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Vivre

quand le corps fout le camp !

Sous la direction de Christian Gallopin

 

Editions Erès. ISBN: 978-2-7492-1445-0 (2011) 23 €

Dernière de couverture

« Vivre quand le corps fout le camp ! » Voilà une injonction bien difficile pour nos sociétés jeunistes plutôt habituées au déni de la maladie et de la perte. Elle convoque notamment toutes les déclinai-sons autour des questions d'euthanasie, de suicide – assisté ou non –, d'obstination médicale déraisonnable. Et, au-delà des professionnels des secteurs dits « de la santé », elle interpelle la société tout entière quant au regard porté sur le corps.

 

Notre société prétend-elle encore prendre soin ou simplement prendre en considération des corps meurtris, des corps disloqués, des corps handicapés, des corps tumoraux et/ou maladifs, des corps vieillardisés, des corps empêchés, bref des corps monstrueux aux formes plus ou moins tourmentées... ? Des corps hors la norme ? Hors la norme du beau, du jeune, de l'actif, du rentable, du bling-bling...

 

Des auteurs et écrivains d'horizons différents (philosophie, sociologie, médecine, psychanalyse, littérature, poésie, art...) confrontent ici leurs émotions, leurs expériences, leurs réflexions. Parce que l'image est à ce point difficile à soutenir, l'art et la peinture de Jean Rustin accompagnent les textes. Parce que le langage même se perd à vouloir comprendre, c'est à la poésie de lier et délier nos soubresauts existentiels... Parce que finalement, être, c'est mourir.

Christian Gallopin, médecin et algologue, poète et philosophe, dirige le Service de soins palliatifs du centre hospitalier de Troyes (Aube).

Avec la participation de : Michel Billé, Gérard Dabouis, Martine Derzelle, Hélène Genet, Olivier Haralambon, Didier Martz, Christian Noorbergen , Élisabeth Quignard, Bertrand Vergely.

Table des matières

Avant-propos Christian Gallopin

Sous la pénombre des pages blanches Christian Gallopin

Récit alphabétique ou dictionnaire médico-amoureux Hélène Genet

Michaux ou la précarité vitale Christian Noorbergen

« Et ce que je redoute m'arrive... » Michel Billé

Emboîté Christian Gallopin

Tension et dispersion. Olivier Haralambon

Labyrinthes têtus. Christian Gallopin

Variations Didier Martz

Le vrai jeu, le seul Christian Gallopin

« Vieux corps, ou corps de vieux ? » Michel Billé

Avant-poème jaune Poème jaune et ordinaire Christian Gallopin

Vieillir et devenir Élisabeth Quignard

Vieux au porte-manteau Christian Gallopin

Répondre ? Hélène Genet

L'art est l'abîme de nos affects La part d'ombre Christian Noorbergen

Sur les chemins de Dante Christian Gallopin

Collés à vie Christian Gallopin

L'acteur, le citoyen et le témoin Bertrand Vergely

Espoir des espérés Christian Gallopin

La mort du funambule Christian Gallopin

Nuit de bois Christian Gallopin

Le « bio-psycho-social » comme fiction ou la « subjectivité sans sujet » des soins palliatifs..Martine Derzelle et Gérard Dabouis

Zéro pointé Christian Gallopin

Présentation des auteurs

Un passage

<<Qu'il foute le camp !

Vivre quand le corps fout le camp ? Si seulement ! Si seulement nous pouvions vivre un peu moins avec lui ou pour lui ! Quelle contrainte (par corps ?) ! Il n'est pas un objet (ou sujet) qui n'accapare autant notre attention et celle des vendeurs, médecins, croque-morts, juges, politiques... ; qui ne nous prenne autant de temps et à qui nous consacrons autant d'argent. Porté à tous les moments à fausser notre jugement. Qu'il foute donc le camp ! Bon débarras ! C'était déjà le voeu de Platon relayé ensuite par l'Église. Le corps est encombrant, source de toutes les distractions. Lieu du plaisir et des passions, il nous détourne des vraies valeurs : le Beau, le Bien, le Juste, etc. Prendre ses distances avec lui, voilà une juste conduite. La mort étant le « raccourci » le plus sûr pour nous en séparer définitivement....

...Sauf qu'il se rappelle régulièrement à notre « bon » sou-venir et à l'ordre. Nous intime l'ordre de le mettre en ordre. De le rendre conforme. Socialement, d'abord. Conforme à une norme qui nous dit comment il doit être, se comporter, se nourrir, se farder, etc. A peine venu au monde, le bébé doit peser, manger, parler, marcher, se conformer à tel ou tel âge, tel nombre, de mois, de semaines, de jours. Ça commence même avant : combien de mères futures ne se font-elles sermonner par leur « gynéco » pour poids excessif ? Partout on définit des seuils, des critères, des indicateurs, des instruments de mesures pour établir ce qu'est le corps sain, le corps normal. Il n'est pas bon alors d'être en dehors de la norme, de voir son corps en sortir et de le laisser « foutre le camp ». Nous en sommes responsables et pourrions devenir ainsi coupables de lèse-société. Il faut voir là un des effets d'une pensée libérale puis néolibérale qui, dans le même temps où elle caractérise et particularise les individus, les collectivise et les normalise. Effets aussi, et solidairement, d'une pensée technicienne, bonne héritière de la pensée cartésienne qui enferme>> p. 89

Commentaire

Un livre original qui nous oblige à réfléchir sur notre condition humaine.

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