits interindividuels. C'est
aussi, à travers elles, une
épistémologie nouvelle qui se fait
jour, qui rompt de façon décisive le
cloisonnement entre la recherche et la pratique et
engage le chercheur, aux fins de la recherche
elle-même, dans une pratique
transformatrice.
Cependant, le
développement des méthodes de groupe
est resté, jusqu'à présent,
surtout empirique. Elles n'ont pas donné
lieu aux développements théoriques
originaux que pourtant elles impliquent. Les
apports de Kart Lewin, de la psychanalyse orthodoxe
ou dissidente, de l'anthropologie culturelle,
restent insuffisants. C'est avant tout à
combler cette lacune théorique que cet
ouvrage s'attache. Il vise à édifier
une théorie générale des
groupes, fondée sur le concept de relation,
conçue comme l'expérience affective
de la découverte d'autrui, faite
collectivement dans la rencontre présente
avec d'autres hommes.
Dans une
première partie, l'auteur de cet ouvrage
s'attache à la description et l'analyse,
conduites de bout en bout, d'un groupe de
formation. La deuxième partie
présente ensuite une théorie
générale de la vie affective des
groupes. La troisième concerne les
méthodes et l'épistémologie,
tirant pour la pratique et pour la recherche les
conséquences d'une théorie
relationnelle des groupes. Elle définit les
principes de l'intervention psychosociologique,
conçue comme une méthodologie
générale du changement humain,
applicable aux domaines de la pédagogie, de
la formation, de la psychothérapie, du
changement des organisations.
Ce livre s'adresse
aux psychologues, psychosociologues, sociologues,
aux psychanalystes, psychothérapeutes,
médecins, aux travailleurs sociaux, aux
enseignants, aux éducateurs, aux
organisateurs, aux responsables d'organisations
industrielles, syndicales, politiques,
administratives, à ceux qui
s'intéressent à la théorie et
à la pratique tendant à faciliter le
changement humain, individuel ou
collectif.
Max Pagès
est Docteur en psychologie, Docteur ès
lettres. Après ses études, faites
à la Sorbonne, à l'Institut de
psychologie, à l'Institut national
d'orientation professionnelle, il fit un long
séjour aux U.S.A. en 1951 où il
travailla notamment sous la direction de Carl
ROGERS, inspirateur de l'orientation
non-directive.Depuis lors, il ne cessa de
s'intéresser à l'élaboration
des théories et des méthodes propres
à avoir des répercussions pratiques
dans le domaine de la formation des hommes et du
changement social. Il dirigea pendant six ans le
bureau de psychologie industrielle de la CEGOS. En
1959 il entrait dans l'Université, où
il occupa successivement les postes d'assistant, de
maître assistant, de chargé
d'enseignement, à la Faculté de
Rennes, puis à la Sorbonne, puis de nouveau
à la Faculté de Rennes.
Simultanément, il fondait, avec un groupe de
collègues, A.R.I.P. (Association pour la
recherche et l'intervention psychosociologiques),
une association privée, dont il est
secrétaire général,
destinée à promouvoir les recherches
et les applications en psychologie sociale.
L'auteur est membre fondateur de l'Institut
européen d'études transnationales
pour le développement des groupes et des
organisations (E.I.T.) et membre associé des
National Training Laboratories, Institute of
applied Behavioral Science (Washington). Ses
activités de consultation, de recherche et
d'enseignement, le conduisent fréquemment
à l'étranger, notamment en Belgique,
au Canada, aux U.S.A. et en Amérique
latine.
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Table des
matières
AVANT-PROPOS
PREMIÈRE
PARTIE:
HISTOIRE DU
GROUPE DE LA BALEINE
CHAPITRE I. LA
PREMIÈRE JOURNÉE
- le cadre du
groupe de base - le lieu - les entretiens
préliminaires - index des signes et de la
présentation du protocole . -
première séance commentaires
d'ensemble sur la première séance -
deuxième séance - commentaires
d'ensemble sur la seconde séance -
troisième séance - commentaires
d'ensemble sur la troisième séance
CHAPITRE II. LA
DEUXIÈME JOURNÉE
- quatrième
séance - commentaires sur l'histoire de la
baleine - commentaires d'ensemble sur la
quatrième séance - cinquième
séance - commentaires d'ensemble sur la
cinquième séance. - sixième
séance
CHAPITRE III. LA
TROISIÈME JOURNÉE
- septième
séance - commentaires d'ensemble sur la
septième séance - huitième
séance - commentaires d'ensemble sur la
huitième séance - neuvième
séance - commentaires d'ensemble sur la
neuvième séance
CHAPITRE IV. LA
QUATRIÈME JOURNÉE
- dixième
séance - commentaires d'ensemble sur la
dixième séance - onzième
séance - commentaires d'ensemble sur la
onzième séance - lundi
après-midi - réunion de fin de
session - commentaire
DEUXIÈME
PARTIE LA VIE AFFECTIVE DES GROUPES
CHAPITRE V. LE
FAIT DE L'AFFECTIVITÉ COLLECTIVE
X -
phénomènes affectifs sous-jacents
dans les groupes- affectivité en groupe ou
affectivité de groupe - unité
affective sous-jacente des phénomènes
de groupe - communication symbolique entre les
membres d'un groupe. Zones symboliques de groupe
Y- collusion et
complémentarité dans les conflits
intra-groupe. - convergence des productions
individuelles dans les groupes de formation -
explicitation de l'affect inconscient - les
productions individuelles en tant que modes
d'expression défensifs d'un conflit
collectif inconscient - la théorie de «
l'unité mentale des foules » de G. Le
Bon et ses critiques
CHAPITRE VI. LA
RELATION IMMÉDIATE
- réduction
de la relation dans les conceptions freudiennes des
groupes - le compromis néo-freudien - Blon -
les concepts réducteurs
d'interdépendance et d'interaction en
psychologie sociale - la relation immédiate
- angoisse et solidarité - le concept de
relation au centre des sciences humaines - le
problème de l'historicité du
comportement. - le concept de groupe
CHAPITRE VII.
