Au risque
d'enseigner Claudine
Blanchard-Lavilte Editions
P.U.F.
ISBN: 978-2-13-061878-2
(2013) 22 € Dernière de
couverture
À la suite de son ouvrage Les enseignants
entre plaisir et souffrance, Claudine
Blanchard-Laville nous plonge ici dans des
situations de classe « ordinaires »
rendues « extra-ordinaires » par les
élaborations que les enseignants ont
conduites en groupe d'analyse clinique de leur
pratique.
Ainsi, nous vivrons au rythme d'Adrien,
Stéphanie, Mireille, et de tous les autres
enseignants qui, par leur courage d'affronter ce
que ces situations ont réveillé au
plus profond d'eux-mêmes, nous font
éprouver la manière dont ce
métier met le soi-enseignant à rude
épreuve.
Ces « histoires » créent chez le
lecteur une expérience émotionnelle
qui le sensibilise à la manière dont
un enseignant peut revitaliser sa pratique au sein
d'un espace groupal où la rencontre avec
d'autres enseignants « pareils » et si
« différents » s'avère
régénératrice et
requalifiante. Claudine
Blanchard-Laville est professeur
émérite de sciences de
l'éducation à l'université
Paris Ouest Nanterre La Défense au sein de
l'équipe de recherche Clinique du rapport au
savoir. Elle est directrice de publication de la
revue de recherche Cliopsy
[www.revue.cliopsy.frl. Elle est notamment
l'auteur de Les enseignants entre plaisir et
souffrance [Puf, 2001, rééd.
numérique 2013) et a codirigé
plusieurs ouvrages collectifs dont Processus
inconscients et pratiques enseignantes. Table des
matières Remerciements
Introduction
Chapitre 1. Enseigner
aujourd'hui
Le contexte social
actuel Différentes
formes de déni des difficultés .
Sources de
souffrances dans le quotidien enseignant
Accompagnement
clinique groupai Chapitre 2. Adrien
La spirale de la
déception Chapitre 3.
Stéphanie
La «prof de
musique » Chapitre 4. Mireille
« Mon truc,
c'est les élèves » Chapitre 5. Didier
L'élève
qui refuse de faire ses exercices de
mathématiques Chapitre 6. Michelle
« La maman de
Mélanie est jalouse de moi »
. Chapitre 7. Éliane
L'amour de la
langue allemande Chapitre 8. Annie
Les émotions
dans la classe Émotion et
affect en psychanalyse Émotions et
développement psychique Les enseignants
dans l'action et leurs émotions Chapitre 9. Isabelle
Rêve de
violence Chapitre 10. Reine
L'élève
à la maladie orpheline Chapitre 11. Pascal
Le loup dans la
classe de philosophie Chapitre 12. Alice
Une porte s'ouvre
Nouvelles vues sur
le transfert didactique Chapitre 13. Vers une
clinique groupale du travail enseignant
Un peu d'histoire
Le dispositif
conçu par M. Balint Le groupe
d'accompagnement clinique Le cadre de travail
Une visée
professionnalisante Les
modalités d'animation Un travail
d'élaboration psychique Développer
la fonction contenante La posture et le
cadre La transmission du
geste Croissance
psychique professionnelle De la
métabolisation des affects Un espace de
transitionnalisation de l'expérience
Effets et
efficacité Quels processus
sont à l'oeuvre ? Des transformations
psychiques Capacité
négative et insight Modèles de
travail psychique « Sans
mémoire et sans désir »
Pouvoir penser
ensemble Ce qui se transmet
dans cet espace Chapitre 14. Pour une
formation clinique des formateurs d'enseignants
De la position de
formateur à celle d'analyste Fantasmatique de la
formation des pratiques Transmettre la
transmission Spécificités
de cette transmission-professionnalisation
Conclusion
Références
bibliographiques Un passage <<La
transmission du geste
La posture
à trouver pour qu'un enseignant assume
progressivement de pouvoir tenir sa place ne
s'enseigne pas. D'une part, elle ne s'apprend pas
non plus en une fois au cours des années de
formation, mais elle continue à se
construire en travaillant dans son
après-coup l'expérience de l'exercice
professionnel en situation réelle, sur une
durée assez importante. D'autre part,
j'estime que si on peut effectivement transmettre
quelque chose en formation initiale qui aide les
futurs enseignants dans ce sens, ce n'est sans
doute pas ce qu'on pourrait croire au premier abord
ou ce dont rêveraient les formés. Cela
ne se réduit pas à des gestes
techniques, fussent-ils pertinents, pour «
apprendre à communiquer », car,
à mon sens, il s'agit que les formateurs
assurent une transmission d'un autre ordre. Le type
de transmission que j'évoque et qui
paraît primordial aujourd'hui concerne la
transmission subjective du geste. J'ai la
conviction que ce n'est que par
l'intermédiaire de l'autre
formateur-praticien que la transmission du geste
d'être soi-même praticien peut avoir
lieu : « Il faut en avoir reçu le
courage dans une rencontre avec un autre »
(Masson, 1996).
Ainsi, un
enseignant pourra dire après sa formation :
« On ne m'a rien appris en formation... Et
pourtant j'ai tout appris. » Car le
problème est que, pour tenir la place
professionnelle dans ce métier, on peut
avoir les connaissances et les savoirs
nécessaires sans pour autant « avoir
accès au geste de s'animer soi-même de
ces connaissances » (Masson, 1996). Nous
sommes ici sur deux registres de l'apprentissage :
l'un qui concerne les savoirs et les connaissances,
l'autre qui concerne « le geste qui habite ces
connaissances, la manière de faire avec, la
manière d'y rentrer, la capacité d'y
choisir une voie singulière, la façon
d'avoir été mis sur la voie ».
En ce sens, le geste n'est pas seulement un «
agir », le geste n'est pas seulement un «
faire », « le geste suppose
l'expérience et la responsabilité de
son action ». Et cette responsabilité
n'est pas seulement de l'ordre de la
maîtrise, elle est « capacité
[...] de soutenir, de supporter l'action
que l'on fait » (Masson, 1996). Ainsi, pour un
professionnel de l'éducation et de la
formation, il s'agit bien de se constituer dans
« l'acte de supporter son geste et d'en
assurer la pleine responsabilité ». Ce
qui conduit à la question : comment
concevoir le geste de la transmission du geste
lui-même ? >> p.170 Commentaire
Un livre qui présente la synthèse de
la réflexion de Claudine Blanchard-Laville.
Très utile pour comprendre
l'intérêt de la clinique pour les
enseignants.