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DU SITE
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L'école
en crise?
Béatrice
Mabillon-Bonfils, Laurent Saadoun
Editions Ellipses
ISBN: 978-2-7298-3812-6 (2008)
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Dernière de
couverture
L'École
est une institution singulière,
exposée en permanence au regard des parents
et de « l'opinion » en
général. Souvent
médiatisée, elle est aussi un lieu
politique. La société change,
l'École doit répondre à de
nouvelles demandes, de nouveaux enjeux.
L'École
est-elle un lieu neutre ? La fracture scolaire
est-elle le résultat du fonctionnement
« normal » de l'École ?
L'École est-elle un lieu de pouvoirs ?
L'École républicaine est-elle
vraiment laïque ? L'école doit-elle
détribaliser ? Comment se définissent
les programmes scolaires ? Les nouveaux enseignants
croient-ils encore à la méritocratie
? Le conseil de classe prend-il des
décisions arbitraires ? Discriminations
sexuelles, sociales et ségrégations
ethniques perdurent-elles dans l'École ?
L'École fonctionne-t-elle à
l'exclusion ?
Autant de questions
polémiques auxquelles les auteurs
répondent dans cet ouvrage original, qui
place l'École au coeur des mutations
sociales actuelles.
Agrégée
de sciences sociales et docteur HDR en science
politique, Béatrice Mabilon-Bonfils
est sociologue à l'IUFM de Dijon et membre
de l'IREDU-CNRS de Dijon. Elle questionne dans ses
travaux à la croisée des sciences de
l'éducation, de la sociologie et de la
psychanalyse, l'École en tant qu'institution
et organisation de pouvoirs, les
sociabilités juvéniles dans et hors
l'École, les violences scolaires autant que
l'identité au travail des
enseignants.
Laurent
Saadoun a enseigné à
l'université de Provence, département
Sciences de l'éducation, à la
faculté de droit à Aix et à
l'université du Vaucluse à Avignon.
Il a aussi été enseignant à
l'IEP d'Aix-en-Provence. Aujourd'hui, il est
formateur en sciences sociales et en méthode
et professeur aux Cours municipaux d'adultes de la
Ville de Paris. Il est l'auteur avec B.
Mabilon-Bonfils de Sociologie politique de
l'École (PUF, 2001), Violences scolaires et
cultures (L'Harmattan, 2005) et Le mémoire
de recherche en sciences sociales (Ellipses,
2007).
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Table des
matières
Introduction
L'école
à la croisée de la discipline et de
l'indiscipline.
COMPRENDRE :
L'ÉTAT DE LA QUESTION
1. L'École
est-elle apolitique ou bien affaire
d'État?
L'impératif
de neutralité à l'épreuve de
l'institution
L'invention de
l'École républicaine
L'École,
comme lieu politique
Flash - La gestion
délocalisée de
l'École
L'École lieu
de mémoire(s) et/ou de culture(s)
L'École
entre histoire et mémoire
L'École et
la pluralité des cultures
Flash - Comment
sont définis les programmes scolaires
?.
2. L'École
comme institution du social
Socialisations et
inégalités scolaires
L'École,
lieu de reproduction sociale
ou
d'inégalité des chances
scolaires?
L'École et
le lien social
Flash - Filles et
garçons à l'École
Massification
scolaire, démocratisation et
méritocratie
Le débat
démocratisation/massification
Y a-t-il inflation
des diplômes?
Flash - La question
de l'apprentissage : une autre manière
d'accéder à l'emploi
3 . Mutations de
l'offre scolaire et montée de nouveaux
acteurs
L'offre scolaire
n'est pas homogène
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Du Collège
unique aux lycées pluriels
Flash - Les
nouveaux lycéens
Les acteurs de
l'École ont-ils changé?
Nouveaux
élèves, nouveaux enseignants?
La montée
des nouveaux intervenants de
l'École
Flash - Le conseil
de classe, instance de négociation
?
DÉBATTRE :
L'ÉTAT DES QUESTIONS
Enjeu n° 1:
L'École républicaine est-elle
vraiment laïque?
Flash -
L'enseignement du fait religieux est-il possible
à l'École laïque?
Enjeu n° 2:
L'École transmet-elle encore des valeurs
?
Flash -
L'enseignement de la science politique au
lycée : entre valeurs utilitaristes
politiques et économiques ?
Enjeu n° 3:
Violences à l'École, violence de
l'École?