ANGOISSE, AMOUR ET SÉPARATION
-
l'expérience fondamentale comme convergence
et unité des contraires - l'angoisse de
séparation - la découverte de la
« solitude partagée » et des
sentiments positifs - l'amour authentique - amour
authentique et sexualité - l'angoisse comme
ouverture - l'angoisse comme sentiment et comme
émotion : les paliers de l'angoisse -
l'angoisse, phénomène premier.
Critique des conceptions psychanalytiques de
l'angoiss. - angoisse et amour comme
expérience de l'unité et non du
conflit - une conception dialectique du
développement - groupe et
individu
|
CHAPITRE VIII.
L'AMOUR POSSESSIF,
L'HOSTILITÉ
- la dissociation
comme processus de défense
primaire
A. - L'Amour
possessif - possession, fusion, plénitude,
positivité - l'illusion paradisiaque - les
fondements de l'illusion amoureuse - suppression de
l'altérité et de
l'individualité, narcissisme - mystique et
sexualité dans l'amour possessif - objets de
l'amour possessif - relation
privilégiée - amour possessif et
angoisse de séparation - amour possessif et
libido - groupes et amour possessif
. B. -
L'Hostilité
CHAPITRE IX. LA
RELATION PRIVILÉGIÉE
- la relation
privilégiée comme défense
contre l'amour universel - localisation et
extériorisation de l'angoisse -
aliénation, identification - dissociation
affective et relation privilégiée -
constitution d'une hiérarchie absolue.
Relation d'autorité - ambivalence - la
relation parentale - critique de la notion de
transfer
CHAPITRE X.
SENTIMENTS COLLECTIFS ET STRUCTURES SOCIALES
- le cas de
l'entreprise P. - sentiments collectifs et
structures sociales : remarques théoriques -
critique de la théorie freudienne de
l'autorité - critique des théories de
Jaques-Menziès sur les fonctions de
défense des systèmes sociaux
CHAPITRE XI. LES
LANGAGES DU SENTIMENT
- les divers
langages du sentiment - distance à
l'expérience immédiate - progression
contrapuntique du groupe - continuité et
rupture du dialogue
TROISIÈME
PARTIE: L'INTERVENTION
PSYCHO-SOCIOLOGIQUE
CHAPITRE XII.
LES OPTIONS FONDAMENTALES DE L'INTERVENTION
PSYCHO-SOCIOLOGIQUE
- introduction
à la notion d'intervention
psycho-sociologique - les options fondamentales de
l'intervention psycho-sociololique
CHAPITRE XIII.
LES PROCESSUS DE CLOISONNEMENT DANS LES CONCEPTIONS
DE LA RECHERCHE ET DE LA PRATIQUE
- les processus de
cloisonnement traditionnels - le cloisonnement dans
la méthode psychanalytique - la
recherche-active lewinienne
CHAPITRE XIV. LA
PRATIQUE DE L'INTERVENTION
PSYCHO-SOCIOLOGIQUE
- pluralisme
expressif et dialogue spontané - travail au
niveau du groupe, au niveau individuel ou in
individuel - travail dans le groupe et hors du
groupe - les réunions
plénières dans les séminaires
de formation dans les expériences de
changement organisationnel - la fixation des
structures de
l'intervention
- le choix du
client - l'intercommunication des champs de la
pratique sociale
BIBLIOGRAPHIE
INDEX DES
AUTEURS
INDEX DES
MATIÈRES
|
Un passage
15
h 40
Jacqueline
et Jacques expriment un
ressentiment contre Arthur (parce
qu'il se cache derrière
des plaisanteries, refuse de
s'impliquer, etc ...
?)
15
h 42
MAx
: « J'ai le sentiment
qu'on essaie d'exprimer ce qu'on
ressent et qu'on éprouve
de grosses difficultés
à le faire. On
éprouve des sentiments
contradictoires les uns à
l'égard des autres,
positifs, négatifs,
d'indifférence, on dit que
l'on s'en fout. Pourquoi est-ce
difficile de les exprimer ?
