Le corps entre
biologie et psychanalyse Christophe
Dejours Editions Payot.
ISBN:
2-228-22370-0. (1986) Dernière de
couverture Dans une période
où la psychopathologie est secouée
par le développement des neuro-sciences, la
psychanalyse est contrainte de réinterroger
ses relations avec la biologie. Faute de quoi, elle
laisse s'élargir un fossé qui la
sépare progressivement des connaissances
scientifiques sur le corps, et risque d'apparaitre
peu à peu comme une spéculation
abstraite coupée du réel. La biologie a pourtant
été une source capitale d'inspiration
de la pensée freudienne, même si c'est
par le truchement d'une démarche critique.
La réflexion psychanalytique est en rupture
avec la médecine comme pratique, mais pas
avec la biologie. Dans le prolongement de
l'exigence freudienne de mettre au jour les
articulations entre anthropologie biologique et
anthropologie psychanalytique, l'auteur propose
d'affronter le déchiffrage biologique du
corps incluant les acquisitions récentes de
la neuro-chimie, au déchiffrage
psychanalytique du corps enrichi de la clinique et
de la théorie psycho-somatiques. De
l'interprétation comparée du corps
par la biologie et la psychanalyse ressortent des
points de convergence inattendus qui, loin de
discréditer la théorie
psychanalytique, semblent au contraire appuyer
nombre de ses affirmations sur le fonctionnement
humain. Si la recherche biologique peut sans doute
trouver ici matière à
réflexion (notamment sur les fonctions
biologiques de l'angoisse, de la mémoire et
du rêve), le parcours opéré
à travers la physiologie des
régulations conduit aussi à formuler
des questions que la psychanalyse ne traite pas
assez rigoureusement, notamment en ce qui concerne
les comportements innés et
l'hérédité. Dans la
deuxième partie du livre, l'auteur envisage
les prolongements de la théorie du
fonctionnement psychique qu'implique la
référence aux données
fondamentales du corps biologique. On attendait depuis des
années que la théorie psychanalytique
soit réévaluée à la
lumière de la biologie du XXe siècle.
Cet ouvrage franchit dans ce sens une étape
décisive. II ouvre en outre un champ nouveau
de questions à la réflexion
psychanalytique, qui pourrait y trouver des issues
originales à la crise théorique
qu'elle partage aujourd'hui avec la plupart des
sciences de l'Homme et de la Société.
Peut-on attendre de la biologie un questionnement
d'une ampleur comparable ? Certains biologistes
s'efforcent effectivement de mesurer la
portée des phénomènes
physico-chimiques par rapport à
l'économie générale du vivant,
où les processus psychiques auraient droit
de cité. Le scientifique sensible à
cette démarche trouvera dans ce livre un
matériel essentiel à la
discussion. L'auteur: Psychiatre
des hôpitaux, psychanalyste. Table des
matières TABLE DES
MATIÈRES PRÉFACE par
François DAGOGNET 7 INTRODUCTION 13 Première partie :
BIOLOGIE ET PSYCHANALYSE LA PESANTEUR
PHYSIOLOGIQUE 27 Chapitre Premier :
L'ANGOISSE 29 1. Approche biologique de
l'angoisse 31 2. Approche psychanalytique
de l'angoisse 42 3. Vers une articulation de
la Psychanalyse et de la Biologie de l'angoisse
55 Chapitre II : LA
MÉMOIRE 67 1. Approche psychanalytique
de la mémoire 67 2. Détour clinique
74 3. Théorie biologique
de la mémoire 79 4. Vers une articulation de
la Psychanalyse et de la Biologie de la
mémoire 101 Chapitre III :
LE RÊVE 114 1. Entre théorie
biologique et théorie
psychanalytique du rêve 114 2. Le rêve en
échec 129 3. Entre rêve et
orgasme : Le corps érotique et la
sexualité psychique 137 Deuxième partie :
CORPS SOMATIQUE ET CORPS ÉROTIQUE : LA
SUBVERSION LIBIDINALE Chapitre Premier : LA
TROISIÈME TOPIQUE 1. Les modèles
topiques dans la théorie de Freud 2. La Troisième
Topique 3. Circulation dans la
Troisième Topique 4. Topique du passage
à l'acte 5. Topique de la
psychose 6. Topique de la
caractérose 7. Délire et
somatisation 8. Epreuve de
réalité et relation
intersubjective 9. Ontogénèse
de la structure Chapitre II : LA
PULSION DE MORT 1. Théories des
pulsions 2. Destins « non
