Dernière de couverture
L'exclusion est à la
société de demain ce que la question
ouvrière fut à la
société d'hier. Notre
génération est en train de rater son
rendez-vous avec l'emploi là où les
précédentes, celles de
l'après-guerre en particulier, avaient
réussi à surmonter les échecs
du passé et à assurer une croissance
pour tous.
La crise de l'emploi ne peut être
dissociée de deux autres crises, celle du
lien social et celle du sens. En effet, perdre son
emploi a des conséquences bien
au-delà de la sphère professionnelle.
Et, à l'inverse, retrouver un emploi, pour
celui qui l'a perdu depuis longtemps, passe bien
souvent par la reconstruction d'une identité
et d'un lien relationnel.
Aucun projet politique ne peut se borner
à des mesures purement techniques. II faut
que la société s'anime : davantage de
coopération, plus d'initiative ; il faut
aussi qu'elle accepte de nouvelles contraintes et
organise l'expression des conflits. Jean-Baptiste de
Foucauld, ancien commissaire au Plan, fut
également conseiller de Jacques Delors. II
préside, depuis 1985, l'association
"Solidarités nouvelles face au
chômage". Denis
Piveteau, maître des requêtes au
Conseil d'Etat, est spécialisé dans
les questions sociales et intervient comme
bénévole du Secours catholique dans
une permanence d'accueil pour
chômeurs. Table des matières La recomposition
de l'emploi à
l'épreuve Chapitre premier
: LES NOUVELLES EXIGENCES DE L'EMPLOI
. L'ardente
obligation d'initiative La requalification
professionnelle permanente Une nouvelle
exigence : la qualification
relationnelle Pas
d'individualisme possible sans davantage de
coopération Les nouvelles
contradictions du capitalisme « tertiaire
» Chapitre 2: LA
RECHERCHE TÂTONNANTE DE NOUVELLES
RÉGULATIONS Les pièges
de la désinflation
compétitive La
résistance à la baisse des taux
d'intérêt réels Une mondialisation
accélérée et mal
régulée De nouvelles
relations entre coût du travail et
emploi Flexibilité,
précarité et
sécurité L'introuvable
régulation par le temps Une
société en quête de
sens Chapitre 3 :
L'ALTÉRATION DES RESSORTS DE I.A
COHÉSION SOCIALE Les Trente
glorieuses, ou le « carré parfait
» de la cohésion sociale Une initiative
désormais sans collier Une contrainte
toujours plus décalée La dilution
croissante du conflit Un cadre
coopératif bouleversé Le lien social
aléatoire Chapitre 4 : LE
LIEN INTERPERSONNEL EN LIBRE SERVICE
Constituer son lien
social à la sueur de son front Au
supermarché des relations
sociales Décomposition
et recomposition du lien social À la
recherche de l'< entourage »
perdu Des relations
électives, ou comment éviter le
conflit La
solidarité froide Institutionnalisé,
le « social » se
rétrécit Le paradoxe de la
revalorisation du travail Chapitre 5 :
L'EXCEPTION FRANÇAISE ET LE CHÔMAGE
Le double refus
français Peur du
face-à-face et méfiance du
côte-à-côte Une gestion
archaique des conflits Conflits du «
tout-ou-rien » et conflits du «
plus-ou-moins » Le mirage des
face-à-face qui n'en sont pas Chapitre 6
: LA MODERNITÉ ET LE CHOC DU SENS
L'aliénation
de tous fait l'exclusion de quelques-uns La fin des grands
systèmes de sens Sens et
progrès : la quête inachevée
d'une dynamique La cohésion
sociale et le choc de la
modernité L'exclusion du
sens Chapitre 7
: CRISE DU SENS, CRISE DU LIEN SOCIAL, CRISE DE
L'EMPLOI : TROIS SYMPTÔMES D'UN MAL UNIQUE
Les emplois de
service, un choix de société au
quotidien Les services de
proximité et le rapport à
l'autre Le partage du
travail, c'est aussi une question de
sens Crise du sens et
lutte des places Une nouvelle
étape de la démocratie : combattre
pour le sens , Chapitre 8 :
L'EXCLUSION, DE L'APPROCHE HUMANITAIRE AU CONCEPT
POLITIQUE Un paradigme
contesté Exclusion et
exploitation L'aliénation
des « inclus » Mobiliser de
nouvelles ressources politiques Le «
carré parfait » de la cohésion
sociale Chapitre
9: INITIATIVE, COOPÉRATION, CONFLIT ET
CONTRAINTE : LA QUADRATURE DU SENS Sens «
autonomie » et sens « participation
» Les quatre
pôles de l'échange social Les
sociétés instables de
l'échange social bipolaire Conjuguer les
quatre pôles du carré
parfait L'équilibre
du tabouret Une pensée
politique qui sache hybrider les
contraires Chapitre
10 : DES ACTEURS DE SENS POUR RÉENCHANTER LE
MONDE Agir
immédiatement pour refuser
l'inadmissible Acteurs
économiques, acteurs politiques et acteurs
de sens Une fonction, mais
pas de statut Les acteurs de
sens, pionniers du réenchantement du
monde CINQUIIÉME
PARTIE Un modèle de
développement choisi et
solidaire Chapitre II :
L'ENGAGEMENT COOPÉRATIF POUR L'EMPLOI
L'échiquier
de l'emploi Prise de
conscience, incitation publique, négociation
: le nouveau discours de la
méthode La question du
salaire minimum, ou le débat sans
débat L'allégement
des charges sociales, levier de négociation
collective L'engagement
coopératif pour l'emploi Chapitre 12: LE
TEMPS CHOISI, OU L'INITIATIVE POUR LE SENS
Remettre en
perspective la vie professionnelle Le temps
embastillé La « longue
marche » de la révolution du temps
choisi Instaurer un cadre
attractif: les « protocoles de temps choisi .