Flash - Le
désordre scolaire et la question de
l'autorité ,
n° 4:
L'École inclut-elle ou crée-t-elle
des ségrégations?
Flash - Les
politiques de discriminations positives à
l'École sont-elles légitimes
?
Enjeu n° 5: La
réussite de l'École: affaire de
moyens?
Flash - Moderniser
l'université
Enjeu n° 6:
L'École est-elle en crise?
Flash -
L'École face aux réformes : le mythe
de Sisyphe ?
Conclusion
Bibliographie Bibliographie des auteurs
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Un passage
<<L'éducation,
au coeur très régulièrement
des peurs et des clivages, des grands débats
et mouvements sociaux ou politiques (relayés
en permanence, voire provoqués parfois par
les organes de médiatisation), ne cesse de
confronter logiques des moyens aux logiques des
fins dans l'opinion publique (celle des acteurs de
l'École comme celle des décideurs
politiques). Les débats scientifiques sur
ces questions, et l'opposition postulée de
ces deux logiques, permettent d'en percer les
contradictions, les contrevérités,
les raccourcis et les présupposés
idéologiques, par exemple appliqués
aux effets, jamais démontrés
scientifiquement, de réussite des
élèves associée à une
réduction des effectifs de la classe; ce que
d'ailleurs ne dément pas le Haut Conseil de
l'évaluation de l'école qui en
observe des effets très limités. S'il
est patent de constater qu'au cours des trente
dernières années, l'effectif moyen
par classe a diminué (de quatre à
cinq élèves dans le premier
degré à un peu plus de deux
élèves dans l'ensemble du second
degré), certaines classes restent
chargées, alors que la multiplication des
options ou des groupes de soutien favorise, en sens
inverse, le développement des effectifs
réduits.
Sans vouloir
résumer les moyens aux dépenses, il
reste que d'un point de vue économique et
comptable, le budget de l'Éducation
nationale, en augmentation de 25 % depuis 10 ans,
progresse plus vite que le budget de l'État
: la priorité nationale a été
donnée à la fortification de
l'économie de la connaissance. Sous l'effet
de l'allongement de la durée moyenne de la
scolarisation, conséquence des
entrées plus précoces à
l'École maternelle et d'un accès
massifié aux enseignements secondaire et
supérieur, l'accueil de 15 millions
d'élèves et d'étudiants ne
peut que favoriser l'engagement de dépenses
d'éducation toujours plus
conséquentes. Les ressources
accordées à l'éducation ont
ainsi, à prix constants, doublé
depuis un quart de siècle, augmentant plus
vite que la richesse nationale. Sont toujours plus
questionnés les coûts comparés
des élèves et des étudiants
à la charge de la nation, dans un contexte
de réduction du nombre
d'élèves par classe et de
revalorisation des salaires des enseignants (95 %
du budget de l'enseigne-ment scolaire est
constitué de dépenses de personnels
contre 60 % pour le budget de l'enseignement
supérieur). La mesure des écarts
entre le coût de l'enseignement primaire et
de l'enseignement secondaire français par
élève est l'un des plus
élevé au monde, alors que celui de
l'enseignement secondaire comparé à
celui de l'enseignement supérieur est le
plus faible: nous dépensons donc
collectivement plus pour un élève du
secondaire que pour un étudiant à
l'université; déséquilibre au
détriment d'universités dont les
publics connaissent cependant des taux
d'échec conséquents en
première année.
Sans doute la
question des moyens ne s'épuise-t-elle pas
dans une lecture budgétaire et
démographique, forcement
réductionniste de sens. L'augmentation des
moyens sur la longue durée n'est pas une fin
en soi. Y fait écho une nécessaire
réflexion portant sur la qualité des
services d'enseignement, donc sur une
évaluation en termes d'efficacité ou
de rende-ment de l'École, ce qui manifeste,
dans un climat de réduction des
dépenses publiques, la porosité du
système éducatif aux discours
managériaux et gestionnaires et aux
injonctions aux lois de l'économisme. La
réduction des moyens financiers
accordés à l'École dans les
prochaines années, par exemple en croisant
démographie scolaire secondaire
déclinante à non-réduction des
effectifs enseignants, signale une nouvelle donne
dans la subordination des fins aux moyens, toujours
réaffirmée par les autorités
gestionnaires, dont les motifs officiels sont
toujours ceux d'une meilleure gouvernance>>
p. 150
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Commentaire
Un livre de débats
d'idées par des
spécialistes
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