Est-ce parce qu'on essaie de les
exprimer directement et non plus
sous la forme du symbole ? Est-ce
parce qu'ils sont liés
à des sentiments confus et
contradictoires envers le
moniteur? Il semble que mes
interventions soient ressenties
comme inappropriées et
qu'en même temps on ne
puisse en faire abstraction. On y
réagit en les
écartant sans les
écarter. On ne veut pas
regarder en face ce
problème.
JEAN-MARC:
« Vos interventions nous
ramènent à un
problème
dépassé. Le groupe
a sa vie propre maintenant.
»
X
: « Elles mettent le
groupe devant des
problèmes gênants.
»
|
celle
d'Arthur et tout le passage qui
va suivre, montre que les
hypothèses du moniteur
étaient fondées :
ambivalence profonde à son
égard, confusion de son
rôle aux yeux du groupe,
etc...
La
remarque de Jean-Marc et de
Jacques de ce fait a un double
sens - elle signale un
comportement objectif du moniteur
: celuici exerce des pressions
insistantes sur le groupe pour
l'obliger à travailler -
elle traduit l'ambivalence propre
de Jean-Marc et de Jacques, et
celle du groupe envers le
moniteur, et le travail d'analyse
qu'il dirige : le moniteur est
perçu comme a non-amical
» parce que le groupe
résiste au travail
d'analyse qu'il est cependant
venu faire. L'insistance du
moniteur a-t-elle rendu plus
difficile, ou retardé
l'expression de l'ambivalence en
renforçant les
résistances ? Ou au
contraire, l'a-t-elle
facilitée en suscitant le
mouvement de révolte du
groupe? Il semble qu'ici ce soit
le cas. La stratégie du
moniteur fut inconsciente et l'on
peut alors se demander pourquoi
il l'adopte. Il n'est pas
impossible que le moniteur ait
inconsciemment perçu dans
le début de la
séance une
résistance prête
à se manifester
ouvertement et soit entré
dans le jeu en «
agaçant » le groupe
« pour que ça sorte
».
La
séance
précédente
où des agressions fortes
du moniteur s'étaient
produites symboliquement a sans
doute joué son rôle
dans cette sensibilisation
inconsciente du
moniteur.
En
d'autres termes, vous faites
regresser le groupe, vous
l'empêchez de
vivre.
|
|
JACQUES
: « Ce qui est gênant,
c'est que vous posez des
questions sans répondre
vous-même. Vous êtes
impliqué sans être
impliqué.
»
FRANCIS
: « On ne sait pas quoi
faire des interventions du
moniteur. »
JACQUES
: « Vous suivez ce qui
vous intéresse.
»
JEAN-MARC:
« Vous nous ramenez à
étudier le groupe et on a
dit qu'on ne voulait pas.
»
JACQUES:
« Vous ramenez le personnel
au collectif. »
MAx
: « On vient de dire que
le moniteur fait régresser
le groupe, qu'il place le groupe
devant des problèmes
gênants, qu'il suit son
idée et s'oppose à
la volonté clairement
exprimée du groupe, qu'il
a une idée derrière
la tête mais qu'il refuse
de la faire connaître,
qu'il déforme la
pensée des gens en en
faisant la pensée de tout
le monde. »
FRANCIS
: « En tout cas, on peut
constater une chose c'est que
c'est le moniteur qui nous a
lancé sur cette piste et
on a mordu ! »
MAX
: « C'est le moniteur
qui lance luimême le
problème du moniteur.
»
X
: « Oui, et on le suit.
»
JEAN
: « Ce matin, il n'a pas
parlé et on a fait quelque
chose. »
|
Cf.
Jacqueline (séance 2)
moitié vous existez,
moitié pas.
Le
groupe vient de «
déballer » ses griefs
envers le moniteur. Tous
indiquent que le moniteur est
perçu comme un obstacle :
il empêche le groupe de
vivre, ainsi que ses membres pris
individuellement
pas
amical, fait régresser,
s'oppose, gêne, centre sur
lui,
dépersonnalise...
Le
moniteur est l'Obstacle par
excellence ; sur lui se
projettent toute la
négativité, les
résistances du groupe. Ces
résistances ainsi
objectivées, il n'y a pas
lieu de s'interroger sur les
craintes qui les motivent. On
remarquera que le moniteur
réincarne l'Ange
Exterminateur, le voyageur de
commerce de la séance
précédente, mais
cette fois ce ne sont plus des
personnages symboliques, mais un
être de chair et d'os, dans
le groupe. Le langage du groupe
est plus près de son
expérience
immédiate.
Francis
vient d'exprimer la contradiction
dans laquelle se débat le
groupe : le problème du
moniteur est artificiel, ce n'est
pas le nôtre, c'est le
moniteur qui le suscite, et
cependant il est le nôtre
en quelque façon puisque
nous ne pouvons pas nous
empêcher d'en
parler.
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p.102-103
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