pathologiques » de la pulsion de
mort 3. Violence et
agressivité : la pulsion de mort a-t-elle un
objet? Chapitre III :
PSYCHANALYSE, PSYCHOTHÉRAPIE ET
PSYCHIATRIE 1. La position
psychothérapique 2. La position
psychiatrique 3. La position
psychanalytique CONCLUSION
:Médecine, Biologie et
Psychanalyse L'Anthropologie
biologique La Psychanalyse des
fondations biologiques du vivant La violence instinctuelle :
positions psychanalytiques Analyser la pulsion de
mort BIBLIOGRAPHIE Un passage <<MÉDECINE,
BIOLOGIE ET PSYCHANALYSE Alors que,
depuis ses débuts, la Psychanalyse s'inscrit
comme rupture par rapport à la
démarche médicale classique, il nous
semble qu'aujourd'hui elle n'a plus autant qu'avant
le vent en pouce et qu'elle résiste moins
bien, non seulement aux yeux du public, mais au
sein même du corps médical, aux
assauts successifs des progrès en
psychopharmacologie et des découvertes de la
neurochimie. Soulignons que
la contradiction est double : il y a une
première contradiction dans le champ de la
pratique thérapeutique, et une
deuxième contradiction dans le champ de la
théorie et de la conception contemporaine de
l'Homme. Ces deux niveaux de contradiction doivent
être explicitement distingués, car
leurs enjeux respectifs ne sont pas de même
nature. Dans le champ de
la pratique, en dépit des progrès
extraordinaires de la médecine et de la
thérapeutique, les autres approches du
malade n'ont jamais été
détrônées. On note d'ailleurs
que les médecines dites parallèles
(acupuncture, homéopathie, etc.) connaissent
aujourd'hui un net regain d'intérêt et
qu'on commence même à les enseigner en
Faculté de Médecine, ce qui est un
peu paradoxal. La Psychanalyse se situe
indéniablement dans un courant
d'idées plus proche de ces médecines
parallèles que de la médecine
officielle, parce qu'elle partage avec les
premières le point de vue fondamental de
l'investigation de l'être malade, et non
seulement le point de vue anonyme de la
maladie. Pourtant, la
Psychanalyse se distingue des médecines
parallèles et notamment de toutes les autres
formes de psychothérapie à la mode,
en ce qu'elle s'efforce de produire une
théorie du fonctionnement humain, une sorte
de physiologie psychique de l'Homme qu'elle expose
à la réfutation clinique, ce que ne
font pas toujours les autres approches
développées souvent sans aucune
théorie de leur pratique. Lorsqu'elles
proposent une théorie, force est de
constater qu'il s'agit bien plutôt d'un
dérapage vers des conceptions ascientifiques
qui font fi des critères heuristique et
économique, au profit d'une idéologie
ou d'une métaphysique fondée surtout
sur un credo doctrinal. Le
deuxième niveau de contradiction,
au-delà de la pratique elle-même, dans
le champ de la théorie, fait
apparaître une exigence fondamentale :
fournir une théorie du fonctionnement
psychique qui soit reconnue non seule-ment par les
psychanalystes, mais aussi par les scientifiques
appartenant aux autres sciences de l'Homme.
Effectivement, la théorie psychanalytique a
réussi à féconder, et continue
d'inspirer, toute une série de recherches et
d'analyses en anthropologie, en mythologie, en
ethnologie, en psycho-pathologie du travail, voire
en histoire. Avec la
Biologie, toutefois, les relations restent toujours
beaucoup plus tendues. Qu'on le veuille ou non, la
théorie psychanalytique du fonctionnement
psychique ne peut pas se
désintéresse). des contradictions qui
surgissent de l'affronte-ment au corpus
théorique de la Biologie, sans risquer du
même coup d'être disqualifiée au
regard des sciences de l'Homme et de la
Société. C'est d'ailleurs ce que
Freud formulait explicitement : la Psychanalyse
devra un jour s'articuler avec la Biologie et
prendre sa place dans la connaissance scientifique
de l'Homme. Répétons qu'il ne s'agit
pas ici d'articuler la pratique psychanalytique
avec la pratique médicale, mais de trouver
les passerelles théoriques entre
anthropologie psychanalytique et anthropologie
biologique.>> p. 229 Commentaire Un livre ancien mais toujours
intéressant grâce aux compétences de
l'auteur