Des instruments pour amener le « temps choisi
» à la reconnaissance
sociale De nouvelles
régulations pour le travail Temps choisi et
temps réduit La semaine de
quatre jours : offrir l'option Chapitre 13 : LE
CONFLIT PARTICIPATIF Aider ceux qui se
taisent à prendre la parole Une
révolution copernicienne pour le
syndicalisme Faire participer
les chômeurs sans légitimer le
chômage Les « usagers
fragiles » des services publics Un chèque
associatif et syndical pour les
chômeurs De la
représentation au partenariat Chapitre 14: LES
NOUVEAUX HORIZONS DE
L'ÉTAT-PROVIDENCE Redistribuer les
droits et les devoirs Du lien social
naturel au lien sociétaire organisé :
le devoir d'entourage L'État
à visage humain Planifier du bas
vers le haut, en partant des besoins lie service civil
de solidarité La caisse nationale
d'assurance-temps Conclusion
Annex Un passage <<CRISE DU
SENS ET LUTTE DES PLACES Nous vivons une
époque de survalorisation de l'individu.
Nous vivons une époque d'individualisation
du travail. Et, comme par transitivité, nous
vivons une époque de sur-valorisation du
travail. Ces trois mouvements complices concourent
à ce que les questions économiques,
sociales, et de sens, se conjuguent dans les
mutations de notre vie collective. Ils ont aussi
pour effet important d'introduire des
rigidités supplémentaires. Car plus nous
sommes à nous-mêmes notre seul horizon
et notre seul projet, et plus nous nous crispons
sur nos situations acquises. Nous savons que nous
ne sommes plus transportés par des cursus
sociaux et professionnels, sur lesquels nous
pourrions nous reposer comme les voyageurs d'une
grosse berline sur leur voiturier. Chacun
désormais est son propre cocher. Alors il
faut serrer fort les rênes de son existence,
puisque personne ne les tient plus pour nous, et
que nous savons pouvoir tout perdre à ne les
lâcher qu'un instant. Bien
différente de la vieille défense
collective des « acquis sociaux », il
naît une lutte nouvelle, plus sourde, plus
groupusculaire et plus sauvage, de protection de
notre petit pré. On a déjà eu
l'occasion de souligner qu'au moment où le
travail devient le passage toujours plus
obligé de l'insertion sociale, il devient
aussi, et pour les mêmes raisons, le bien
très précieux auquel chacun se
cramponne. Il faut ajouter maintenant que, par
conséquent, alors que s'accumulent les
raisons pour faire du travail un bien collectif,
largement accessible et équitablement
distribué, les ressorts d'un tel partage
s'affaiblissent du même coup. En somme, plus le
travail est une chose importante, et plus il serait
souhaitable qu'il se répartisse. Mais plus
il est important, et plus il est précieux,
donc plus on est enclin à l'accaparer.
Paradoxe d'évidence, mais qui montre qu'on
ne peut déployer le travail pour tous qu'en
contribuant à ce que le non-travail ait
aussi du sens. C'est là une des
rigidités les plus ignorées de notre
organisation économique : on pense souvent
que l'individualisation croissante de la «
valeur-travail », et l'affranchissement des
rigidités statutaires et corporatives n'ont
offert que des souplesses nouvelles. On oublie
qu'elles ont fait naître un climat
psychologique qui crée d'autres
rigidités, puisqu'il fait obstacle à
certaines formes de répartition du
travail.>> p. 134 Commentaire Un livre bien
utile pour nous aider à
réfléchir à notre
époque.
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